La ministre de la Culture et de la Communication a souhaité associer à la Semaine d'éducation et d'action contre le racisme et l'antisémitisme, des personnalités du monde de la culture. Il leur a été demandé de choisir une œuvre (une peinture, une sculpture, un poème, un morceau de musique, une chanson, une photo ou un extrait de film ou de vidéo) qui symbolisent pour eux l'ouverture à l'autre ou le refus du rejet de l'autre et d'illustrer ce choix par un commentaire personnel.

Najoua Arduini-Elatfani

Najoua Arduini-Elatfani, membre du Collège de la diversité.
Le concert improvisé du violoncelliste Mstislav Rostropovitch devant le mur de Berlin le 11 novembre 1989.
C'est un concert qui pour moi symbolise "l'art au service de l'humanisme".
Un souvenir qui permettait de caresser le bel espoir que ne soit plus jamais érigé dans le monde un quelconque "murs de haine et de rejet", sauf qu'aujourd'hui plusde 40 barrières de séparation internationales ont été bâties, où sont en cours de construction...

Laurent Bayle

Laurent Bayle, directeur général de la Cité de la Musique-Philharmonie de Paris
Au cours des dernières décennies, plusieurs compositions musicales marquantes ont été directement inspirées par la volonté de lutter contre le racisme ou l’antisémitisme.
A titre d'exemple, Sinfonia de Luciano Berio, composée en 1968, pour grand orchestre et huit voix, est un prodigieux collage de citations textuelles et musicales qui balaient trois siècles de l'histoire de la musique occidentale et qui traduisent les préoccupations sociales de l'auteur. Ainsi, le deuxième mouvement titré "O King" est dédié à la mémoire de Martin Luther King. La partie musicale est constituée exclusivement par les lettres de son nom.

Catherine Blondeau

Catherine Blondeau, directrice chez le Grand T (Nantes)
Je choisis « Petits chocs des civilisations » de Fellag. Au cœur de ce one-man show populaire : les relations entre les Français et les Algériens.  Fellag nous fait rire de bon cœur de nos différences et de nos préjugés sans pour autant passer sous silence la violence de notre histoire commune. L'humour comme antidote à la haine. »

David Bobée

La vidéo de Yaël Bartana: "Nightmares", au Musée Oskar Shindler de Cracovie. Elle filme le discours d'un orateur contemporain adressé aux millions de juifs disparus en Pologne, comme s'ils étaient encore en vie, comme s'ils avaient dû simplement fuir, les enjoignant à rentrer vivre en Pologne, à rentrer chez eux. Le discours s'adresse au vide du stade abandonné de Varsovie. Le vide et le silence du lieu donnent à comprendre que les 3 300 000 juifs qui vivaient en Pologne avant l'Holocauste ne reviendront pas. Une leçon d'histoire contemporaine comme aide mémoire pour une Pologne contemporaine devenue folle et une Europe, à la mémoire désespérément courte.

Fulvio Caccia

Fulvio Caccia, un écrivain italien contemporain, poète, nouvelliste et essayiste, directeur de l’Observatoire de la Diversité Culturelle.
Tinghir-Jérusalem : les échos du Mellah
 un film franco-marocain de Kamal Hachkar
Récit d’un exil, Tinghir-Jerusalem, Les échos du Mellah suit le destin de la communauté juive ayant quitté le village Berbère de Tinghir au Maroc, dans les années 50/60. Kamal Hachkar, originaire de Tinghir, nous emmène à la croisée des cultures et fait résonner les chants, les voix et les histoires de cette double identité partagée entre juifs et musulmans.
"Sois pluriel comme l'univers" , Fernando Pessoa

Karine Gloanec-Maurin

Karine Gloanec-Maurin, inspectrice générale des affaires culturelles, haut fonctionnaire en charge de la Diversité
"La Ligne de couleur " (2014) - un film de Laurence Petit-Jouvet.
Vivre en France lorsqu’on est perçu comme arabe, noir ou asiatique.
Des hommes et des femmes, français de culture française, parlent chacun dans une «lettre filmée » de leur expérience singulière, intime et sociale, d’être regardés comme non-blancs et d’avoir à penser à leur «couleur»

Mémona Hintermann Afeejee

Mémona Hintermann Affejee, conseillère en charge de la diversité au Conseil supérieur de l’audiovisuel
Lors d'une visite au musée de l'Orangerie, je suis tombée sous le charme d'un tableau de Derain "Le Noir à la mandoline ". Pour moi qui suis née et ai grandi à l'île de la Réunion, cette œuvre symbolise le talent donné comme une grâce à tout être humain. Même si aujourd’hui, on n'oserait plus définir un musicien par sa couleur...

Hélène Orain

Hélène Orain, Directrice générale de l’Établissement public du Palais de la Porte Dorée
Mon choix personnel est la machine à rêve de Kader Attia, qui est exposée dans nos collections permanentes. Avec humour, Kader Attia, propose au public de réfléchir à la quête identitaire et au désir d'intégration des nouvelles générations de français. Dans cette version qu'il a conçue pour le musée, la jeune femme, vêtue d'un tee-shirt « hallal », s'apprête à acheter ces objets identitaires du distributeur (kit de mariage, gin hallal, passeport banlieue etc…). En détournant ces objets, l'artiste a voulu souligner combien la quête est vaine quand elle s'appuie uniquement sur les symboles de la société de consommation. Kader Attia, l'un des artistes phare du Palais, est cette année dans la sélection pour le prix Marcel Duchamp. »

Jade Phan-Gia

Jade Phan-Gia, comédienne
« Le documentaire « Camera Kids » de Ross Kauffman et Zana Briski véhicule un vibrant message d’espoir : L’Art comme force immense de salut et d’ascension.
Hommage à la résilience de l’enfance et au pouvoir de l’art, Camera Kids est un portrait d’enfants inoubliables qui vivent dans le quartier chaud de Calcutta, où leurs mères sont des prostituées. Zana Briski, photographe new-yorkaise, donne un appareil photo à chaque enfant et leur enseigne à observer le monde avec des yeux neufs.

Virginie Sassoon

Virginie Sassoon, Vice-Présidente Club XXI siècle
Mon coup de cœur est « Mariam’ d’Alexis Peskine ». Le travail de l’artiste plasticien Alexis Peskine exprime des problématiques identitaires en prise avec les rapports sociaux de sexe et d'ethnicité. Il interpelle nos habitudes de pensée en détournant des symboles de notre culture commune. J’aime particulièrement le triptyque intitulé Mariam’, en référence à la Marianne et à la devise « Liberté, Égalité, Fraternité ».  Ce détournement est un moyen d’affirmer, dans une France plurielle, la possibilité pour tou-te-s les citoyen-ne-s d’incarner les valeurs de l’idéal républicain. Les oeuvres d'Alexis Peskine ont été une grande source d'inspiration pour illustrer ma thèse « Femmes noires sur papier glacé »

Moïse Touré

Moïse Touré, metteur en scène

Le spectacle « solitude » mis en scène par Fani Carenco qui porte sur une page sombre et peu connue de l’histoire de la France : le rétablissement de l’esclavage en Guadeloupe par Napoléon, au lendemain de la Révolution Française. Portée par une comédienne du Burkina Fasso, une comédienne de Guadeloupe et un comédien de France métropolitaine, cette adaptation du récit d’André Schwarz Bart fait ressortir les histoires personnelles dans la grande Histoire. La poésie du texte laisse place à l’espoir qui dort en chaque être humain.