Ethnologie des monuments historiques, sous la direction de Daniel Fabre. Paris: éditions de la Maison des sciences de l'Homme, 2000, 224 pages.

Érigé pour entretenir la mémoire, le monument énonce le passé en le peuplant des figures que l'autorité souhaite immortaliser. Et la notion de "monuments historiques" ne fait que prolonger cette définition première en choisissant après coup, dans la masse des édifices et des ouvrages de l'art, ceux qui incarnent au mieux le destin imaginé de la nation. Aujourd'hui, si ces conditions originelles ont beaucoup perdu de leur force et de leur sens, l'intérêt pour les hauts lieux, loin de faiblir, n'a jamais été aussi intense. Le livre tente d'en comprendre les raisons. De la Sicile orientale au pays valencien, des châteaux privés français à la cité de Carcassonne en passant par les bourgs et campagnes du Minervois, du Bas-Languedoc et du Périgord, il nous fait voyager dans des territoires et des sociétés marqués par la conversion monumentale et patrimoniale. L'attention ethnologique s'adresse ici, en priorité, aux habitants, aux visiteurs, à tous ceux qui vivent au présent familier la majesté monumentale et en domestiquent, sur un mode imprévu, les pouvoirs.