Nathalie BERTHOMIER, Sylvie OCTOBRE
Septembre 2018
20 p.
[parution le 17 septembre 2018]

On connaît l’importance du rôle des parents dans la construction du rapport au livre chez l’enfant et l’influence de ce rapport sur les trajectoires de lecteurs. Quelle est l’influence des interactions langagières entre parents et enfants dans la construction du rapport au langage et comment s’opère la socialisation précoce durant la première année de vie ?

La France s’est dotée, en 2011, du panel Elfe qui permet de suivre un échantillon représentatif de 18 300 enfants depuis leur naissance, et auquel le ministère de la Culture s’est associé.Trois vagues d’enquêtes réalisées durant la première année de vie sont mobilisées ici pour aborder la question de la primo-socialisation au langage. Les dotations familiales ainsi que trois types d’interactions langagières avec les parents (rester calmement avec l’enfant et lui parler, chanter des comptines, lire des livres) sont ainsi confrontés aux compétences langagières des enfants à un an, qu’il s’agisse de compréhension ou d’expression.

L’étude montre que ces trois activités de socialisation au langage sont très répandues mais souligne que celles-ci ne sont pas prises en charge par les deux parents à parts égales. Elles varient selon la position sociale et le capital culturel des parents, mais aussi selon le sexe de l’enfant, et dépendent des arbitrages des familles dans la gestion de la fratrie. L’étude montre l’importance de ces activités langagières dans le développement des compétences des enfants en matière de compréhension et d’utilisation de mots et souligne le rôle positif de la manipulation précoce de livres pour bébés. Enfin, elle met en lumière l’existence d’attentes variables en matière de compréhension et d’expression selon les milieux sociaux dès la première année de vie de l’enfant.