Jane Poupelet (Clauzure, 1874 - Talence, 1932)
Fille d’un avocat et sous-préfet, élevée en Dordogne périgourdine, Jane Poupelet fait ses études à l’école des beaux-arts et des arts décoratifs de Bordeaux, où elle est la première femme admise. En 1892, elle obtient un diplôme de professeur de dessin. Insatisfaite par l’enseignement académique qu’elle reçoit, elle effectue un rapide passage à l’Académie Julian, dans l’atelier de Denys Puech. Puis, entre 1897 et 1900, elle poursuit sa formation auprès du sculpteur Lucien Schnegg, qui réalise notamment son portrait (Paris, musée d'Orsay). Entre 1899 et 1901, durant trois années, elle expose au Salon sous le pseudonyme masculin de Simon de la Vergne. Et c’est donc sans savoir qu’il s’agit d’une jeune fille que le jury lui décerne une médaille de bronze pour une Fontaine décorative (1900). A la suite de ses envois au Salon, en 1904, la Société Nationale des Beaux-Arts attribue à la jeune sculptrice une bourse : elle utilise les fonds reçus pour voyager dans les pays méditerranéens (Italie, Tunisie, Algérie, Espagne).
A ses débuts, elle façonne des nus féminins, aux formes sensuelles et pleines, empreintes d’une grâce sévère, qui rappellent l’admiration de la sculptrice pour la statuaire antique vue à Naples. Outre cette production, elle se spécialise dans la sculpture animalière, qui séduit largement le public et lui assure une rente. Se démarquant du genre spécialisé qu’est la représentation d’animaux nobles, elle sculpte des bêtes de la ferme comme un coq (Paris, musée national d'art moderne, Centres Georges Pompidou) ou une chèvre (Paris, musée national d'art moderne, Centres Georges Pompidou), dans des formes géométriques et légèrement schématiques. « La longue lignée française des tailleurs d’images compte désormais un sculpteur enjuponné et qui ne cède rien pour la hardiesse de la pensée et l’énergie de l’exécution aux maîtres les plus virils. » écrit Marcel Pays dans Le Radical en 1908. Pour créer ses œuvres singulières, Jane Poupelet développe une technique toute personnelle : elle modèle une pièce en terre glaise, elle la moule en plâtre, puis elle sculpte longuement ce moulage, qui était fondu, et enfin elle cisèle et patine elle-même ses bronzes.
Durant la Grande Guerre, elle abandonne son travail personnel et se consacre à la confection de jouets en bois au profit d’œuvres caritatives. Attachée à la Croix-Rouge américaine, elle rejoint la sculptrice américaine Anna Ladd. Pour rendre l’apparence d’un visage aux mutilés de la face du Val-de-Grâce, plus communément appelés « gueules cassées », elle modèle des prothèses et des masques en usant des techniques traditionnelles du portrait (moulage sur le vif, reconstitution du visage d’après des photographies).
En 1921, elle est élue présidente de la Société nationale des beaux-arts. Après 1925, malade, elle abandonne la sculpture pour le dessin. Dans ses œuvres sur papier, elle s’emploie toujours à représenter des animaux et des corps féminins dans des attitudes quotidiennes. En 1928, elle est nommée chevalier de la Légion d’honneur. En 1932, elle fonde avec Pompon le « Groupe des XII », rassemblant douze peintres et sculpteurs animaliers.
La figure de Jane Poupelet a été mise en valeur lors d’une exposition en 2005-2006 à La Piscine Musée d’Art et d’industrie - André Diligent à Roubaix, au musée des Beaux-Arts de Bordeaux et au musée Despiau-Wlérick de Mont-de-Marsan.
Franny Tachon
Sélection d'oeuvres de Jane Poupelet sur la base Joconde Pop
Bibliographie
Rivière Anne (dir.), Jane Poupelet : 1874-1932 : « la beauté dans la simplicité », cat. expo., La Piscine, Roubaix ; musée des beaux-arts, Bordeaux ; Musée Despiau-Wlérich, Mont-de-Marsan (2005 – 2006), Paris, Gallimard, 2005
Gonnard Catherine, Lebovici Elisabeth, Femmes artistes, artistes femmes. Paris, de 1880 à nos jours, Paris, Hazan, 2007
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