Gaetano Ciarcia, Les carnets du Lahic n°3, Lahic/ Mission à l’ethnologie, 2007

Dans ce travail, l’auteur a tenté de connecter l’analyse des conditions théoriques pour penser « l’immatériel » en tant que dimension cognitive et heuristique du patrimoine culturel, à une vérification in vivo de ses possibilités d’archivage et d’inventaire. En développant une telle perspective, il a interrogé les instances intellectuelles et institutionnelles ainsi que des représentants de milieux associatifs concernés par les usages de la notion de patrimoine immatériel dans l’élaboration conflictuelle des mémoires publiques de l’esclavage en Martinique et dans la constitution d’« archives sensibles » du territoire en Languedoc-Roussillon au sein du Parc naturel de la Narbonnaise en Méditerranée.

Cette deuxième étape de la recherche (après une première publiée en 2006 toujours dans Les Carnets du Lahic) l’a amené de l’analyse des logiques de la perte durable à l’œuvre dans tout processus de patrimonialisation à une réflexion sur les pratiques et les politiques de l’« immatériel » en tant qu’entité imaginée comme étant le réservoir d’un héritage potentiel à valoriser.

Dans le texte, l’inventaire est envisagé en tant que notion, c’est-à-dire forme de connaissance du réel et non pas en tant que concept, c’est-à-dire représentation générale d’un objet. En assumant cette perspective, Gaetano Ciarcia a focalisé son étude autour du statut et du contenu de savoirs et de savoir-faire évolutifs que dans les contextes qui ont fait l’objet de sa recherche, les personnalités reconnues localement comme « personnes-ressources » détiennent, sauvegardent et échangent au cours des différentes étapes du processus de leurs transmission et valorisation. Cette démarche prend en compte l’impact que toute reconnaissance patrimoniale a sur les espaces investis et sur les groupes sociaux intéressés. Ainsi, l’auteur a également focalisé son attention autour du sens pratique qui, au niveau local, accompagne les formes implicites et explicites de mise en inventaire et donc la transformation des « biens traditionnels » au cours des échanges structurant un marché de la culture.

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