Lancé en 2010, le plus important chantier français de restauration d'une couverture en plomb est porté par l’État et les collectivités locales. Ce chantier prévu pour durer plusieurs années est original à plus d'un titre, il fait notamment l'objet d'une étude scientifique associant archéologues, historiens de l’art, chercheurs, chimistes et architectes, ce qui en fait un vaste laboratoire à ciel ouvert à plus de 50 m de hauteur. La première phase du chantier de restauration des toitures hautes du chœur de la cathédrale de Beauvais est en effet l’occasion de réaliser une étude pluridisciplinaire sur les tables de plomb très anciennes qui constituent cette couverture.

Jusqu’à présent aucune toiture en plomb de cette importance n’avait fait l’objet d’une telle étude qui décline en particulier un inventaire systématique, une cartographie des tables de plomb, des analyses physico-chimiques, des analyses dendrochronologiques de la charpente (pour datation), des campagnes d’échantillonnages, des études stratigraphiques et des recherches archéométriques. La mise en relation des résultats de ces recherches a conduit à des correspondances et des corrélations venant étayer les hypothèses de départ. Il a de ce fait été possible de reconstituer les différents chantiers anciens effectués sur cette toiture, par l’étude des matériaux et des traces laissées par les compagnons ayant œuvré au fil des siècles.

Les documents d’archives sont venus compléter les opérations de terrain et ont permis de mieux phaser les campagnes de couverture de l’édifice. Des spécificités beauvaisiennes ont ainsi pu être mises à jour au niveau des systèmes de fixation des tables de plomb.

Le protocole d’analyse du plomb correspond à une approche utilisée sur d’autres édifices. Les données recueillies ont attesté la localisation de restaurations ponctuelles à diverses périodes de l’histoire de l’édifice 1284 (effondrement des voûtes ; 1573 effondrement de la flèche ; grande campagne de restauration du XVIIIème siècle ; incendie localisé en 1975 …) grâce à la variation dans la composition du plomb et grâce aux caractéristiques propres au plomb laminé ou coulé. L’ensemble des recherches effectuées autour du plomb pourrait être reporté sur le fer, tant les analyses des impuretés métalliques recèlent des informations utilisables dans le champ de la recherche et de l’architecture.

Cette étude associe les services de l’État notamment la direction régionale des affaires culturelle de Picardie (DRAC) avec l'architecte en chef des monuments historiques, Monsieur Etienne Poncelet et les entreprises de charpente (société Perrault), de couverture (société Balas). Plusieurs centres de recherches, interviennent dans cette étude notamment :

- Le Laboratoire de recherche des monuments historiques (LRMH),

- L'institut de recherche sur les archéo-matériaux (IRAMAT),

- Le centre national de la recherche scientifique (CNRS)

- Le bureau d'ingénierie de recherche patrimonial, (ARthemis)

ainsi que l'université de Liège, l'université de Picardie Jules Verne et l'université Lille 3 Charles de Gaulle.