Constance Marie Charpentier (attribué), Autoportrait, 1er quart 19e siècle, Dijon, musée national Magnin

Constance-Marie Charpentier (Paris, 1767- id., 1849)

Issue de l'atelier de David, Constance Charpentier, née Bondelu, considérée comme l'une des meilleures portraitistes de l'époque, exposera très régulièrement au Salon de 1795 à 1819, se distinguant par une médaille d'or en 1814. Elle y présentera au total plus d'une cinquantaine d'oeuvres dont une majorité de portraits, quelques autoportraits et des scènes de genre sentimentales et moralisantes. Rares sont aujourd'hui ses œuvres identifiées et sa production serait peut-être restée dans l'ombre sans la singulière Mélancolie du musée de Picardie d'Amiens, son chef-d’œuvre et parmi les œuvres les plus commentées par l'historiographie contemporaine.
Fille unique d'un marchand épicier parisien, Constance naît dans un milieu aisé qui encourage ses prédispositions pour le dessin, en la plaçant dans l'atelier du graveur Georges Wille (1715-1808) puis chez Jacques-Louis David (1748-1825) à partir de 1787. Sa biographie relève aussi ses liens avec Danton (1759-1794), par son mariage en 1793 avec François-Victor Charpentier, beau-frère du Révolutionnaire.

Constance Marie Charpentier, La Mélancolie, vers 1805-1810, Amiens, musée de Picardie

En 1798, elle se voit attribuer par le Ministère de l’Intérieur un prix d’encouragement qui l'incite à prétendre à d'autres aspirations : dans un format ambitieux (1,30 x 1,65m), peu usuel à l'époque pour une femme, elle décrit la réclusion mélancolique d'une jeune femme, drapée à l'antique et immaculée, prostrée sur sa souffrance, dans un décor sylvestre et lunaire au bord d'un cours d'eau. A la fois peinture d'histoire, scène de genre et sans doute autoportrait, l’œuvre témoigne, par l'abolition des frontières entre tragédie et états de l'âme, de la remise en question de la hiérarchie des genres due à l'effondrement du système académique en 1793. Puisant aux sources de l'antiquité et aux références davidiennes, l'image confronte le monde des vertus romaines à la vague ténébreuse qui envahit le Salon de 1801, conséquence des années noires de la Terreur dont les arts deviennent l'exutoire. Par cette œuvre novatrice et d'une grande sensualité, Constance Charpentier est parmi celles qui contribuent, au tournant du siècle, à ouvrir les règles esthétiques du néoclassicisme au préromantisme.

Sélection d'oeuvres de Constance Charpentier sur la base Joconde Pop

Hélène Meyer