Lauréat du programme de résidences internationales de la Ville de Paris aux Récollets en 2019, Roger Ballen présente à la Halle Saint Pierre son travail, entre photographies et installations inédites produites in situ, ainsi que sa collection personnelle d’art populaire. À l’origine d’un style unique, hors-normes, qu’il définit lui-même de "ballenesque", il s’agit de l’un des photographes les plus importants de sa génération. Après avoir acquis une reconnaissance internationale en collaborant notamment avec le groupe Die Antwoord, il renouvelle depuis peu sa technique de création. Utilisant dessins, peinture, collages et diverses techniques sculpturales, il invente une nouvelle esthétique hybride encore fortement enracinée dans l’art photographique.
© Roger Ballen, Walf, 2012
Roger Ballen, né à New York en 1950, géologue de formation, vit depuis plus de 30 ans en Afrique du Sud. Son doctorat en économie minière le conduit à Johannesburg, où il découvre le monde désolé des lointaines banlieues, des petites villes et des campagnes sud-africaines écrasées par le soleil de midi. Parti à la rencontre des habitants, il découvre leurs intérieurs et leur monde fermé, avec un effet indélébile sur son travail. Développant sa critique sociale, il laisse de côté son approche du monde rural dépeint en 1986 dans Dorps, Small Towns of South Africa, puis dans Platteland en 1994, portrait réaliste et pitoyable du monde rural durant l’Apartheid, pour se concentrer alors sur la vie urbaine à Johannesburg. Comme le souligne Martine Lusardy, "Beaucoup de murs qu’il a photographiés revêtent selon lui la qualité d’oeuvres d’art et auraient leur place dans un musée. Pour le photographe, il ne s’agit donc pas seulement d’une prise conscience mais aussi d’une prise de vision. […] L’acte de photographier s’impose, non comme un témoignage, mais comme un devoir de transfiguration. Ce sont les profondeurs de l’âme humaine que la photographie de Roger Ballen explore, là où le monde qui a perdu le sens de l’équilibre a laissé le trouble de sa trace."
© Roger Ballen, Inevetable, 2013
Dans la série Outland (2000) puis avec Shadow Chamber (2005), Roger Ballen explore et documente la vie des personnes vivant en marge de la société sud-africaine. Dans les séries suivantes, Boarding House (2009) et Asylum of the Birds (2014), la frontière entre imaginaire et réalité devient de plus en plus ténue, à travers des décors élaborés utilisant de multiples médiums. L’individu devient un accessoire, sous la forme de poupées factices désincarnées. Dans ses scénarios souvent improvisés, l’apparition d’animaux au comportement imprévisible apporte tous son sens à on œuvre. L’artiste élargit son répertoire et son langage visuel en introduisant le dessin dans ses oeuvres photographiques et vidéo. Un certain nombre de courts métrages s’harmonisent à merveille avec ses séries photographiques, tel le film collaboratif I Fink You Freeky, créé pour le groupe culte Die Antwoord en 2012. Roger Ballen a remporté le Prix de la meilleure exposition pour son installation spectaculaire aux Rencontres d’Arles en 2017, Maison de la Ballenesque.
© Roger Ballen, Minicry, 2005
Commissaire d’exposition : Martine Lusardy, directrice de la Halle Saint Pierre
Exposition du 7 septembre 2019 au 31 juillet 2020. Halle Saint-Pierre, 2 rue Ronsard – 75018 Paris. Ouverture tous les jours, en semaine de 11h à 18h, le samedi de 11h à 19h, le dimanche de 12h à 18h.
Partager la page