Indispensables accessoires
Qu'il s'agisse de créer un léger souffle d'air dans une atmosphère confinée ou estivale, l'éventail fut depuis l'Antiquité un accessoire prisé des femmes... Utilisé traditionnellement comme protection contre le froid, les travaux manuels ou les blessures lors des combats, le gant a également été longtemps un objet hautement symbolique. Retrouvez, au gré des collections des musées de France en ligne sur Joconde, le charme de ces indispensables accessoires.
Crédits : ces contenus étaient originellement publiés sur le site Joconde. Il ont été constitués en 2011 par Carine Prunet et Mathilde Huet du Service des musées de France. Les notices du musée sont en ligne sur POP, plateforme ouverte du patrimoine.
De l'air et de l'allure : l'éventail
Tous les éventails et représentations d'éventail sur Joconde
Écrans à main et éventails...
Qu'il s'agisse de créer un léger souffle d'air dans une atmosphère confinée ou estivale, de dissimuler un regard ou un sourire, l'éventail fut depuis l'Antiquité un accessoire prisé des femmes. Il est connu, en vannerie, en Afrique et en Polynésie, sous sa forme la plus simple : végétal, fixe et doté d'un manche. Si les "écrans à main" connurent une certaine vogue, c'est avec son fonctionnement articulé que l'éventail, venu d'Asie, séduisit l'Occident du 17e à la fin du 19e siècle, jusqu"à devenir l'un des symboles d'un pays comme l'Espagne.
La monture de l'éventail est composée de deux lames extérieures, les "panaches" et de brins. Les éventails "brisés" sont constitués des seules lamelles de matière dure, pleine ou délicatement repercée (ivoire claire ou peinte, écaille, corne, bois) réunies par un ruban ou un fil.
La monture des éventails "pliés", souvent faite de nacre, est ornée d'une ou deux "feuilles" de soie peinte ou dorée, dentelle ou papier. Brins ou feuilles sont les supports de décors très variés, répartis en cartouches et médaillons ou occupant tout l'espace de l'éventail, souvent différents à l'endroit et au revers : paysages, scènes mythologiques, bibliques ou historiques, décor publicitaire, représentations végétales ou agrestes, sans oublier les "chinoiseries".
La monture, qu'elle soit "squelette", "battoir" ou encore "Pompadour" est solidarisée par une rivure, parfois sertie. La dragonne à pompon qui y pend fréquemment permettait une gestuelle étudiée. Des plumes pouvaient magnifier l'ensemble par leurs couleurs et leur mouvement.
Si plusieurs artistes travaillèrent sur des projets d'éventails, il faut souligner que l'éventail lui-même fut abondamment représenté en sculpture, sur des objets ou surtout en peinture.
De fait, en tant qu'accessoire donnant une contenance au modèle qui le tient souvent fermé dans sa main - plus rarement largement déployé - l'éventail s'avère être au portrait féminin ce que le gant est au portrait masculin.
La mode de l'éventail, comme une certaine image de l'élégance féminine qu'il entretint, perdura jusqu'à tomber en désuétude après la première guerre mondiale.
Le gant
Utilisé traditionnellement comme protection contre le froid, les travaux manuels ou les blessures lors de combats, le gant a pourtant été longtemps un objet très symbolique.
Ainsi, dès le 11e siècle, dans la Chanson de Roland, le neveu de Charlemagne, sentant sa mort prochaine, offre son gant à Dieu, en signe de soumission.
Pour ce faire, des confréries de gantiers sont créées dès le 14e siècle. Elles s'installent dans des régions riches en élevage de chevreaux ou d'agneaux et en rivières pour le tannage. Mais l'odeur des peaux reste assez forte. On la fait disparaître en fumant les peaux ("per fumare"), et en y ajoutant du musc ou de l'ambre de cachalot. C'est pourquoi les gantiers deviennent également "parfumeurs".
Très tôt, les hommes d'église, qu'ils soient papes ou évêques, s'emparent du gant pour l'élever au rang d'accessoire liturgique, lors de certaines cérémonies. Ces gants sont alors en soie ou peau très fine, et ornés de pierres précieuses ou de plaques en métal.
Le gant, en tant que symbole du pouvoir, se trouve aussi associé à la royauté. Ainsi, lors du sacre des rois de France, le roi est tenu de porter des gants qui ne sont portés qu'une seule fois, puis brûlés. Les reines et les empereurs en portaient également...
Par effet d'imitation, l'aristocratie va utiliser, peu à peu, le gant comme signe distinctif de classe, et le mettre ostensiblement en valeur dans les portraits, tout au long des 16e siècle, 17e siècle et 18e siècle.
Après la Révolution française et durant tout le 19e siècle, le gant se démocratise et est désormais perçu comme un accessoire de mode. Pour les femmes, selon la forme des manches du vêtement, il enserre la main jusqu'au poignet ou bien monte jusqu'au coude.
Il a alors un rôle évident de séduction, voire de fétichisme, alors qu'un gant blanc demeure, lui, associé à la pureté. Ne disait-on disait pas d'une jeune fille qu'elle "avait perdu ses gants", si elle avait "fauté" avant mariage...
Pour les hommes, enfin, il est surtout signe d'élégance et est souvent associé à une canne.
Plus près de nous, le gant joue toujours un rôle important dans le sport : escrime, boxe, chistera.... Mais il a désormais perdu de sa force symbolique. A nous d'en chercher peut-être le sens, lorqu'il nous apparaît sous des formes inattendues...
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