La conservation des grottes ornées
Les grottes fréquentées par les hommes préhistoriques et décorées par eux sont environ au nombre de 300 en Europe, principalement en France (Sud-ouest et vallée de l'Ardèche) et en Espagne (le long du littoral atlantique). Il s'agit de témoins particulièrement fragiles de comportements spirituels et symboliques révolus. Leur simple conservation jusqu'à ce jour est en soit une grande chance.
Le développement des recherches et l'engouement du public ont eu toutefois des conséquences parfois importantes sur les sites. Aujourd'hui, nous devons donc collectivement tout mettre en œuvre pour parvenir à leur protection et leur transmission à nos descendants.
Plusieurs facteurs peuvent représenter des dangers potentiels.
Il s'agit d'une part des pressions humaines. Elles concernent aussi bien les aménagements lourds dans le site, aujourd'hui proscrits, que les activités à l'extérieur : urbanisation, carrières, pollution... Pour endiguer ces risques, les grottes bénéficient de protections administratives et juridiques, comme le statut de Monument Historique ou celui de site archéologique. Pour empêcher les accès clandestins et leurs risques de destruction intentionnelle ou non (graffitis, traces de pas, etc.), les grottes sont généralement protégées par des grilles ou des clôtures, parfois complétées de systèmes d’alarme, et font l'objet d'une surveillance régulière par des gardiens appartenant aux services de l'État ou aux collectivités territoriales.
L'autre risque majeur pour la conservation des sites est liée à des facteurs naturels. Il est parfois accentué par la fréquentation touristique de la grotte. Il peut s'agir de modifications du climat ou du taux d'humidité, du développement de micro-organismes divers (algues, lichens, champignons...) et même de risques physiques dus à l'instabilité du milieu souterrain ou à des risques sismiques : chutes de blocs, soutirages des sols, montée des eaux souterraines...
L'ensemble de ces phénomènes est surveillé dans la mesure des possibilités. La température et l'humidité sont contrôlées de manière régulière, quotidienne dans la plupart des sites ouverts au public. Mais certains phénomènes microbiologiques sont difficiles à appréhender. Ainsi, la présence de champignons ou de lichens peut être suivie, mais il est particulièrement difficile de l'endiguer. Les mesures actives, comme l'utilisation d'agents chimiques, sont aujourd'hui largement remises en cause. En fait, on s’aperçoit souvent qu'en agissant sur des facteurs plus légers, comme la fréquentation humaine dans le site, et en laissant la grotte au repos, elle finit par retrouver d'elle-même un équilibre qui lui est bénéfique.
À nous donc de ne pas rompre cet équilibre et de trouver des solutions raisonnables et raisonnées (visites en petits groupes, port de protections spécifiques, utilisation de lumière froide et bien sûr fac-similés). C'est à ce prix, finalement bien faible pour nous, que nous parviendrons à transmettre ce patrimoine exceptionnel aux générations futures.