Dominique Serena, directrice du Museon Arlaten, Arles
Historienne de formation, d’abord enseignante à l’étranger, elle intègre le cursus professionnel lié au patrimoine muséal à la fin des années 1970.
Se spécialisant dans l’action culturelle et éducative en cours de mutation qui se développait à cette époque dans les musées, elle occupe des fonctions essentiellement dans les musées d’ethnologie dépendant d’abord de parcs naturels régionaux, puis de collectivités territoriales et initie des méthodes de médiation.
En 1991, elle prend la direction du Museon Arlaten, musée départemental d’ethnographie et élabore le Projet Scientifique et Culturel sur lequel s’articule le vaste chantier de rénovation.
Auteur de nombreux articles sur les rapports entre l’histoire et l’ethnologie au musée et sur les collections du Museon Arlaten.
Au début des années 1990, le Museon Arlaten, musée d’ethnographie provençal créé près d’un siècle auparavant par F. Mistral (1830-1914), poète consacré par le prix Nobel en 1904, partageait avec certains musées de ce type une situation particulièrement délicate : bâtiments proches du délabrement ne bénéficiant d’aucun équipement fonctionnel, collections en quasi déshérence, souvent dégradées ou subissant des infestations actives, absence de professionnels en nombre suffisant pour gérer l’institution.
Pourtant, l’histoire inédite de ce musée ethnographique, l’un des premiers de ce type installé en province à la fin du XIXème siècle, sa place privilégiée dans une culture régionale sans cesse réinventée, les sentiments d’appartenance que la population régionale développait autour de lui ont motivé pour le Conseil Général 13, collectivité tutelle du Museon Arlaten, un vaste projet de rénovation permettant de réhabiliter le bâti, d’assurer une meilleure conservation des collections, et de refonder le propos scientifique sous tendant le parcours muséographique.
Une telle situation et les étapes incontournables d’un chantier de cette envergure, ont imposé en parallèle à l’élaboration du Projet Scientifique et Culturel du musée sur lequel s’articulerait le projet architectural et muséographique, l’adoption d’une méthode très pragmatique rendant systématiques des états des lieux précis, permettant seuls d’appréhender la complexité de ce musée singulier et d’accompagner de manière pertinente toutes les décisions quel que soit le domaine d’intervention.
Tout en élargissant ou en renforçant les compétences de l’équipe, il s’est agi, non seulement de conjuguer les compétences de prestataires mais aussi de décliner et d’adapter les principes de la conservation préventive au projet architectural et muséographique, de sa conception à sa réalisation encore à venir.
Entre contraintes fortes liées à des bâtiments soumis à diverses règlementations (MH, secteur sauvegardé) dessein scientifique de restituer des présentations muséographiques historiques devenues patrimoine et état des collections ethnographiques souvent présentées depuis près d’un siècle, se sont lentement élaborées des solutions inédites, adaptées aux lieux, au propos, à la nature du patrimoine muséal.
Alors que s’achève la phase de PRO du chantier, celles-ci assureront un équilibre harmonieux entre les exigences de conservation des bâtiments ou des collections, les enjeux des présentations muséographiques historiques et le confort ou le plaisir des visiteurs.