Un an après la publication de la première étude sur le sujet, le Département des études, de la prospective, des statistiques et de la documentation (DEPS) du ministère de la Culture publie de nouveaux résultats sur la billetterie du spectacle vivant en 2023 et son évolution par rapport à 2022. Cette étude, qui couvre l’ensemble du spectacle vivant, du théâtre à la musique, en passant par le cirque, les comédies musicales et l’humour, repose sur les données déclarées auprès du dispositif SIBIL (Système d'Information Billetterie). Cette remontée des données de billetterie a été inscrite dans la loi LCAP de 2016. « Ce dispositif a été conçu pour combler un manque de données sur le spectacle vivant qui s’est avéré particulièrement criant au moment de la crise COVID. Nous étions dans l'incapacité, non seulement de chiffrer cette billetterie sur le modèle de la fréquentation du cinéma, mais également d'avoir des référentiels sûrs sur le nombre de représentations en France », explique Émilie Charpentier, chargée de mission Observatoire pour la création artistique à la Direction générale de la création artistique (DGCA), qui a collaboré avec le DEPS sur cette étude. « SIBIL répond en effet à de très fortes attentes, confirme Amandine Schreiber, cheffe du DEPS. L’an dernier, nous avons produit pour la première fois une photographie complète de la billetterie sur l'ensemble du spectacle vivant. Le partenariar avec la DGCA est très précieux pour apprécier la qualité des données. Nous souhaitons prolonger ce partenariat et le renforcer à toutes les étapes de la chaîne de production des résultats. »
Ces données sont enrichies par les chiffres fournis par deux autres acteurs du spectacle vivant : le Centre national de la musique (CNM) et l'Association pour le Soutien du Théâtre Privé (ASTP). Ces deux structures sont chargées de collecter une taxe sur les spectacles données dans leur champ d'intervention respectifs : la musique, l’humour et le théâtre privé. « Cela nous a permis de produire des résultats beaucoup plus solides et les plus complets possibles », ajoute Amandine Schreiber, cheffe du DEPS. Le travail avec la DGCA a permis également d’affiner l’analyse de ces données. « Cette étude nous sert dans nos échanges avec les associations professionnelles ou les collectivités locales. Elle nous permet de suivre au mieux l'activité des structures que l’État subventionne et, plus globalement, de suivre les évolutions du secteur et de pouvoir éventuellement infléchir nos politiques publiques », souligne Émilie Charpentier.
Nombre de représentations stables, billetterie en hausse
Pour l’année 2023, le nombre de représentations reste stable par rapport à 2022 avec plus de 200 000 spectacles donnés. Ils ont rassemblé 62 millions de spectateurs (un chiffre en hausse de 11 %) et généré 2,1 milliards d'euros de recettes de billetterie (en hausse de 17 %). Des chiffres qui témoignent du dynamisme de la fréquentation du secteur à la suite de la crise sanitaire.
Le théâtre et les arts associés (cirque, arts de la rue, marionnettes) représentent la plus grosse part de représentations données (48,5 % du total) avec, au sein-même de ce secteur, des disparités en termes de jauge (d’environ 100 pour les marionnettes à 325 pour le cirque) et de prix moyen du billet. La musique, avec des concerts plus souvent donnés dans des salles ou des espaces de très grande capacité, rassemble la moitié du public (30 millions de billets émis). On observe des disparités dans ce secteur en termes de genres musicaux. Les concerts de rap et hip-hop accusent une légère baisse du nombre d’événements (– 4 %) et une diminution importante de la billetterie et des recettes en 2023 qui s’expliquent par des tournées record en 2022.
Cette vitalité de la billetterie irrigue tous les secteurs du spectacle vivant, à commencer par la danse (+4 % de représentations, +14 % de billetterie et +12 % de recettes). Il s’agit très généralement de spectacles de danse contemporaine et peu de spectacles de danse classique et baroque (moins de 5 % des représentations) ces derniers étant pourtant souvent donnés devant un public nombreux – 1 000 billets par représentation en moyenne – et à des tarifs supérieurs à la moyenne. Enfin plus d’une représentation sur dix concerne un spectacle d’humour, d’imitations ou de sketchs, ce qui en fait la deuxième proposition artistique la plus représentée après le théâtre, avec là encore des chiffres en hausse. Avec les comédies musicales et le cabaret - qui proposent un ticket d'entrée en moyenne plus élevé - ils représentent un quart des recettes de billetterie.
Une billetterie centrée sur la région parisienne
Avec près de 44 % de l'offre de spectacles, l’Île-de-France est, de loin, la première région française en termes de billetterie, devant Auvergne Rhône-Alpes, Provence-Alpes Côte d’Azur et Nouvelle-Aquitaine. La région parisienne concentre en particulier 63 % de l'offre déclarée par des sociétés commerciales. « Il y a une concentration très forte de théâtres privés à Paris, tempère Émilie Charpentier. Mais l'intérêt de l'étude est de montrer que le maillage territorial est plus fort et équilibré grâce aux établissements publics nationaux, labels et appellations soutenus par l’État alors que la partie privée est davantage concentrée en Île-de-France. »
L’étude évoque également les représentations par type de structure déclarante, avec une programmation soutenue des établissements publics nationaux, labels et appellations du ministère de la Culture. « Pour ces établissements, entrés dans le dispositif depuis 2019, les niveaux d'activité de 2023 renouent avec les niveaux 2019, après les années de crise sanitaire », constate Amandine Schreiber. Ils totalisent presque 40 000 représentations, soit un cinquième du total. L'étude détaille l'activité des autres déclarants : organismes publics, associations et sociétés commerciales. Ces dernières proposent une représentation sur deux, accueillent le plus de public (57 % de la billetterie) et génèrent le plus de recettes de billetterie (71 %).
Les festivals, acteur essentiel de la dynamique de la billetterie
En 2023, ils ont représenté 24 000 représentations, 11,2 millions de billets - soit 18 % de la billetterie du spectacle vivant - et généré 367 millions d’euros de recettes (18 % de l’ensemble). Les festivals participent activement à la vitalité culturelle dans des territoires où l’offre culturelle ne se déploie pas toujours toute l’année. Le sud regroupe une bonne partie de ces représentations (35 % pour Provence-Alpes-Côte d’Azur, dont plus de la moitié pour le Festival d’Avignon, 10 % pour l’Occitanie), porté par de gros festivals comme celui d’Avignon ou encore Jazz in Marciac. La musique est largement représentée (6 festivals sur 10), accueille le plus de spectateurs (75 % du public) et génère le plus de recettes (85 %). La grande enquête sur les pratiques culturelles des Français montre que le festival est une excellente porte d’entrée sur le spectacle vivant puisqu’en 2018, 19 % de personnes de 15 ans et plus déclaraient être allées dans un festival au cours des 12 derniers mois.
Partager la page