Le Fonds régional d’art contemporain (Frac) Normandie Rouen rouvre ses portes avec la prolongation de l’exposition monographique de Diogo Pimentão, "Dessiner à rebours", jusqu’au 26 juillet. L’artiste portugais investit ses espaces pour sa première grande exposition en France.

Monumentales ou discrètes, résidus ou semblables à des tôles froissées, les œuvres présentées jalonnent plus de 15 ans d’une recherche fondamentalement transversale sur le dessin qui le situe comme un artiste de référence sur la scène artistique actuelle. L’approche originale de Diogo Pimentão autour du dessin se révèle au travers d'un parcours où se mêlent travaux du début et nouvelles productions spécialement pensées pour cette exposition. Il s’attache à mettre en avant les rapports complexes et inversés instaurés par l’artiste vis-à-vis du dessin, de ses supports et de ses outils pour repenser la notion même de forme, de matière, de volume, de représentation. Si carrés, ronds, triangles sont pour l’artiste autant d’outils de pensée et de prétextes à transformations, la verticalité qui s’impose notamment à l’étage donne à repenser la ligne dans l’espace. Le titre de l’exposition, Dessiner à rebours, s’en fait l’écho.

Diogo Pimentão, Documented (description), 2012, papier et graphite

Performance, volume, vidéo et installation sont les multiples biais que Diogo Pimentão emprunte pour penser un dessin élargi et explorer la porosité entre corps et espace. À partir des outils élémentaires du dessinateur, le graphite et le papier, il déploie son travail dans l’espace et étend le dessin à trois dimensions, incluant son geste au cœur d’une approche performative, voire chorégraphie. Les murs de l’exposition deviennent des surfaces à investir où le papier joue de l’ambiguïté de son statut entre support, matière, surface et trompe-l’œil.

 Par de complexes pliages, la légèreté du graphite et du papier acquiert la masse de l’acier avec des volumes à l’aspect informel ou usiné dont les formes, parfois brutes et minimalistes, nous renvoient à une histoire conceptuelle et minimale de la sculpture et du geste. Le dessin devient lui-même instrument à part entière : il vise à s’approprier un espace, celui du papier, de l’exposition, du film. Le trajet du crayon sur la feuille permet d’en appréhender l’étendue, la texture et la résistance, de même que la marche ou le mouvement du corps – dessins dans l’espace – servent à explorer un cadre donné.

Diogo Pimentão, Duochrome, 2011, papier et graphite

Pour Diogo Pimentão tout est en effet affaire de dessin, qu’il soit mis en volume, en mouvement ou en son. Si sa pratique ne se résume pas au dessin, ce dernier en constitue un véritable paradigme. Dessiner, c’est travailler sans maquette, sans projet, « avancer sans protection ». La nature fragile et transitoire des œuvres ainsi que l’emploi de techniques rudimentaires vont de pair avec une relation fondamentalement curieuse et expérimentale au monde. Depuis une dizaine d’années, l’artiste s’efforce d’ouvrir l’horizon du dessin et de ses conventions à d’autres dimensions, d’autres procédés, d’autres outils. L’acte de dessiner implique pour lui un rapport quasi chorégraphique au corps qui détermine l’échelle de l’œuvre – des papiers machinalement pliés dans les mains aux grands monochromes noirs composés de lignes tracées par le corps en marche. La feuille n’apparaît plus comme une surface plate mais comme un plan souple, pliable, étirable, praticable.

Diogo Pimentão, In (Figure), 2012, papier et graphite

Né en 1973, Diogo Pimentão a tout d’abord étudié la sculpture au sein de deux prestigieuses écoles, le centre de sculpture de Pêro Pinheiro au Portugal et l’école d’art de Gotland en Suède, avant d’ouvrir sa pratique à d’autres médiums pour les investir en tant que sculpteur engageant son corps et l’espace.

Exposition réouverte du 3 juin au 26 juillet 2020. Frac Normandie Rouen, 3 place des Martyrs-de-la-Ré­sis­tance - 76300 Sot­te­ville-lès-Rouen. Tél. : 02 35 72 27 51. Nouveaux horaires : Le Frac est ouvert du mercredi au dimanche de 14h à 18h.

Après plus de deux longs mois de fermeture liée à l’épidémie de covid-19, l’équipe du Fonds régional d’art contemporain (Frac) Normandie Rouen a rouvert son bâtiment au public le mercredi 3 juin.

 Cette réouverture s’accompagne de nouvelles consignes d’accès pour le public :

  • Port du masque (à partir de 11 ans)
  • Lavage des mains à l’entrée
  • Distanciation physique
  • Accès limité à 10 personnes
  • Accès interdit aux WC