Isabelle Pallot-Frossard, directrice du Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF). Avec la participation de Loïc Bertrand, directeur de l'unité IPANEMA (Institut photonique d'analyse non-destructuve européen des matériaux anciens), CNRS USR 3461.
Depuis 2015, Isabelle Pallot-Frossard dirige le Centre de recherche et de restauration des musées de France. Avec Loïc Bertrand, directeur d’IPANEMA (USR 3461), elle coordonne la participation française au projet European Research Infrastructure for Heritage Science (E-RIHS). Historienne de l’art, elle a exercé les fonctions d’inspecteur des Monuments historiques pour les régions Picardie, Champagne-Ardenne et Lorraine pendant plus de dix ans. Elle a également été responsable d’études à l’École du patrimoine. De 1992 à 2015, elle est directrice du Laboratoire de recherche des monuments historiques. En 2006, elle est nommée directrice du comité pour la recherche et la technologie du Corpus Vitrearum international et préside aujourd’hui le Comité scientifique international pour la conservation des vitraux (ICOMOS-Corpus Vitrearum). Elle a été membre puis vice-présidente de l’ICCROM. Partenaire de nombreux programmes de recherche européens sur la conservation des matériaux du patrimoine, elle enseigne à l’École du Louvre et à l’École de Chaillot. Elle est l’auteur de nombreux articles sur la conservation du patrimoine et en particulier sur la conservation des vitraux.
Loïc Bertrand est chercheur au synchrotron SOLEIL. Ses travaux portent sur l’étude des propriétés physico-chimiques de matériaux anciens par méthodes avancées d’imagerie. Il dirige depuis 2010 la plateforme IPANEMA du CNRS, du ministère de la Culture et de la Communication et de l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, qu’il a initiée sur le plateau de Saclay. Il coordonne la participation française à l’infrastructure européenne E-RIHS avec Isabelle Pallot-Frossard (C2RMF). Il porte le domaine d’intérêt majeur « Matériaux anciens et patrimoniaux » avec Étienne Anheim (EHESS) et Margareta Tengberg (MNHN), regroupant l’ensemble des laboratoires des thématiques patrimoniales de la région Île-de-France.
L’analyse des matériaux du patrimoine par des méthodes physico-chimiques remonte à la fin du xixe siècle, au temps où Friedrich Rathgen créait un laboratoire lié aux musées de Berlin. Mais c’est au cours des vingt dernières années que l’association des sciences humaines et sociales et des sciences expérimentales au service de la connaissance des biens culturels a favorisé l’émergence d’une discipline nouvelle, celle des sciences de la conservation. En France, les centres de recherche du ministère de la Culture et de la Communication, Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF), Laboratoire de recherche des monuments historiques (LRMH), des laboratoires du CNRS ou des universités, des structures privées, développent à la fois de l’instrumentation d’analyse et de mesure, toujours plus performante et moins invasive, et des thématiques de recherche sur les matériaux du patrimoine, leur origine, leur datation, leur mise en œuvre, les altérations qu’ils ont subies dans leur environnement. Les grands instruments mettent la puissance du rayonnement synchrotron ou des faisceaux d’ions au service de la caractérisation fine de matériaux complexes, le plus souvent dégradés et transformés par leur exposition à l’environnement au cours du temps. La communauté française des scientifiques du patrimoine a pu se structurer par l’intermédiaire de groupements de recherche et réseaux tels que ChimARC (Chimie des archéomatériaux et des biens culturels) ou CAI-RN (Compétences archéométriques interdisciplinaires-Réseau national) ou encore à travers les LabEx tels que PATRIMA ou MATISSE. Au niveau européen, la structuration s’est aussi progressivement faite à partir de 1999, grâce à quatre projets successifs financés par la Commission européenne : LabsTech, EuArtech, Charisma, et Iperion-CH. Aujourd’hui le projet E-RIHS (European Research Infrastructure for Heritage Science) déposé par l’Italie et soutenu par onze pays d’Europe se propose de pérenniser sur le long terme ces initiatives successives. Ce projet vient d’être inscrit sur la feuille de route européenne des infrastructures de recherche et sur la feuille de route nationale française, ce qui est un signe très fort à l’intention des communautés scientifiques du patrimoine et un encouragement puissant à la construction d’une infrastructure distribuée, pan-européenne, de très haut niveau, au service de la connaissance du patrimoine européen et de sa conservation.