Sous la présidence de Nathalie Fourment, conservatrice régionale de l’archéologie, Drac Aquitaine (MCC) avec Richard Buffat et Marc-Antoine Kaeser
L’archéologie, ses objets, sites et mobiliers, sont générateurs d’émotion individuelle et collective. Pourquoi cette émotion ? En raison d’un caractère esthétique, en raison d’un critère d’ancienneté, en raison d’une vulnérabilité intrinsèque ? Pour toutes ces raisons cumulées, mais aussi pour une autre plus profonde qui renverrait à la nature même de l’homme et de la compréhension qu’il a de l’existence d’un passé et d’un avenir ?
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| Rendre à la lumière les premières images de l’humanité, ou comment restituer émotion et précision scientifique en construisant un fac-similé : « la caverne du Pont-d’Arc»
Richard Buffat, directeur du syndicat mixte du grand projet « la caverne du Pont-d’Arc»
La grotte Chauvet Pont-d’Arc, joyau de l’art du Paléolithique ne peut, du fait de son extrême fragilité, être ouverte au public. C’est pourquoi l’État, la région Rhône-Alpes et le département de l’Ardèche se sont accordés en 2007 sur la nécessité de restituer cette cavité au plus grand nombre à travers la réalisation d’un grand site culturel articulé autour d’un fac-similé et d’un centre d’interprétation. Mais la taille de la grotte (plus de 8500 m²), ainsi que sa complexité géologique, paléontologique et archéologique représentaient des obstacles majeurs à la réussite de cette réplique.
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| L’archéologie ou l’invention de l’authenticité : un nouvel «âge du Faux» ?
Marc-Antoine Kaeser, archéologue et historien, directeur du Laténium, Neuchâtel (Suisse)
Dans notre XXIe siècle assoiffé de consommation, la valeur se fonde sur l’image et des signes virtuels qui se passent désormais de référents physiques. L’archéologie paraît ainsi offrir la dernière garantie de l’authenticité matérielle véritable : en exhumant les vestiges des temps passés, proches ou lointains, l’archéologie, seule, paraît susceptible de nous laisser toucher, concrètement, la vérité… Paradoxalement, pourtant, l’histoire de l’archéologie montre que c’est bien notre discipline et son culte illusoire d’une authenticité absolue qui ont rendu le faux possible !
En nous fondant sur les enjeux théoriques mobilisés par l’exposition « L’âge du Faux » (Laténium, 2011-2012), nous tenterons d’apprécier les implications pratiques de ce paradoxe pour le travail consenti au quotidien dans la mise en valeur du patrimoine archéologique. En somme, la solution réside à nos yeux dans la démarche des conservateurs. Car l’authenticité est d’abord une affaire de pertinence et de légitimité, pour lesquelles l’éthique scientifique et l’authenticité créatrice priment sur les propriétés physiques intrinsèques des vestiges et des matériaux mis en valeur.
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| La prééminence de l’émotion: le vrai du faux, débats