Cet appel à projets de recherche a été lancé en septembre 2011 par le ministère de la Culture et de la Communication. Il a été initié par le Département de la recherche, de l’enseignement supérieur et de la technologie, en association avec les différentes directions sectorielles du ministère : Délégation générale à la langue française et aux langues de France, Direction générale des patrimoines, Direction générale des médias et des industries culturelles, Direction générale de la création artistique.

Les objectifs et les axes de cet appel à projets de recherche

Cet appel à projets de recherche a pour objectif de mieux connaître la façon dont les institutions patrimoniales (musées, centres d’archives, bibliothèques, les services patrimoniaux de collectivités locales) prennent en compte la complexité des sociétés contemporaines et les changements culturels mondiaux. L’interculturel ne fait pas ici référence à la seule prise en compte de la diversité. Il est un moyen de s’interroger sur la manière dont les processus de patrimonialisation et les pratiques patrimoniales élaborent, à partir de cette diversité, des interactions, des convergences, se confrontent aux dissensus, construisent du commun.

Cet appel vise à favoriser une démarche partagée entre institutions patrimoniales, laboratoires de recherche, associations, dans la lignée de la dynamique des séminaires et journées d’étude organisés régulièrement depuis 2008 par le ministère, et qui a conduit à l’élaboration de cet appel.

L’appel à projets de recherche comportait quatre axes :

  • la collecte et la valorisation des fonds,
  • le territoire, la territorialisation,
  • les acteurs, ou qui fait patrimoine ?
  • la langue, les langues, la traduction.

Les projets sélectionnés

Six projets, qui proposent de nouveaux thèmes et une démarche interculturelle, ont été sélectionnés en janvier 2012. Ils impliquent une diversité d'institutions françaises et étrangères, traitent une variété de sujets à l'échelle locale, nationale et internationale, dont certains éclaireront les enjeux de débats actuels :

  • le patrimoine constitué par des lieux à mémoires multiples tels que des lieux d'enfermement,
  • les pratiques muséales liées à une exposition portant sur des identités culturelles et politiques autochtones,
  • la conservation d'une agrobiodiversité en lien avec son contexte culturel...

Ils donneront lieu à diverses réalisations parmi lesquelles:

  • la constitution de fonds d'archives orales et iconographiques, supports d'une médiation mettant en relation les diverses mémoires des lieux,
  • leur mise à disposition par vidéos, site documentaire interactif, etc.,
  • une création artistique en lien avec les témoignages et archives recueillis.

Ces projets illustrent le potentiel de réponse apporté par l'interculturalité aux défis du monde contemporain.

Ils rendent aussi possible la prise en compte de ce sujet dans des programmes de recherche nationaux et européens.

En favorisant la reconnaissance des enjeux interculturels dans les pratiques des institutions patrimoniales, en créant les conditions d’un questionnement mutuel, ces projets œuvrent à enrichir les savoirs partagés et contribueront aux stratégies des institutions patrimoniales et de leurs partenaires dans leurs enjeux de société.

Continuité d'une politique de recherche transversale

Cet appel s’inscrit dans la suite des programmes de recherche initiés depuis plusieurs années par le ministère de la Culture et de la Communication : programmes "Lien social dans les périphéries urbaines" (1991-1995), puis "Cultures, villes et dynamiques sociales" (depuis 1996), "Apprentissages, transmission et créativité de la ville et dans la ville" (2000-2004), et programmes de recherches territorialisés dans diverses régions.

Ceux-ci lient l’analyse des politiques culturelles, dans leurs dimensions nationales et territoriales et celle des dynamiques sociales. Ces recherches, qui ont donné lieu à publications (voir ci-dessous), ont permis de mettre en œuvre des formes partagées de réflexion sur les pratiques, et d’en questionner les attendus et les effets. En impliquant une diversité d’acteurs (élus, responsables de la politique de la Ville, écomusées et musées de société, directeurs d’équipements culturels, médiateurs), elles ont montré l’intérêt de recherches favorisant le croisement de points de vue.

Cette démarche rencontre aujourd’hui la réflexion suscitée par la création de filières doctorales dans les écoles d’architecture et les écoles d’art sur la formalisation et la légitimation de formes de recherche dérogeant avec les canons académiques. Ces recherches ont également contribué à la prise en compte de la complexité des réalités sociales contemporaines, en France et dans le monde, et à une réflexion sur la "diversité culturelle", allant au-delà de l’affirmation de l’universalisme et de la défense de "l’exception culturelle".

> Références bibliographiques

Jean Métral, Les aléas du lien social. Constructions identitaires et culturelles dans la ville, La Documentation française, 1997.

Jean Métral (coordonné par), Cultures en ville ou de l’art et du citadin, L’Aube, 2000.

André Bruston (dirigé par), Des cultures et des villes. Mémoires au futur, L’Aube, 2005.