Fonds du musée national des Arts et Traditions populaires (1937-2005)
Les archives du MNATP, versées aux Archives nationales (France), sont des archives publiques au sens de la législation sur les archives en vigueur.
1. Historique de l'institution
- L’origine du MNATP
En 1878, l'Exposition universelle a révélé au public des objets « pittoresques » des sociétés paysannes européennes, créant un tel engouement qu'il est décidé, l'année suivante, d'ouvrir, sur le lieu même de l'exposition, le musée d'Ethnographie du Trocadéro. En 1884, l'ouverture de la « salle de France », qui rassemble des costumes traditionnels français et reconstitue quelques intérieurs paysans collectés par Armand Landrin, marque véritablement l'origine des arts et traditions populaires en France.
En 1928, Paul Rivet, nommé directeur du musée d'Ethnographie, assisté de son adjoint et muséographe, Georges-Henri Rivière, décide de réorganiser l’institution. Cette entreprise conduit quelques années plus tard à la double création du Musée de l'Homme, consacré à l'ethnologie dite « exotique », et d'un « musée du Folklore français ».
Le 1er mai 1937, le décret portant la création d'un « département des Arts et Traditions populaires » au sein des Musées nationaux, installé dans le Palais du Trocadéro (futur Palais de Chaillot), est signé par Albert Lebrun, président de la République. La direction en est confiée à Georges-Henri Rivière, qui s'attache dès lors à étudier, montrer, valoriser et faire connaître les cultures populaires. Dès l’origine, il inscrit le MNATP dans la catégorie du « musée-laboratoire », liant intimement recherche et collecte, selon des préceptes scientifiques et méthodologiques déjà élaborés au musée d'Ethnographie du Trocadéro.
- La recherche
Entre 1937 et 1972, date de son installation aux abords du bois de Boulogne, une série d'enquêtes est organisée, notamment des enquêtes de terrain, à l'issue desquelles les enquêteurs rapportent des objets (meubles, textiles, ustensiles domestiques, etc.). Au cours de ces enquêtes sont produits des documents (carnets de croquis, journaux de route, photographies, etc.) destinés à être versés à l'Office de documentation folklorique du Musée, ancien service des archives et de la documentation photographique, selon des procédures strictement établies par Georges-Henri Rivière. Parmi les enquêtes les plus importantes organisées à cette époque, sont à citer :
- l'enquête en Sologne (1937), qui étudie des fermes, l'artisanat, des pèlerinages et des dévotions, et l'enquête sur le folklore musical en Basse-Bretagne (1937-1939) ;
- les enquêtes inscrites dans les « Chantiers intellectuels » organisés dans le cadre du commissariat à la Lutte contre le chômage de la délégation générale à l'Équipement national : enquête sur l'architecture rurale (EAR, chantier 1425, 1941-1946), enquête sur le mobilier traditionnel (EMT, chantier 909, 1941-1946) et enquête sur les techniques artisanales (chantier 1810, 1942-1946) ;
- l'enquête menée dès 1947 par Pierre Soulier sur le patrimoine du théâtre de marionnettes français, qui a permis l'acquisition de théâtres entiers, de décors, de photographies et de milliers de marionnettes ;
- deux enquêtes organisées par le CNRS, avec le concours du MNATP, en 1964-1968, dans le cadre des Recherches coopératives sur programme (RCP), qui ont permis l'étude pluridisciplinaire de deux régions : l'Aubrac et le Châtillonnais, ainsi que la collecte d'objets. La reconstitution du « buron de l'Aubrac », ferme où se fabrique le fromage, né de la collecte, devient un point fort de la muséographie de Georges-Henri Rivière, dans la « galerie Culturelle » du musée.
En 1966, la recherche au sein du musée devient institutionnelle, par la signature d'une convention entre le CNRS et la direction des Musées de France, marquant ainsi la création du laboratoire associé au musée : le Centre d'ethnologie française (CEF).
- Les collections
Le 18 avril 1884, à son ouverture, la « salle de France » présente la variété des provinces françaises. Les objets exposés figurent parmi les plus anciens inscrits sur les inventaires du musée. En 1937, le MNATP qui, à son ouverture, occupe 2 000 m² dans les sous-sols du Palais de Chaillot, regroupe les collections françaises provenant du musée d'Ethnographie du Trocadéro, soit 7 334 objets référencés.
