C’est, depuis 2017, une priorité du ministère de la Culture : la lutte contre les violences et le harcèlement sexistes et sexuels, avec une série de plans d’actions dans différents secteurs comme le cinéma, la musique, le spectacle vivant, le livre ou encore les arts visuels.
Aujourd’hui, ces mesures sont étendues et renforcées avec un nouveau plan de lutte contre les violences et le harcèlement sexistes et sexuels (VHSS) dans le secteur de la culture pour la période 2025-2027, dévoilé vendredi 7 mars, veille de la Journée internationale des droits des femmes. « Parce que la culture constitue un vecteur essentiel de promotion et de préservation des valeurs fondamentales de notre société, mon ministère se doit donc d’être à l’avant-garde en matière de promotion de l’égalité par la prévention et de lutte contre les VHSS. Ce nouveau plan en constituera une pierre angulaire, j’y veillerai », a déclaré la ministre de la Culture Rachida Dati. Il s’appliquera aussi bien dans les services du ministère de la Culture que dans les établissements publics placés sous sa tutelle.
Un nouveau plan contre les violences pour 2025-2027
Ce plan s’articule autour de quatre axes : prévenir et former plus massivement, mieux repérer et signaler les faits de harcèlement et de violences, agir et prendre des mesures rapidement et enfin renforcer l’accompagnement des victimes. Certaines mesures déjà mises en œuvre seront amplifiées comme la conditionnalité des aides au respect par l’employeur des obligations en matière de lutte et de prévention des VHSS, élargie aux festivals de cinéma. De nouvelles pistes de travail vont également être creusées pour mieux répondre aux signalements et mieux accompagner les victimes et recueillir leur parole. Ainsi, la cellule d’écoute Audiens, soutenue financièrement par le ministère de la Culture et proposée par les partenaires sociaux du spectacle vivant et enregistré, va être renforcée avec des horaires élargis.
Ce plan concerne tous les secteurs culturels qui se mobilisent déjà sur la prévention et la lutte contre les VHSS avec des mesures qui peuvent être mises en place dans d’autres établissements. C’est le cas par exemple de l’archéologie qui a lancé un plan de formation mis en œuvre par l’INRAP ou des musées, dont certains ont pris des engagements significatifs qui pourront être étendus à l’ensemble des musées de France.
Enfin une attention particulière va être apportée aux mineurs, particulièrement fragiles et exposés aux violences et harcèlement sexistes et sexuels, et dont la situation spécifique implique des mesures de protection adaptées comme le recours à un « responsable enfant », déjà en œuvre dans le cinéma et l’audiovisuel, pour encadrer les mineurs, assurer leur confort et leur préparation à leur rôle. Dans le domaine des pratiques artistiques et culturelles, les établissements d’enseignement public de la danse, de la musique et du théâtre devront renforcer leur vigilance à l’égard de toute violence et de toute situation de harcèlement et inclure un dispositif de prévention et de traitement des VHSS dans leur projet d’établissements.
Un Observatoire pour mesurer les inégalités de genre dans la culture
Le ministère de la Culture s’engage depuis plusieurs années en faveur de l’égalité professionnelle entre femmes et hommes. Il obtient d’ailleurs un score de 97 points sur 100 sur l’index de l’égalité professionnelle en 2023, ce qui le place en tête de l’ensemble des ministères publics pour la deuxième année consécutive. La moyenne obtenue par les établissements publics placés sous sa tutelle et concernés par l’index s’élève, elle, à 91 points.
Cette donnée, ainsi que près de 700 autres indicateurs, est recensée dans l’Observatoire de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication. Depuis 2013, ce document est un instrument indispensable pour mesurer les avancées, pointer les inégalités et jeter quelques coups de projecteurs qui encouragent à persévérer. Il mesure par exemple la part des femmes dans les formations culturelles, puis les métiers, les postes de directions, les commissions et les jurys, les programmations, les médias. Autres indicateurs de l’étude : l’accession des femmes aux moyens et aux aides, ainsi qu’à la consécration artistique est encore soumise à des disparités importantes. Cette treizième édition a bénéficié de contributions de nombreux organismes, ce qui permet d’affiner chaque année les connaissances, les évolutions et les tendances afin de progresser toujours plus vers l’égalité réelle entre les deux sexes.
Les Prix Aware récompensent l’art au féminin
La visibilité des femmes artistes est l’un des indicateurs mesurés par l’Observatoire. Un axe que l’association AWARE (pour Archives of Women Artists, Research and Exhibitions) a mis au cœur de son action. Depuis 2016, l’association organise les prix AWARE, véritables outils de promotion et de reconnaissance des artistes femmes et non-binaires sur la scène artistique contemporaine en France et à l’international. Créés en 2016, ils récompensent deux artistes avec un prix d’honneur, attribué à une artiste justifiant de plus de 40 ans de carrière, et le prix Nouveau Regard, qui récompense une artiste en milieu de carrière. Pour ce dernier, cinq artistes étaient nommées, défendues par quatre rapporteurs et rapportrices qui ont chacun présenté leur travail devant un jury composé de sept figures majeures du monde de la culture pour établir une liste de quatre nommées pour.
Cette année, le prix Nouveau Regard a été attribué à Gabrielle Manglou, originaire de La Réunion, pour son oeuvre poétique et multiforme qui mêle dessins, photographies, volumes et images d’archives qui interroge la sphère des rapports humains. Elle va bénéficier d’une résidence à New York, en partenariat avec la Villa Albertine et la A.I.R. Gallery, pendant laquelle elle rencontrera des commissaires d’exposition, critiques d’art, galeristes et journalistes. Une de ses œuvres pourra rejoindre les collections du Cnap (Centre national des arts plastiques). Le prix d’honneur a quant à lui été remis à Tsuneko Taniuchi , artiste japonaise qui développe depuis trente ans les « Micro-événements », un concept qui redéfinit les relations entre l’artiste, l’œuvre et le public avec des dispositifs participatifs. Elle se voit remettre une dotation de 10 000 euros et une publication à partir d’un entretien inédit et un témoignage.
Les chiffres-clé de l’Observatoire de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication
- Les femmes représentent 64 % des effectifs des écoles formant aux métiers des arts et de la culture mais seulement 43 % des salariés en 2023.
- 16 % d’écart de salaire entre une femme et un homme dans les métiers du spectacle et de l'audiovisuel en 2023.
- 47 % de femmes à la direction des DRAC au 1er janvier 2025, 56 % à la tête des directions générales des musées nationaux, 40 % aux postes de direction des structures de la création artistique.
- Les œuvres des femmes moins visibles que celles des hommes : 27 % de femmes réalisatrices de longs-métrages, une part en baisse de 3 points.
- Des aides plus faibles pour les femmes : pour le théâtre et les arts associés, 40 % d’équipes aidées dirigées par des femmes pour 32 % des montants ; dans le domaine de l’édition, elles reçoivent 50 % des aides pour 57 % de demandes ; dans le cinéma, en 2024, les femmes représentent 40 % des personnes candidates aux aides à l’écriture du CNC et 38 % des bénéficiaires.
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