Marc Pignal, Muséum national d’histoire naturelle
Marc Pignal est botaniste. Après avoir assuré la charge de conservateur de l’Herbier national au Muséum, il est actuellement directeur de l’infrastructure RECOLNAT (Réseau des collections naturalistes) qui a pour objectif de présenter 450 ans d’histoire naturelle sur un site web et permettre ainsi aux chercheurs et utilisateurs du monde entier d’en étudier les objets.
La numérisation de l’Herbier de Paris a permis pour la première fois au monde de disposer de plusieurs millions d’images de planches d’herbiers. L’ambition avouée de cette opération était de constituer un corpus virtuel permettant de les consulter à distance. Pas question de remplacer les herbiers physiques car les images ne se substituent pas aux plantes lorsqu’il faut observer des détails microscopiques, pratiquer des dissections de fleurs, extraire du pollen pour étude ou séquencer de l’ADN.
L’herbier virtuel permet le tri et le classement de spécimens en grand nombre et sans danger de manipulation. Il est indissociable des données qui figurent sur les étiquettes, véritables sources biologiques et géographiques. Ces métadonnées servent la recherche scientifique. Elles ont aussi une utilité plus prosaïque : servir d’indexation pour rechercher des spécimens dans un corpus de plusieurs millions d’images.
Alors que 500 ans seraient nécessaires à une seule personne pour informatiser toute la collection, les outils de science participative permettent d’accélérer la procédure. « Les herbonautes » est un des outils imaginés pour accélérer l’informatisation. Les principes sont les suivants : validation en aveugle par les participants, travail à partir d’un projet scientifique de quelques milliers d’images, outils ludiques entretenant la motivation. Notre expérience de 4 ans nous conduit à informatiser en priorité ce dont les scientifiques ont besoin. Chaque année, un appel à idées est lancé auprès des chercheurs pour que les spécimens soient mieux en adéquation avec la recherche actuelle. Ainsi, cette démarche travaille non seulement à l’indexation des spécimens, mais concourt aussi à la publication de résultats scientifiques.