À partir de 1939, les enquêtes de terrain lancées par Georges-Henri Rivière, l’enquête sur la musique instrumentale en Basse-Bretagne et les trois grands chantiers nationaux sur le mobilier traditionnel, l'architecture rurale et les techniques de l'artisanat contribuent à un enrichissement massif des collections. Objets, estampes, cartes postales, photographies et enregistrements sonores sont autant de témoignages de la France rurale. L'implantation au MNATP, entre 1965 et 2005, du Centre d’ethnologie française, devenu Unité mixte de recherche (UMR) du CNRS, participe également à l'accroissement des collections, Enfin, à partir de 1969, alors que l'inventaire comprend déjà plus de 82 000 objets, les campagnes de fouilles et d'acquisitions, financées par le CNRS et l'EHESS et dirigées par le groupe d'archéologie médiévale du MNATP, enrichissent les collections du musée de poteries carolingiennes, de céramiques du Beauvaisis et d’objets issus des fouilles du village médiéval de Dracy (Côte-d'Or).
- Les bâtiments
Dans ce contexte de « musée-laboratoire », les locaux du musée au Palais de Chaillot sont vite inadaptés. S’ils permettent l'organisation d'une vingtaine d'expositions temporaires par Georges-Henri Rivière, de 1951 à 1963, ils interdisent l’exposition permanente.
En 1954, le Palmarium du bois de Boulogne est attribué au MNATP afin de pouvoir accueillir le nouveau musée. Mais ce bâtiment en fer, qui ne répond pas aux besoins d'un musée moderne, est démoli. Sur son emplacement est construit le « Nouveau Siège » par l'architecte Jean Dubuisson, élève de Le Corbusier, secondé par Michel Jausserand.
Achevé en 1969, le bâtiment répond aux exigences muséographiques de Georges-Henri Rivière et aux besoins administratif et scientifique du musée (centre de documentation et phonothèque pour la recherche, cinémathèque...). Il renferme une « galerie d'Étude », inaugurée en 1972, destinée aux étudiants, collectionneurs et spécialistes et composée de vitrines consacrées à des thèmes relatifs à la culture populaire française et aux processus technologiques de la société préindustrielle.
En 1975 est ouverte la « galerie Culturelle », à destination du grand public. Élaborée par Georges-Henri Rivière, avec le concours de Claude Lévi-Strauss, elle évoque la culture matérielle et immatérielle de la France rurale.
- Les directeurs successifs du MNATP puis du MuCEM
1937-1966 : Georges-Henri Rivière
1966-1988 : Jean Cuisenier
1988-1992 : Nicole Garnier
1992-1996 : Martine Jaoul
1996-2009 : Michel Colardelle
Depuis 2010 : Bruno Suzzarelli
- Mutation du musée et fermeture
De 1970 à 2005, date de la fermeture du MNATP, les enquêtes-collectes se poursuivent sur des thématiques plus larges. Parmi celles-ci se distinguent celles sur le cirque et la fête foraine (Zeev Gourarier, Jacqueline Christophe), le SIDA (Françoise Loux), le hip-hop et le graffiti (Claire Calogirou) et les musiques amplifiées (Marc Touché), qui contribuent largement à l'enrichissement des collections du musée.
Les objets sont mis en valeur par une centaine d’expositions temporaires entre 1972 et 2005. Cependant, le musée souffre progressivement d'une baisse de fréquentation. À la fin des années 1990, sa restructuration s'impose. En mai 2000, le comité interministériel d'Aménagement durable du territoire (CIADT) confirme la délocalisation du MNATP-CEF à Marseille et sa transformation en musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (MuCEM), décision soutenue par Catherine Tasca, ministre de la Culture et de la Communication.
En 2002, le premier projet scientifique et culturel du nouveau musée, Réinventer un musée. Le musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, est publié. Une antenne est installée à Marseille, chargée d'organiser les expositions et de nouer des partenariats locaux.
En février 2004, Rudy Ricciotti / RTC Associés est lauréat du concours d'architecture pour la construction du nouveau musée sur l'ancien môle portuaire J4. La restauration du fort Saint-Jean est entreprise sous la maîtrise d'œuvre de François Botton, architecte en chef des Monuments historiques. Corinne Vezzoni et Associés remporte le concours d'architecture pour la création du centre de conservation et de ressources (CCR), situé à la Belle-de-Mai. Parallèlement s'ouvre le chantier des collections sur le site parisien.
Par décret du 22 juin 2005, le MNATP est officiellement intitulé musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée. La fermeture au public du musée sur le site parisien intervient en septembre 2005.
Depuis 2005, le chantier des collections à Paris se poursuit, tandis qu'à Marseille, une dizaine d'expositions de préfiguration sont organisées, permettant ainsi au MuCEM de se faire connaître du public.
2. Versements des archives du MNATP aux Archives nationales (France)
- Versement 20140240 (articles 1 à 125)
Musée national des Arts et Traditions populaires. – Administration générale : fonctionnement, partenariats, recherche (1954-2013).
15,30 mètres linéaires
Librement communicable, sauf les articles 20140240/87 à 20140240/90 (dossiers de personnels du CNRS) et l'article 20140240/125 (distinctions honorifiques), communicables à 50 ans à compter de la date du document le plus récent.
