Dominique Roussel, conservateur du musée de Soissons
Béatrice Amadeï-Kwifati, conservateur-restaurateur, responsable du secteur restauration du Centre d'étude des peintures murales romaines (CEPMR), Soissons
Archéologue de formation et docteur en égyptologie, Dominique Roussel est conservateur au Musée de Soissons depuis 1989. Il est aujourd’hui conservateur en chef, responsable du musée de Soissons (abbaye Saint-Léger et abbaye Saint-Jean des Vignes). Il est commissaire de nombreuses expositions (art contemporain et archéologie).
Béatrice Amadeï-Kwifati est conservatrice-restauratrice de formation universitaire (diplômée du Master 2 professionnel en Conservation-Restauration des Biens Culturels de Paris-I Panthéon Sorbonne, spécialisation peintures murales archéologiques). En poste au CEPMR depuis 1994, elle est responsable du secteur restauration depuis 2008. Elle a publié plusieurs ouvrages concernant la conservation-restauration des peintures murales romaines.
Le Centre de Conservation et d'Études Archéologiques de Soissons
Le CCEA de Soissons est une construction contemporaine installée sur un site patrimonial prestigieux, au pied de l’abbaye Saint-Jean-des-Vignes et à proximité d’une base de recherche archéologique de l’Institut national de recherches archéologiques préventives. Mis en fonctionnement de façon progressive depuis 2012, son inauguration a eu lieu le 17 mai 2013.
Ce bâtiment municipal est géré par le service musée de la Ville de Soissons et met à disposition des locaux, par convention, au Service régional de l’archéologie (SRA) de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) de Picardie et au Centre d’étude de Peintures Murales Romaines (association loi 1901).
Le sous-sol du bâtiment est exclusivement dédié aux espaces de stockage. Chaque partenaire dispose d’un espace de réserve dont il est responsable. Le Service régional de l’archéologie (SRA) de la DRAC accueille le mobilier archéologique et les archives liées aux opérations archéologiques menées dans le département de l’Aisne. Le Muséey conserve les collections archéologiques inventoriées (fonds ancien et récent) ainsi qu’un dépôt lapidaire. Le CEPMR-APPA (Centre d'étude des peintures murales romaines-Association Pro Pictura Antiqua) dont le laboratoire se situe sur le site de l’abbaye, y possède un espace de stockage temporaire de prélèvements de peintures murales en cours d’étude et de restauration. Au rez-de-chaussée,les espaces de travail et de médiation sont des équipements partagés.
Si chaque structure est responsable de ses collections, la veille en conservation préventive est partagée. La veille sanitaire du bâtiment est menée conjointement par le régisseur du musée et un restaurateur du CEPMR qui apporte régulièrement son expertise technique sur les conditions de conservation et de conditionnement du mobilier.
La gestion scientifique du mobilier et de la documentation relevant de la responsabilité de l’État est assurée par un agent de l’État. Il veille au respect par les opérateurs archéologiques du protocole de versement mis en place par le SRA. Le transfert du mobilier archéologique dévolu à la ville de Soissons est simplifié : il reste stocké dans les locaux de la réserve du SRA avec un étiquetage spécifique. Lors de tous les transferts, l’équipe technique du musée apporte son soutien aux partenaires.
Le CCEA offre à tous les partenaires un espace d’étude. Cet espace de travail est également destiné à l’accueil sur rendez-vous des chercheurs. Les réserves, visibles, permettent de valoriser les collections des trois partenaires sous la forme d’expositions coordonnées par le service musée. La collaboration entre les partenaires et des intervenants extérieurs (service de l’architecture et du patrimoine de la ville de Soissons, INRAP) a permis un renouvellement de l’offre de médiation sur le site. Ainsi, le CCEA de Soissons a permis de faire découvrir l’archéologie à trois cents visiteurs lors des journées de l’archéologie 2013.
Cette communication est l'occasion de faire le bilan, un an après sa mise en fonctionnement, des problèmes rencontrés et de ceux qui restent à résoudre. L’intervention portera sur le rôle de l’intervenant du CEPMR dans ce partage des compétences au sein du CCEA de Soissons.
Le Centre d’Étude des Peintures Murales Romaines
Dès 2009, les premiers projets de conventions entre la commune de Soissons et les différents utilisateurs du futur CCEA faisaient état de la nécessité de mutualiser les compétences locales. Le concept même de CCEA, tel qu’il est défini dans les documents de 2008 établis par le ministère de la Culture et de la Communication, est basé sur les notions d’optimisation, de rationalisation et « d’approche globale de la problématique patrimoniale ».
Le CEPMR, laboratoire dédié à l’étude, la publication, et la restauration des peintures romaines, est installé depuis les années 1970 sur le site de l’Abbaye Saint-Jean-des-Vignes à Soissons. Une convention de recherche le lie au CNRS et à l’École Nationale Supérieure (UMR 8546). Par sa participation à l’action culturelle de la ville, le laboratoire est un acteur de longue date dans la mise en valeur du site patrimonial de Soissons. De nombreux projets d’étude, de restauration, de publications et d’exposition, ont été menés conjointement par le CEPMR, le musée et la Ville de Soissons afin de mettre en valeur les enduits peints romains qui y ont été découverts. Le CEPMR est également aujourd’hui un des trois principaux utilisateurs du CCEA. Les compétences d’un conservateur-restaurateur du CEPMR ont été sollicitées pour apporter régulièrement son expertise technique sur les conditions de conservation et de conditionnement du matériel. Depuis mai 2012, les relevés de plusieurs capteurs de température et d’humidité relative, placés dans toutes les salles destinées à recevoir du matériel, sont régulièrement analysés. C’est grâce à ces analyses du climat intérieur qu’ont pu être mis en évidence certains problèmes tels que l’humidité relative trop importante dans les salles liée à l’absence de système d’assèchement de l’air. Ces relevés climatiques ont également révélé le dysfonctionnement de l’armoire climatique censée réguler les conditions thermo-hygrométriques de la réserve dite « sèche », où aucune collection ne peut être encore déposée. Des rapports d’inspection du bâtiment sont également transmis aux responsables de chaque réserve.
Afin de préciser les rôles de chacun dans cette veille de conservation préventive, les référents des trois institutions utilisatrices du CCEA ont suivi une formation spécifique, encadrée par Patricia Leclerc, consultante en conservation préventive basée à Compiègne. Ce stage dont l’objectif défini était de « programmer et planifier la conservation préventive au CCEA de Soissons » a été l’occasion de confronter nos expériences et d’adresser nos nombreuses questions à une spécialiste de ce domaine. Le bilan prend la forme d’un document synthétisé par K. Duault, régisseur au musée : état des lieux (personnel, espaces, climat), problèmes décelés, préconisations. Une deuxième session de formation est envisagée en 2014, qui permettra d’affiner nos méthodes d’action.