C’est l’un des nombreux mérites de la Fête du court métrage : faire découvrir la richesse – et la variété ! – insoupçonnées d’une production cinématographique pleine de vitalité. Avec une programmation de quelque 150 films courts à travers tout le territoire, c’est peu de dire que cet événement unique en son genre, dont l’édition 2023 se tiendra entre le 15 et le 21 mars, a gagné son pari, celui de partager avec le plus grand nombre le meilleur d’une production passionnante.
L’enjeu est bien de toucher un large public, et non les seuls habitués du genre. « Notre objectif est de s’adresser à des gens qui ne connaissent pas le court métrage », assure Roland Nguyen, président de l’association « Faites des courts Fête des films », initiateur de la manifestation. Pour cela, l’événement n’hésite pas à proposer de diffuser les films courts non seulement dans les salles de cinéma, mais aussi dans les écoles, les hôpitaux, les Ephad, les centres de détention… Entretien.
Comment la Fête du court métrage se positionne-t-elle par rapport aux 400 festivals du court métrage qui ont lieu chaque année en France ?
Les festivals sont essentiels pour promouvoir le court métrage mais ils s’adressent à un public motivé, qui connaît le cinéma ou qui a envie d’en faire et d’apprendre. Le plus emblématique est celui de Clermont-Ferrand bien sûr, chaque année, près de 70 000 spectateurs viennent dans le Puy-de-Dôme, mais je pense aussi à ceux de Brest, de Trouville, d’Aix-en-Provence… chacun crée son festival avec sa spécificité régionale.
L’objectif de la Fête du court métrage est de s’adresser à des gens qui ne connaissent pas le court métrage. Le temps où les salles projetaient un court métrage au début de chaque séance est révolu, quelques-unes seulement le font encore. Nombreux sont ceux qui découvrent que le court métrage est un genre à part. La raison pour laquelle nous tenons tant à le faire découvrir est simple : tous les grands noms du cinéma, non seulement les réalisateurs, les comédiens, mais l’ensemble des professions du cinéma, viennent du court métrage.
Le court métrage est-il selon vous au cinéma ce que la nouvelle est à la littérature ?
Absolument, il est beaucoup plus difficile de raconter une histoire en dix minutes qu’en deux heures. Pour cela, il faut parfaitement maîtriser le langage cinématographique, faire des ellipses, des arrêts sur images. L’exercice de la nouvelle en littérature, avec ses contraintes spécifiques, est certainement du même ordre. Pour que des tranches de vie touchent le spectateur, il faut qu’elles aient un aspect universel.
Quel est le principe de la Fête du court métrage ?
C’est d’offrir des projections gratuites de court métrages à un maximum de monde. Nous allons dans les hôpitaux, les Ephad, les prisons, les lycées… Le court métrage est le format idéal pour attirer les publics et leur faire découvrir un langage cinématographique. Aujourd’hui, les gens n’ont plus le temps de rester longtemps devant les écrans, nous allons vers eux dans un contexte où ils peuvent prendre ce temps. 150 courts métrages sont sélectionnés chaque année. A ce jour, 7 800 organisateurs sont inscrits pour 10 830 projections. 300 cinémas participent, ce dont nous sommes très fiers, cela correspond à 4 300 communes participantes, ce qui rapporté au nombre des communes en France représente environ 10% des villes. Sans parler de l’international : grâce à l’Alliance française, à l’Institut français, aux lycées français, à TV5 monde, 66 pays participent à la Fête du court métrage à travers le monde.
La manifestation est accompagnée d’ateliers et d’animations spécifiques mais aussi d’actions en direction des publics éloignés de la culture.
C’est un volet capital de notre action. Dans les hôpitaux, on connaît les actions des musiciens et des mimes, nous apportons notre petite pierre cinématographique. S’agissant de notre action en milieu pénitentiaire, un atelier de programmation avec les détenus a en particulier eu lieu récemment au centre pénitentiaire de Fresnes et sera restitué pendant la Fête du court métrage.
Vous avez également des villes ambassadrices, comment les choisissez-vous ?
D’un côté, il y a des villes qui accueillent des festivals historiques, Nice, Cannes, Aix-en-Provence, Brest, de l’autre, des villes qui changent chaque année, enfin, une ville sur le territoire de laquelle est implantée une structure associative dédiée au cinéma qui a envie de se lancer. Cette année, il s’agit de l’association « Les Yeux Rivés » à Romans-sur-Isère. Outre Nice, Cannes, Aix-en-Provence, et Brest, les villes ambassadrices cette année sont Amiens, Paris, Issy-les-Moulineaux, Caen, Reims, Rennes Metz, Pays de Retz, Brive, Gap, et Toulouse, ainsi que le département de La Réunion qui, à l’égal des villes ambassadrices, fait montre d’une implication remarquable. Nous souhaitons d’ailleurs à l’avenir que les territoires ultramarins fassent de plus en plus partie de l’aventure.
Autre spécificité, chaque édition de la Fête du court métrage a ses jeunes talents…
Chaque année, nous promouvons de jeunes talents qui ensuite deviennent généralement des talents confirmés du long métrage. Au départ, nous privilégions les réalisateurs, les comédiens, les scénaristes, puis, petit à petit, nous nous sommes intéressés à des métiers tout aussi nobles et essentiels du cinéma mais souvent peu valorisés, le directeur de la photo, le décorateur, le créateur de costumes… La liste des talents est d’ores et déjà ouverte aux directeurs de la photo et aux compositeurs de musique. Par ailleurs, je plaide pour que des talents étrangers nous rejoignent. Cette année, le réalisateur belge Valéry Carnoy fait ainsi partie des talents de l’année.
L’objectif bien sûr est que les talents soient les ambassadeurs en chair et en os de la Fête du court métrage. Les quatorze talents de cette année vont ainsi participer partout en France à de nombreux colloques et débats sur les films. Parmi les talents des années précédentes, je pense à Alice Diop, Céline Devaux, Rémi Durin, Maïmouna Doucouré, Charlène Favier, Sofia Alaoui qui a reçu le César du meilleur court métrage, mais il y en a tant d’autres… Ce qui est formidable avec le court métrage, c’est qu’il y a toujours une récompense à la fin.
La Fête du court métrage, c'est...
> 150 courts métrages sélectionnés
> 7 800 organisateurs inscrits
> 10 830 projections de films cours
> 300 cinémas participants
> 4 300 communes participantes, ce qui représente environ 10% des villes
> 66 pays participants à travers le monde.
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