Centré sur l’ethnologie française des années 1930-1960, enrichi de deux articles consacrés à Jomo Kenyatta et James Mooney, ce Carnet de Bérose revient sur la question, aujourd'hui encore brûlante, des relations entre anthropologie et colonialisme, ce qui fut l’un des enjeux majeurs de l’histoire des sciences humaines et sociales au vingtième siècle et le demeure au vingt-et-unième. À partir d’une série d’essais biographiques mettant la focale sur l’ethnologue engagé dans un terrain colonial précis et daté, un tel ouvrage souhaite combler une attente au sein du monde éditorial francophone. Nous renouons ainsi avec les questions posées par Leiris à sa communauté professionnelle en1950 : comment les ethnologues assument-ils leur implication dans le système colonial ? Comment s’articulent l’expérience ethnographique et les responsabilités de l’anthropologue vis-à-vis du colonialisme ? Pour cette génération d’anthropologues qui ont partagé l’expérience d’un même monde en rupture, en résistance et en mouvement, confrontés aux guerres coloniales, à leurs propres désenchantements et ambivalences, l’aventure de l’ethnologie fait place rapidement à une ethnologie « pratique », impliquée et appliquée, qui met au défi leur positionnement savant et politique. Michel Leiris, Georges Balandier, Charles Le Cœur, Jacques Berque, Jacques Soustelle, Pierre Bourdieu, Paul Mus, Georges Condominas, Maurice Leenhardt, Jean Guiart, Paul Hazoumé, Fily Dabo Sissoko, ou encore Jomo Kenyatta et James Mooney : autant d’ethnologues apprentis aux prises avec une pluralité de situations coloniales à chaque fois singulières obligeant à nuancer la vision parfois monolithique du rapport savoir/pouvoir.
Christine Laurière, chargée de recherche au CNRS (IIAC-LAHIC), est codirectrice de Bérose, encyclopédie internationale des histoires de l’anthropologie.
André Mary est directeur de recherche émérite au CNRS et membre de l’Institut Interdisciplinaire d’Anthropologie du Contemporain.
Cet ouvrage est le 11e volume des Carnets de Bérose, une collection éditée électroniquement par le Lahic et le département du Pilotage de la recherche et de la politique scientifique de la Direction générale des patrimoines (ministère de la Culture).
Téléchargement de l'ouvrage ci-dessous.
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