L'alpinisme est l’art de gravir des sommets et des parois en haute montagne, en toutes saisons, en terrain rocheux ou glaciaire, par ses propres capacités physiques, techniques et intellectuelles, en utilisant des techniques adaptées, du matériel et des outils très spécifiques. La candidature internationale est portée par trois pays : France, Italie et Suisse.
L'alpinisme est une pratique physique traditionnelle caractérisée par une culture partagée, un art fait de savoirs (connaissance de l'environnement de la haute montagne, de l'histoire de la pratique et des valeurs qui lui sont associées), et de savoir-faire (maîtrise des techniques d'ascension et d’assurage, utilisation du matériel : corde, piolet, et crampons) ainsi que par l'acquisition indispensable de connaissances variées sur le milieu d’exercice, naturel et non aménagé (verticalité, altitude, glaciers), sur les conditions climatiques changeantes et sur l'appréciation d'événements physiques aléatoires (avalanches, tempêtes…). La culture de l’alpinisme s’appuie aussi sur des références esthétiques, les alpinistes étant attachés à la beauté des itinéraires, à l’élégance du geste dans l’ascension, à la contemplation des paysages et à la communion avec les milieux naturels traversés. La pratique mobilise en outre des principes éthiques reposant sur un engagement de chacun, une économie de moyens, une absence de traces rémanentes laissées derrière soi, une prise de risque mesurée et un devoir d’entraide et de secours entre les praticiens. Le style et l'expérience sensible priment souvent sur la réussite de l’ascension d’un sommet.
L’alpinisme repose également sur des formes de sociabilité partagée, essentielles dans les motivations des pratiquants et la conduite de la course (terme désignant une ascension). L’ambiance des refuges permet aux alpinistes d'échanger connaissances et expériences, via notamment les récits de course, partagés le soir par les équipes. « L'esprit de cordée » est un autre élément fondamental de l’imaginaire des alpinistes. La cordée désigne l’ensemble des alpinistes reliés à une corde pour l’ascension. Ce lien physique n’est que la matérialisation d’un esprit de solidarité sans faille qui requiert des partenaires de l'ascension une forte compréhension mutuelle et un partage constant des responsabilités, dans les difficultés comme dans les réussites. Cet état d’esprit permet d’adopter collectivement des attitudes qui permettront de gravir le sommet.
Décision 14.COM 10.b.12
Décide que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :
R.1 : L’alpinisme joue un rôle central dans l’interaction sociale entre les praticiens et contribue à cultiver le respect mutuel entre compagnons de cordée, qui sont plus que de simples partenaires d’ascension. Les alpinistes considèrent leur pratique comme une expérience très intense où se nouent des relations durables, au-delà des barrières sociales, générationnelles et nationales. L’élément est perçu comme un exemple majeur de patrimoine culturel immatériel lié à la connaissance de la nature.
R.2 : L’inscription de l’alpinisme mettrait en lumière la relation étroite entre le patrimoine culturel immatériel, l’environnement et le développement durable. Elle renforcerait également le sentiment de responsabilité commune pour l’entretien et la restauration de lieux à valeur sociale importante – les refuges de haute montagne – et sensibiliserait davantage les États parties soumissionnaires à l’existence d’une histoire et de valeurs communes. L’inscription pourrait également raviver et approfondir le dialogue existant entre les communautés d’alpinistes, en entraînant la création de nouvelles plateformes de partage d’informations. La pratique repose sur une collaboration ingénieuse visant à trouver des solutions créatives à des situations difficiles.
R.3 : Les mesures de sauvegarde proposées incluent des actions de sensibilisation ciblant de nouveaux publics ; la protection des alpinistes face aux risques de mise en danger de leur activité ; la prévention des risques liés à la banalisation des pratiques et de leurs lieux d’exercice ; et le renforcement de la veille préventive face aux atteintes à l’environnement. Les communautés, où la mixité est la règle, ont toujours été impliquées dans la planification des mesures de sauvegarde proposées, notamment par le biais des clubs alpins, organismes largement représentatifs des communautés.
R.4 : La candidature a été préparée par diverses communautés d’alpinistes – membres des clubs alpins, guides de haute montagne – des chercheurs et des maires des communes concernées, qui ont formé un comité de pilotage. L’élaboration du dossier a été à l’ordre du jour de nombreuses réunions de ce comité, et son contenu a également fait l’objet de débats au sein de la communauté des alpinistes au sens large. Au cours de ces réunions rassemblant des hommes et des femmes, les participants ont complété le dossier et élaboré les mesures de sauvegarde.
R.5 : L’élément est inclus dans les inventaires des trois États parties. Il est inscrit à l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel de la France depuis 2015, à l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel de l’Italie / Convention de l’UNESCO de 2003 depuis 2018 et sur la Liste des traditions vivantes en Suisse depuis 2017. La gestion de ces inventaires est principalement assurée par les communautés, qui effectuent des mises à jour à chaque fois que c’est nécessaire.
Consulter le dossier sur le site de l'UNESCO : https://ich.unesco.org/fr/RL/l-alpinisme-01471