Répertoire numérique détaillé par Isabelle Autin-Donsez, Mission des archives du ministère de la Culture
Sommaire du versement
- 20140240/1-20140240/51 Administration générale
- 20140240/52-20140240/60 Participation du MNATP à des instances délibératives
- 20140240/61-20140240/62 Manifestations et colloques
- 20140240/63-20140240/120 Relations avec d'autres institutions et organismes
- 20140240/121-20140240/123 Expertise scientifique sur les collections extérieures (institutions et particuliers)
- 20140240/124 Mécénat
- 20140240/125 Distinctions honorifiques
Versements de même provenance
20120190, 20120297, 20120299, 20120397, 20130007, 20130008, 20130009, 20130042, 20130043, 20130063, 20130065, 20130066, 20130068, 20130098, 20130147, 20130148, 20130151, 20130183, 20130184, 20130185, 20130186, 20130187, 20130200, 20130201, 20130202, 20130203, 20130211, 20130214, 20130217, 20130219, 20130221, 20130222, 20130223, 20130225, 20130226, 20130229, 20130277, 20130319, 20130318, 20130335,
20130336, 20130337, 20130338, 20130415, 20130451, 20130452, 20130478, 20130479, 20130520, 20130521, 20130520, 20130521, 20130597, 20130614, 20130615, 20130620, 20130630, 20130632, 20130633, 20130648 et 20140106.
- Versement 20130043 (articles 1 à 133)
Musée national des Arts et Traditions populaires. - Dossiers relatifs aux archives sonores produites par le département d'Ethnomusicologie et par la Phonothèque.
Lien vers l’instrument de recherche
Relatifs pour l'essentiel aux fonds sonores inédits, ces dossiers se composent de répertoires d'inventaires et de dossiers documentaires relatifs aux fonds sonores et aux missions au cours desquelles ils ont été enregistrés :
- répertoires d'inventaires : répertoires classiques à neuf colonnes correspondant au même type de répertoires pour les inventaires des objets/pièces muséographiques du musée des Arts et Traditions populaires ;
- dossiers documentaires relatifs aux fonds sonores : dossiers dits « dossiers d'œuvres » de la Phonothèque, principalement composés de documentation et de correspondance ;
- dossiers relatifs aux missions ethnomusicologiques dans les régions françaises et les pays de culture française ou d'anciens peuplements français (Antilles, Belgique, Canada français, Louisiane, etc.) : diverses typologies de documents relatifs à l'organisation générale de la mission, l'enquête de terrain et à la documentation collectée sur place. Ces missions sont essentielles à la compréhension de nombreux fonds sonores.
Ces missions de collectes organisées par le département d’Ethnomusicologie sont complétées par les dossiers de suivi des Recherches coopératives sur programme (RCP) en Aubrac et dans le Châtillonnais, travail d'équipe interdisciplinaire placée sous la présidence d'André Leroi-Gourhan, professeur d'ethnologie à la faculté des Lettres et Sciences humaines de Paris, et sous la responsabilité de Georges-Henri Rivière, conservateur en chef du MNATP. Les RCP associaient des chercheurs du Centre d'ethnologie française (MNATP), du Centre de recherches ethnologiques du Centre de sociologie européenne (École pratique des hautes études) et de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), ainsi que des experts extérieurs. Le département d’Ethnomusicologie fournissait le matériel technique et recevait les enregistrements sonores effectués durant ces enquêtes. Il conservait donc un dossier de suivi des RCP et les dossiers des chercheurs du service impliqués.
- Versement 20130318 (articles 1 à 16)
Musée national des Arts et Traditions populaires. - Service archéologique : organisation, campagnes de fouilles et expositions.
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Ce versement conserve les carnets de fouilles, de campagnes de fouilles et d'expositions.
- Versement 20120297 (articles 1 à 107)
Musée national des Arts et Traditions populaires. – Gestion et valorisation des collections (1937-1968).
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Durant les années 1930-1960, le MNATP était dirigé par Georges-Henri Rivière, au Palais de Chaillot. Les expositions temporaires prouvaient, par leur fréquentation, l'intérêt croissant du public pour les objets du folklore et contribuaient à la création d'un véritable réseau des musées d'ethnographie français et à l'enrichissement des réflexions sur la muséographie. À partir de 1968, Georges-Henri Rivière quitte la direction du musée et les collections sont installées progressive dans les nouveaux locaux, avenue du Mahatma-Gandhi. La gestion des collections et leur valorisation au travers d'expositions évoluent et se transforment grâce notamment à l'ouverture des deux galeries d'exposition permanente. Pour plus de cohérence, les archives traitant des dossiers d'exposition de cette seconde période (1968-2005) sont destinées à constituer un autre versement.