Marc BOURREAU, François MOREAU, Pierre SENNELLART
octobre 2011
16 p.

Le marché du disque est réputé pour être très concentré sur un petit nombre de firmes, les quatre majors réalisent en effet les trois quarts des ventes, alors que plusieurs centaines de labels indépendants se partagent le reste du marché. De plus, l’industrie de la musique enregistrée s’inscrit dans la logique du modèle éditorial. En raison de faibles coûts fixes de production et de l’incertitude entourant le succès d’une œuvre donnée, le nombre de variétés produites est très élevé et quelques succès permettent de compenser les nombreux échecs commerciaux. Après une décennie 1990 florissante, l’industrie de la musique enregistrée s’est, depuis 2003, enfoncée dans la crise. Sans que l’on cherche ici à identifier l’ampleur ni même l’existence d’une causalité entre les deux phénomènes, la crise des ventes de musique enregistrée s’inscrit en parallèle d’un processus avancé de numérisation de la filière.

En matière de diversité, l’industrie de la musique enregistrée offre donc un éclairage spécifique : comment évolue la diversité culturelle dans une industrie en crise ? Comment les ventes en ligne influent-elles sur la diversité ? Le poids conjugué très important de la grande distribution alimentaire et des grandes surfaces spécialisées dans les produits culturels dans les ventes de musique enregistrée a-t-il des conséquences en matière de diversité ?L’industrie musicale française est en crise depuis le milieu des années 2000. Les ventes ont chuté alors même que le processus de numérisation des contenus se développait. Comment apprécier l’incidence sur la diversité culturelle de la production et de la consommation d’une filière en crise ? Fondée sur l’approche d’Andrew Stirling, la mesure de la diversité culturelle est analysée selon trois dimensions : la variété produite et consommée, l’équilibre des ventes entre les différents titres et la disparité des albums et des artistes écoutés. L’analyse révèle la baisse du poids des majors au profit des petits et gros producteurs indépendants, elle apporte des éléments de réponse sur l’effet de levier des ventes en ligne (hypothèse de la longue traîne) et sur l’appréciation de la diversité dans la part des ventes réalisées en grandes surfaces spécialisées.

The French music industry has been in crisis since the mid 2000s. As content digitisation increased, sales dropped. How are we to assess the impact of the production and consumption of an industry in crisis on cultural diversity? Following Andrew Stirling's approach, cultural diversity is measured according to three criteria: the variety produced and consumed, the balance of sales across different titles, and the range of albums and artists listened to. Analysisshows that the majors have lost out to both small and large independents. It also provides some insights into to the leveraging effect of online sales (the long tail theory) and into the increasing diversity of those sales made by specialist
large-scale retailers.