Laisser évoluer la langue générale
Chacun est libre d’écrire et de parler au quotidien comme il l’entend, mais il est essentiel, pour bien se faire comprendre, de suivre un ensemble de règles communes et d’employer le vocabulaire en usage.
La langue française, c’est un ensemble exceptionnel de mots et de règles qui évolue librement au fil des changements de la société. Sans cesse des mots apparaissent, d’autres disparaissent, parfois définitivement. Ces évolutions sont enregistrées dans les dictionnaires d’usage du français, chaque éditeur ayant défini ses propres critères de sélection. Certains sont prompts à enregistrer les nouveautés, en particulier les dictionnaires commerciaux réédités chaque année, d’autres observent les évolutions dans la durée pour ne retenir que les mots et les tournures dont l’usage s’est installé durablement. C’est le cas du Dictionnaire de l’Académie française et du Trésor de la langue française, un dictionnaire des XIXe et XXe siècles édité par le Centre national de la recherche scientifique entre 1971 et 1994. Quant à la Commission d’enrichissement de la langue française, qui n’est pas compétente pour la langue générale, elle considère déjà comme acquis et fait sien le vocabulaire attesté dans ces deux dictionnaires de référence pour la production néologique dans les domaines scientifiques et techniques répondant aux besoins de l’administration.
Les rectifications de l’orthographe du Conseil supérieur de la langue française
Les rectifications recommandées par le Conseil supérieur de la langue française et approuvées par l’Académie française ont été publiées au Journal officiel le 6 décembre 1990. Elles visent à supprimer des anomalies, des exceptions ou des irrégularités tout en cherchant à harmoniser certaines règles, notamment pour la création de mots nouveaux, en particulier dans les sciences et les techniques, pour la confection des dictionnaires ou encore pour l’enseignement. En France, chacun est libre d’adopter les rectifications ou de suivre les formes traditionnelles, aucune ne pouvant être considérée comme fautive. Les graphies rectifiées, qui entrent progressivement dans l’usage, figurent désormais dans la majorité des dictionnaires de français, notamment dans la 9e édition du Dictionnaire de l’Académie française.
Le texte des rectifications au Journal officiel du 6 décembre 1990
Numéro spécial de Langues et cité, Les rectifications de 1990 (2006)
Le numéro 1 des Cahiers de l’Observatoire des pratiques linguistiques, Les rectifications orthographiques de 1990 – Analyses des pratiques réelles (2006)
En France et dans la francophonie, des équipes de linguistes observent les évolutions du français à l’écrit et à l’oral en recueillant les mots nouveaux, ou néologismes formels, les sens nouveaux, ou néologismes sémantiques, les changements de graphies ou encore les modifications syntaxiques. Ces néologismes peuvent être des mots empruntés à des langues étrangères, autrefois aux langues anciennes, et désormais aux langues modernes, notamment l’italien, très en vogue au XVIe siècle, et surtout l’anglais depuis le XIXe siècle.
Différentes plateformes proposent un recensement des néologismes avant leur reconnaissance dans les dictionnaires d’usage. La plus active d’entre elles est Néoveille, qui effectue la détection et le suivi des néologismes dans la presse en ligne et plus généralement dans l’internet. Le Logoscope présente pour sa part un relevé des néologismes dans certains titres de presse entre 2014 et 2018.
L’étude des phénomènes néologiques en français ne peut se concevoir indépendamment des autres langues européennes, tant les échanges scientifiques, commerciaux et techniques influent pareillement sur ces langues, toutes concernées par les emprunts à l’anglais. La Délégation générale à la langue française et aux langues de France soutient des initiatives et des réseaux scientifiques tels celui constitué par le Congrès international de néologie des langues romanes (CINEO).
Partager la page