Sylvie Sagnes, Laboratoire d’anthropologie et d’histoire de l’institution de la Culture (LAHIC)
Sylvie Sagnes a consacré ses premières recherches à la question de l’autochtonie et montré comment le lien au lieu, loin de se dissoudre dans la globalisation, est actuellement réinventé par chacun. Ses travaux ultérieurs prolongent ses investigations initiales sur différents terrains en France et au Québec, et enrichissent la perspective initiale de questionnements portant sur le patrimoine. Elle a dirigé la publication de L’archéologue et l’indigène. Variations sur l’autochtonie (Éd. du CTHS, Paris, 2015) et co-dirigé, avec Habib Saïdi, Capitales et patrimoine à l’heure de la globalisation (Québec, Presses de l’université Laval, 2012) et, avec Arnauld Chandivert, le dossier de la revue Ethnologie française consacré aux « Capitales en minuscules » (2016/4).
Les médiations du patrimoine retiennent pour l’heure plus spécialement son attention. En contrepoint, elle explore les XIXe et XXe siècles dans une optique épistémologique. Elle s’intéresse par ailleurs à la construction des identités savantes et à ses traductions en termes de parentés intellectuelles et de mémoires disciplinaires.
- Adell, Nicolas, Bendix, Regina F., Bortolotto, Chiara, Tauschek, Markus (éd.), Between Imagined Communities and Communities of Practice. Participation, Territory and the Making of Heritage, Göttingen, Universitätsverlag Göttingen, 2015.
- Bortolotto, Chiara (dir.), Le patrimoine culturel immatériel. Enjeux d’une nouvelle catégorie, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, coll. « Ethnologie de la France », 2011.
- Caillet, Élisabeth, « L’ambiguïté de la médiation culturelle : entre savoir et présence », Publics et musées, vol. 6/1, 1994, p. 53-73.
- http://www.persee.fr/doc/pumus_1164-5385_1994_num_6_1_1046
- Fabre, Daniel (dir.), Émotions patrimoniales, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, coll. « Ethnologie de la France », 2013.
- Fabre, Daniel, « L’ordinaire, le familier, l’intime, loin du monument », dans Claudie Voisenat et Christian Hottin (dir.), Le tournant patrimonial. Mutations contemporaines des métiers du patrimoine, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, coll. « Ethnologie de la France », 2016, p. 43-58.
La participation se décline diversement dans le domaine du patrimoine, pouvant s’appréhender sous l’angle des sciences dites « participatives » ou de la concertation et du débat public. À première vue, elle ne fait qu’étendre son champ d’application et confirmer des tendances ayant d’abord concerné, ici la recherche naturaliste, là la prise de décision en matière d’environnement et d’urbanisme. Cette communication se propose de relativiser cette impression d’une irrésistible « contagion participative », pour montrer en quoi la participation est constitutive de la notion même de patrimoine, laquelle trouve dans les standards unesquiens sa formalisation la plus poussée. Cette caractéristique gagne en évidence dès lors que l’on compare ce que recouvrent les termes « patrimoine » et « monument ». Alors que la patrimonialisation est affaire de « communauté » (bottom-up), l’institution du monument est celle de l’État (top-down). D’ailleurs, la coexistence des deux dispositifs ne va pas sans générer des tensions, particulièrement sensibles sur les terrains de la médiation culturelle. Et pour cause : là, tandis que se côtoient spécialistes et profanes, professionnels et amateurs, autochtones et visiteurs, se confrontent, se mêlent, se réinventent les représentations attachées aux témoignages du passé. Partant de ces situations contrastées, le constat s’impose des possibles paradoxes attachés à la participation en patrimoine, appelant bien d’autres questionnements touchant tout à la fois aux acteurs, aux manières de faire et aux effets de nos conjugaisons contemporaines du passé.