La construction du Centre architectonique d’Aix-en-Provence, une œuvre expérimentale
Victor Vasarely imagine ce projet de Fondation dès 1966 et fixe sa réflexion dans le texte « Mon projet de Fondation ». A ses yeux, cette Fondation doit comporter deux volets, correspondant aux deux parties de son œuvre.
Une première dimension est consacrée à son œuvre peinte. Se voulant personnelle et subjective, elle prend place dans le musée didactique de Gordes, créé dans le château Renaissance et inauguré en 1970. La seconde partie de l’œuvre a une vocation universelle. Résultat de la recherche fondamentale, appuyée d’une théorie, elle sera concentrée dans la Fondation d’Aix-en-Provence.
Après avoir envisagé de l’installer à Gordes puis à Avignon, Vasarely choisit finalement d’établir sa Fondation à Aix-en-Provence dans le quartier du Jas de Bouffan. Ce site est préféré à la fois pour des raisons pragmatiques, du fait de sa proximité avec le réseau autoroutier et du projet d’aménagement du quartier, mais aussi pour des raisons sentimentales : c’est en effet dans ce lieu que vécut Cézanne, considéré par Vasarely comme l’initiateur de l’art contemporain.
Dans les années 1960, l’artiste plasticien, après sa période « Hommage à l’hexagone », poursuit ses recherches sur la structure cellulaire. Pour le plan de sa Fondation, il imagine un bâtiment basé sur trois principes : juxtaposition d’hexagones, façades aveugles, éclairage zénithal
Un appel d’offres est lancé en avril 1973 pour la construction du Centre architectonique d’Aix-en-Provence. Vasarely choisit de confier la réalisation de son bâtiment à Jean Sonnier, architecte en chef des monuments historiques qui l’avait accompagné lors de la restauration du château de Gordes.
La première pierre est posée en décembre 1973 et le chantier démarre en janvier 1974. Il s’achève un an plus tard. La Fondation est inaugurée en février 1976, en présence de Jacques Chirac, à l’époque Premier ministre, et de Madame Claude Pompidou.
La construction du Centre avait fait appel à des techniques innovantes
L’artiste plasticien ayant souhaité que le chantier ne dure que quelques mois, il est donc nécessaire de concevoir une préfabrication la plus poussée possible par une conception modulaire et préfabriquée des éléments de béton de la structure
Le bâtiment, centré sur lui-même, sans lien direct avec son environnement et notamment avec la montagne Sainte-Victoire qui lui fait face, est composé de 16 alvéoles hexagonales accolées de 14 m de largeur et s’élevant à 11 m du sol. Le bâtiment s’inscrit dans un rectangle de 87, 30 m par 42,10 m sur une parcelle de 3 hectares.
Sur la façade du Centre sont apposés des panneaux représentant une alternance binaire de formes et de couleurs. Les effets optiques provoqués par un découpage des panneaux muraux en accordéon sont, dès l’arrivée du visiteur, une invitation aux phénomènes visuels qui caractérisent les œuvres optiques et cinétiques du Plasticien.
L’ambiance colorée intérieure voulue par Victor Vasarely est choisie dans une gamme de gris au travers de matériaux comme l’aluminium anodisé, la pierre Calladaire des Alpes, les dalflex, les moquettes, la peinture des poutres mais également pour le mobilier d’assise conçu par le designer Emiel Veranneman.
L’éclairage zénithal de la Fondation est assuré par 14 coupoles de verre posées sur un toit terrasse, plat, en béton. Les verrières sont composées de pyramides de charpente en bois lamellé collé, peinte en grise pour donner l’illusion du métal, subdivisée en triangles équilatéraux de 1,45 m de côté qui repose sur une costière périphérique en béton armé.
L’édifice innove aussi par sa technologie. Pour la climatisation, un système de pompe à chaleur avec double circuit d’air et mélangeur est mis au point, afin de palier l’apport de chaleur des surfaces vitrées des verrières.
Plus d’une trentaine de corps d’état et de fabricants travaillent en équipe à la réalisation des intégrations murales, sous la responsabilité de Claude Pradel-Lebar, mettant en pratique des techniques originales et des procédés nouveaux grâce à une recherche aux applications possibles nombreuses.
Ces procédés de préfabrication innovants et l’utilisation de nouveaux matériaux témoignent du progrès industriel et technologique qui a émergé durant les Trente Glorieuses. Pour Vasarely, grâce à la mise en œuvre de ces nouvelles technologies, « il est permis d’espérer une transposition des techniques qui transformeraient nos cités en paysages colorés diurnes ».
La restauration du bâtiment, qui vient tout juste de s’achever, sera suivie par l’extension souterraine du Centre
Après l’obtention en 2001 du label Patrimoine du XXème siècle, le Centre architectonique est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 2003 et est intégré au Plan Musées en Régions 2011-2013. Le bâtiment est élevé, à l’unanimité, au titre de « Monument Historique » par la Commission Nationale des Monuments Historiques, le 25 novembre 2013.
Le 21 juillet 2009 voit le lancement d’un vaste projet de restauration du bâtiment et de son environnement.
Pour la restauration, le parti d’intervention est clairement exprimé : le projet de restauration devra respecter l’intégralité de certains points notamment la composition du plan par la forme hexagonale prédominante, de la façade et des verrières zénithales de la couverture, ainsi que la polychromie et la conception paysagère, pour conserver ou restituer les dispositions et ambiance intérieures. Il s’agit de conserver l’authenticité du bâtiment et de ses matériaux et l’ambiance « année 70 » tout en y apportant les modifications obligatoires liées à un établissement recevant du public.
Ce début d’année 2019 voit l’achèvement des travaux de restauration tandis que l’œuvre est exposée dans les plus grands musées européens. C’est la première étape d’un chantier qui doit se poursuivre par la restauration des intégrations monumentales, puis la construction d’une extension souterraine de 1000 m² qui permettra l’accueil de grandes expositions nationales et internationales. Marc Barani sera chargé de cette réalisation avec l’équipe de maîtrise d’œuvre.
Trois expositions pour s’immerger dans l’univers de Victor Vasarely
Une exposition a actuellement lieu à Paris au Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou, depuis le 6 février. Pour la première fois, cette rétrospective offre un aperçu de l’ensemble des aspects de l’œuvre de l’artiste. L’exposition « Vasarely, Le partage des formes » est à découvrir jusqu’au 6 juin.
La Fondation a également apporté son concours à l’organisation d’une exposition sur le Bauhaus par le Centre Franco-Allemand de Provence. Sont présentées 100 œuvres clés sélectionnées parmi une collection mondiale de plus de 70.000 photographies du Bauhaus.
Enfin, en juin 2019, une sélection d’une vingtaine d’œuvres optiques et cinétiques issues de la collection du Centre Pompidou seront présentées à la Fondation Vasarely. Il s’agit de présenter au public un ensemble d’œuvres qui témoigne tout à la fois de l’importance de ce courant esthétique, auquel Victor Vasarely a attaché son nom, mais également de sa diversité et de sa persistance contemporaine.
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