PRUVOST Geneviève, Paris: Éditions de la Maison des sciences de l'homme, 2007, 307 pages, ISBN 978-2-7351-1146-6

   L’accès des femmes aux pleins pouvoirs de police est récent. Depuis une trentaine d’années, les policiers de sexe féminin suivent la même formation, sont dotées des mêmes habilitations judiciaires et du même armement que les hommes. S’agit-il d’un changement profond dans la conception de l’ordre public ? Ont-elles accès aux mêmes services et aux mêmes missions ? Comment s’intègrent-elles à la sociabilité virile des commissariats ? Telles sont quelques unes des questions auxquelles Geneviève Pruvost répond dans cet ouvrage pionnier qui constitue la première recherche française d’ampleur sur la féminisation de la police.

   L’étude fouillée -qualitative et quantitative- menée pendant sept ans par l’auteur permet de suivre et de comprendre les trajectoires des « femmes policiers », de la fabrique familiale de la vocation à la gestion de la carrière, de la scolarité aux coulisses du métier, du travail sur la voie publique aux arrangements avec le conjoint, de l’accomplissement des tâches nobles au « sale boulot ». Elle montre comment, en adoptant les codes virils en vigueur, ces femmes tentent d’échapper aux stéréotypes de fragilité et d’indisponibilité, qui leur sont encore trop souvent accolés.

   Ce livre met ainsi l’accent sur les arrangements, les processus d’ « asexuation » et les possibles neutralisations d’un espace fortement sexualisé, tout en pointant les discriminations et les contraintes fortes qui entravent la progression des femmes dans la profession. Geneviève Pruvost cerne, au plus près et avec une grande finesse, la diversité des interactions entre hommes et femmes dans la police nationale. A l’originalité d’une démarche attentive à la mobilité de genre, s’ajoute celle d’une approche compréhensive des principes fondateurs de l’institution policière.

Geneviève Pruvost est chargée de recherche au CNRS (Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales). Ce livre est issu de sa thèse L’accès des femmes à la violence légale. La féminisation de la police (1935-2005), soutenue à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales en 2005.