Étude sur les lotissements de 1945 à nos jours
De la Cité du Merlan à Noisy-le-Sec à l'éco-résidence Les Marches de Bréviandes à Vert-Saint-Denis

Le lotissement (ensembles de logements individuels) tend aujourd’hui à devenir la procédure la plus utilisée pour le développement urbain du territoire national et constitue environ un quart de la production française de logements neufs. Ce développement quantitatif, qui a vraiment commencé à partir des années 1965, ne s’est pas souvent accompagné d’un urbanisme et d’une architecture de qualité. La plupart des opérations de lotissements concourt à la production d’un tissu urbain stéréotypé, un « modèle unique » consommateur d’espace et participe de la banalisation du territoire. Depuis le milieu des années 2000, et notamment le Grenelle de l’Environnement et la démarche d’urbanisme de projet, tous les acteurs de l’aménagement du territoire sont encouragés par les pouvoirs publics à répondre aux enjeux renouvelés d’économie de l’espace, de mixité sociale et spatiale ainsi que de qualité urbaine et architecturale.

Dans ce contexte, le ministère de la culture, service de l’architecture a mené une étude sur ces objets urbains et architecturaux. Cette étude répondait à un double objectif : créer de la connaissance et définir un cadre opérationnel renouvelé dans les domaines tant juridique que technique, urbain et architectural. Il s’agissait en particulier d’aider à la création de nouvelles formes urbaines, à la transformation et à la réhabilitation des lotissements existants en répondant aux enjeux et usages actuels et de référencer les œuvres de qualité pour alimenter le label Architecture contemporaine remarquable, les aires de mise en valeur de l'architecture et du patrimoine (AVAP) et les protections au titre des monuments historiques. Il ne s’agit donc pas de créer un catalogue de modèles et de recettes à reproduire mais plutôt d’établir des jalons, supports de réflexion, pour utiliser la diversité et la richesse de la création existante afin de développer celle de l’avenir.

Méthodologie :

Pour créer la nécessaire cohérence à ce travail portant sur des objets très divers, il a été nécessaire de retenir une définition stabilisée des lotissements.

  • Les lotissements sont ainsi définis comme des ensembles de logements individuels groupés ou individualisés et non pas uniquement au sens juridique du terme (L442-1 du Code de l'urbanisme). Une liste d'étude a été constituée à partir d’un échantillon d’opérations sociales et non sociales, sur l’ensemble du territoire national aussi varié que possible et présentant des qualités urbanistiques, architecturales, fonctionnelles et techniques. Les villages de vacances sont inclus dans la liste. Il ne s’agit cependant pas de rechercher uniquement l’exemplarité dans tous les domaines, certaines opérations peuvent présenter des défauts majeurs dont on peut tirer un enseignement important.
  • La période retenue pour cette étude était celle de l’après-guerre. Le choix de ne pas inclure des opérations antérieures à 1945 se justifiait par le fait que les lotissements (organisés et dignes d’intérêts) construits alors se composaient essentiellement de cités-jardins et de cités ouvrières, qui ont fait l’objet de nombreuses études et publications. Chronologiquement, la période retenue s’articule autour de deux lois majeures qui ont un réel impact sur la fabrication des lotissements : la loi de 1977 sur l’architecture, qui porte une réforme qualitative des lotissements et la loi SRU de 2000 qui fait rentrer la préoccupation environnementale dans le projet de lotissement.
  • Une fois les enquêtes de terrains réalisées, une sélection des lotissements les plus intéressants et les plus représentatifs a été faite par un comité de pilotage national. Des enquêtes locales complémentaires permettant en particulier le recueil de données auprès des communes (plans, documents administratifs) ont été conduites par les services déconcentrés du MC en lien avec les CAUE et des monographies illustrées de plans, photos et comportant un descriptif et une analyse ont été réalisées par la direction générale des patrimoines.
  • Le résultat de ce travail a fait l'objet d'un ouvrage qui est paru en 2017 aux Éditions Dominique Carré/La Découverte.