Évocation des arts
À travers cette exposition, le musée d'art Roger-Quilliot de Clermont-Ferrand propose d'explorer les rapprochements thématiques, iconographiques, conceptuels et formels qui existent entre différentes formes d'arts : arts plastiques, poésie, littérature, musique, théâtre. C'est aussi une invitation à la (re)découverte de grandes œuvres et de figures célèbres, qu'elles soient épiques, dramatiques ou lyriques à travers les collections de ce musée en ligne sur Joconde, le catalogue collectif des musées de France.
Crédits : ce contenu était originellement publié sur le site Joconde. Il a été constitué en 2011 par Anne-Charlotte Cathelineau, conservatrice du patrimoine, et Christelle Meyer, chargée des collections, avec le soutien de Jeannette Ivain du Service des musées de France. Les notices du musée sont en ligne sur POP, plateforme ouverte du patrimoine.
Les Muses, personnifications des arts
Filles de Zeus et de Mnémosyne, déesse de la Mémoire, les Muses, au nombre de neuf, sont les médiatrices entre les dieux et le créateur, qu'il soit peintre, sculpteur, poète ou compositeur. Elles renvoient à une conception inspirée de l'art, qui fait de l'artiste un démiurge.
Dès l'Antiquité et jusqu'au Moyen Age, cinq des neuf Muses personnifièrent les Arts Majeurs : Thalie pour le théâtre, Erato pour la poésie, Calliope pour l'épopée, Euterpe pour la musique, Polymnie pour la philosophie. Les arts plastiques restèrent longtemps dépréciés : on considérait qu'ils relevaient d'une sphère manuelle, c'est-à-dire non noble. Pourtant, peinture et sculpture nécessitent une indéniable part d'imagination, donc de création : les artistes de la Renaissance militèrent pour la reconnaissance de l'intellectualité de leurs disciplines, jusqu'à rivaliser avec la poésie sous la forme du "Paragone", ou "Parallèle des Arts".
Le musée d'art Roger-Quilliot propose d'explorer les rapprochements thématiques, iconographiques, conceptuels et formels qui existent entre différentes formes d'arts : arts plastiques, poésie, littérature, musique, théâtre. C'est aussi une invitation à la (re)découverte de grandes œuvres et de figures célèbres, qu'elles soient épiques, dramatiques ou lyriques, sous le signe des Muses...
Thalie, le théâtre
"Le monde entier est un théâtre.
Et tous hommes et femmes n'en sont que les acteurs.
Et notre vie durant, nous jouons plusieurs rôles."
(William Shakespeare)
Joignant le regard du peintre au lyrisme du poète, le théâtre apparaît comme un art vivant intégral. Les comédies comme les tragédies sont sources intarissables de sujets pour les artistes.
Les chefs-d'œuvre dramatiques de William Shakespeare jouent un rôle majeur et influencent durablement la production artistique européenne. Avec son plâtre "Le Chant d'Ariel", l'orfèvre clermontois Léonard Morel-Ladeuil met en scène un des protagonistes de "La Tempête", pièce écrite en 1611. L'artiste voue un véritable culte au dramaturge anglais et lui déclare haut et fort son admiration dans une Apothéose.
Les sculpteurs autant que les peintres montrent un vif intérêt pour l'art scénique, qui exalte les émotions. Paul François Berthoud aime à rendre l'énergie des tragédiens : avec son buste de comédienne - peut-être un portrait de Sarah Bernhardt ? - vêtue d'un étrange costume, c'est tout le singulier, la force mystérieuse de l'univers théâtral qu'il nous invite à partager.
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Erato, la poésie
"La peinture est une poésie qui se voit au lieu de se sentir
et la poésie est une peinture qui se sent au lieu de se voir."
(Léonard de Vinci)
Peinture et poésie sont deux arts qui se nourrissent mutuellement : le poète puise son inspiration dans la beauté des images, tandis que le peintre insuffle à sa toile une dimension lyrique par le recours à des sujets poétiques. Tel est le cas du tableau d'Ary Scheffer, "La plainte de la jeune fille", inspiré d'une ballade du poète allemand Friedrich von Schiller.
"Les Nuits de Musset" de Gabriel Amable de La Foulhouze proposent une traduction en peinture des poèmes éponymes de l'écrivain romantique Alfred de Musset, représenté ici en état de transe créative au pied des Muses.
L'inspiration poétique transparaît encore dans les éléments décoratifs réalisés par l'orfèvre clermontois Léonard Morel-Ladeuil illustrant le poème d'Edmund Spencer, "The Faerie Queene".
