BERGUES Martine. Paris: Éditions de la Maison des sciences de l'homme, 2011, 332 pages, ISBN 978-2-7351-1324-8

   Que donnons-nous à voir en jardinant de telle ou telle manière? Prenant pour cadre les villages du Lot, l’auteur a étudié avec finesse la mise en scène des fleurs plantées dans les jardins privés et les espaces publics. Elle en soulève ici les enjeux sociaux – mais aussi économiques, symboliques, affectifs, imaginaires –, et met en évidence que, quel que soit le contexte – « jardin paysan », « jardin fleuri » ou « jardin au naturel » –, le fleurissement reflète des façons de s’inscrire dans un territoire et de dialoguer avec l’autre. En son jardin certes, mais pour mieux signifier aux passants ou aux voisins une manière, individuelle ou collective, de voir et d’organiser le monde.

   Comment, alors, interpréter l’évolution des modalités du fleurissement selon les époques ? En quoi ces changements rendent-ils compte de manières de penser et de sentir différentes ? Comment ces questions croisent-elles à leur tour l’histoire des concours de fleurissement, qui apparaissent comme des outils normatifs destinés à établir de l’ordre et à organiser du lien ? Quelles convergences ces concours encouragent-ils entre la mise en fleurs des espaces publics et celle des espaces privés ? Ce contexte permet-il de mieux saisir le succès actuel de certains thèmes comme la biodiversité ? Répondant à ces questions, Martine Bergues offre ici une analyse aussi éclairante qu’alerte de notre société au miroir de son décor végétal.

Martine Bergues est ethnologue au Conseil général du Lot et chercheur associé au centre Edgar-Morin (CNRS). Spécialiste des liens entre sociétés et territoires, elle a récemment publié « L’Ostal, ou la culture de la terre » dans les Cahiers du musée départemental de Cuzals, et cosigné le film Des jardins familiers.