Sur le terrain, le bon ethnographe s’attache à ce qui empêche ses interlocuteurs de dormir tranquilles, ce qui les passionne, les fait débattre à l’infini, les met en joie ou en larmes, les émeut... En France et en Europe, il y a à peine un demi-siècle que le patrimoine fait pleinement partie de ces causes pour lesquelles individus et collectifs se mettent en mouvement. Ce livre analyse cette révolution, discrète mais profonde. Il la saisit dans la diversité concrète des mobilisations. Les unes sobres, les autres expansives. Certaines canalisées par le savoir-faire administratif, quelques-unes débordant tous les cadres et s’épanchant en résistance inattendue, spectaculaire, radicale.
Une question anthropologique court dans cette enquête : comment est-on sorti du temps des monuments qui incarnaient de façon très persuasive la patrie, grande ou petite, pour entrer dans le temps du patrimoine où se forge un tout autre rapport sensible au passé et où s’inventent des engagements inédits ? Mais ce régime patrimonial, plus ou moins promu à l’échelle du monde, se heurte un peu partout à des réactions politiques puissantes que la comparaison ethnologique nous aide à identifier.
Daniel Fabre, anthropologue, est directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, directeur de l’Institut interdisciplinaire d’anthropologie du quotidien (CNRS/EHESS) et, en son sein, du Laboratoire d’anthropologie et d’histoire de l’institution de la culture (LAHIC). Professeur extraordinaire à l’université de Rome Tor Vergata, il a récemment lancé et animé plusieurs enquêtes collectives sur les appropriations contemporaines du passé, dont celle-ci.
Ce livre rassemble les contributions de David Berliner, Irina Chunikhina, Françoise Clavairolle, Daniel Fabre, François Gasnault, Nathalie Heinich, Michael Herzfeld, Anna Iuso, Christina Kott, Frédéric Maguet, Berardino Palumbo, Anthony Pecqueux et Jean-Louis Tornatore, Sylvie Sagnes, Claudie Voisenat, Bérénice Waty.
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