L'interaction entre peinture et poésie se lit aussi dans les portraits que les peintres font des poètes : Dauvergne donne de Milton, auteur du "Paradis perdu", la vision d'un auteur inspiré, tandis que Leguay offre de Sappho l'image d'une jeune fille mélancolique, à l'image de sa poésie élégiaque. Et quand Thomas Couture présente Charles Baudelaire enlacé avec sa muse, il traduit picturalement toute la sensualité affleurant dans le recueil des "Fleurs du Mal".
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Calliope, l'épopée
"La littérature : un coup de hache dans la mer gelée en nous."
(Franz Kafka)
Viviers de personnages héroïques et légendaires, la mythologie et les grandes épopées représentent pour les artistes une source d'inspiration privilégiée.
Toutes premières, "L'Iliade" et "L'Odyssée" d'Homère constituent un diptyque littéraire "plein de bruit et de fureur", dont les héros se distinguent par leur courage et leur vertu, à l'image du valeureux troyen Hector dépeint par Joseph Anton Bauer, ou de l'astucieux et pugnace Ulysse, mis en scène par Thomas Degeorge dans "Ulysse et Télémaque tuant les prétendants".
L'amour est aussi parfois ferment d'ardeur funeste. Dans le Paris du Moyen Age, la belle Héloïse, évoquée par le peintre Richoux, pleure son Abélard, tandis que dans l'Italie de Dante, Francesca de Rimini et Paolo Malatesta succombent à une passion dévastatrice, traduite par Ary Scheffer dans "Les ombres de Paolo et Francesca apparaissant à Dante et Virgile".
Héritière des épopées antiques, "La Jérusalem délivrée" de Torquato Tasso se veut une grande fresque chevaleresque où fusionnent la guerre, l'amour et l'honneur. Gianni di Piedi en retranscrit ici un moment dans "Herminie allant trouver les bergers". Quelques décennies auparavant, le "Roland furieux" de l'Arioste invitait à une réflexion sur la folie née de l'amour non partagé - un cycle sur le thème du "Roland furieux", avec les tableaux d'Effiat, est aussi présenté au musée.
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Euterpe, la musique
"La musique est une révélation plus haute
que toute sagesse et toute philosophie."
(Ludwig van Beethoven)
Musique et peinture s'influencent tour à tour de façon incontestable, comme en témoignent les nombreuses correspondances entre ces deux arts.
La figure d'Orphée est emblématique de cette rencontre : de Claudio Monterverdi à Gustave Moreau, ce mythe n'a cessé d'être revisité. Théodore Caruelle d'Aligny et Antoine Etex évoquent l'inspiration en figurant le génie poétique et musical entouré des Muses.
L'opéra, qui allie musique et composition d'acteurs, permet, par-dessus tout, l'expression de sentiments exacerbés : Evariste Fragonard met en scène Don Juan, le charismatique libertin de Mozart, au moment où il s'apprête à faire une nouvelle conquête.
La tension, focalisée sur le visage, émane du buste de Melchissédec de Georges Fayard : la bouche ouverte, le baryton libère de ses poumons l'air qui fera vibrer puissamment ses cordes vocales.
Si Honoré Daumier aborde l'art du chant par une caricature moqueuse et gouailleuse, le peintre anonyme des "Chanteuses" préfère évoquer l'univers aérien et léger de la chanson par une scène très intimiste.
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Polymnie, la philosophie
"C'est proprement avoir les yeux fermés sans tâcher jamais de les ouvrir,
que de vivre sans philosopher."
(René Descartes)
Si la philosophie peut se définir comme l'amour de la sagesse, elle apparaît avant tout comme un questionnement sur le monde et l'existence humaine. La philosophie a été longtemps l'apanage d'une élite intellectuelle.
La peinture, qui invite aussi à s'interroger sur l'humanité, a souvent rendu hommage aux grands philosophes, s'attachant à restituer leurs portraits et ceux de leur entourage.
Les figures illustres sont commémorées : Louis Devedeux célèbre le génie de son compatriote clermontois Blaise Pascal dans un portrait empreint de bienveillance et de sensibilité. Et Joseph-Siffred Duplessis, peintre officiel du roi Louis XVI, portraiture Antoine Léonard Thomas, grand orateur et ami fidèle des esprits les plus éclairés du 18e siècle, avec une admiration non feinte.
La philosophie conduit à la méditation, réflexion profonde sur le sens de la vie et la conquête du bonheur. Cette introspection est ici illustrée avec brio et sans artifice par la touche vaporeuse d'Eugène Carrière, où la figure de la Méditation s'isole pour sonder les abîmes de son monde intérieur.
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