Stéphane Abriol, université Paris-Descartes
Après des études en philosophie et en théologie, Stéphane Abriol a été formé à l’anthropologie médicale par Françoise Loux (dir. de recherche au CNRS) avant et après son entrée au CNRS. Il mène des recherches sur trois sujets principaux : « Histoire et mémoires du sida en France et en Europe », « Les nouveaux rituels de deuil à propos du sida », « Sida, art et mémoire ».
Dès 1994, le musée des Arts et Traditions populaires (MNATP), sous la direction de Michel Colardelle -précurseur du MuCEM-, organisait dans ses locaux deux débats sur le thème « Sida, deuil, rituels et mémoire ».
Fruit de ces rencontres entre le musée, la recherche en sciences humaines et le monde associatif, une vaste entreprise de collecte menée entre 2001 et 2006 a permis de constituer un patrimoine de 12 000 objets et documents représentatifs de l’histoire et des mémoires des luttes contre le VIH-sida en France et dans de nombreux pays de la zone euro-méditerranéenne (49 pays représentés). En offrant un espace de parole et de réflexion aux personnes concernées et en collectant une mémoire fragile de la lutte contre l’épidémie, le musée donnait une légitimité aux acteurs de la lutte contre le sida et posait la question de l’action d’un musée dans la lutte contre le sida, et des modalités de cette dernière. Aujourd’hui le MuCEM souhaite rendre public le fruit de ses collectes et la mémoire des luttes sociales qui ont accompagné l’histoire récente du VIH-sida dans une exposition programmée en 2020.
Afin de contribuer à la construction théorique de ce projet et de réfléchir à la place que le musée doit occuper dans la restitution de cette mémoire, nous avons continué et amplifié le travail commencé en travaillant avec les personnes concernées et en réfléchissant avec elles sur ce qu’impliquent cette participation et les différentes expériences accomplies en ce sens.