Le goût pour le patrimoine est une véritable passion française,. Loin d'être réductible à une politique d'Etat, il s'exprime quotidiennement, en tous lieux, et mobilise des amateurs qui en font l'objet de leur vie associative. Que font ces associations quand elles se saisissent du patrimoine ? En réalité, l'investissement autour du patrimoine est polymorphe , et la pluralité des usages sociaux est à la mesure de l'élargissement, sans limites perceptibles, de la notion. A la fois cadre de la mémoire, catégorie historique et esthétique, bien commun du groupe local, emblème territorial, dimension de l'action collective, le patrimoine est l'instrument d'un réaménagement de l'ordre du monde. A travers une enquête sur trois départements, cette recherche met à jour les ressorts sociologiques de l'intérêt patrimonial comme activités d'amateurs, dont l'investissement obéit autant au plaisir de faire qu'à la dette contractée envers les ancêtres et au devoir de transmission auprès des jeunes. Devant la fuite du temps, l'oubli, la disparition d'un monde ancien, le regard reste néanmoins lucide : à rebours du passéisme, il motive une dynamique sociale plus que jamais consciente d'avoir à réinventer chaque jour, inlassablement, sa mémoire et son territoire.
Hervé GLEVAREC, chargé de recherche au CNRS (Centre lillois d'études et de recherche sociologiques et économiques), a publié récemment France Culture à l'oeuvre , Dynamique des professions et mise en forme radiophonique, Paris, Editions du CNRS 2001.
Guy SAEZ, directeur de recherche au CNRS, membre du CERAT, est spécialisé dans l'analyse des politiques publiques. Sa dernière publication (avec Armel Huet) : le Règne des loisirs, la Tour-d'Aigues, Editions de l'Aube, 2002
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