1.1418 - Le Canet
Le Canet, partie méridionale du 14e arrondissement
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 1418, p 40. 2005
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : Groupe expérimental du Canet
boulevard Danielle Casanova, quartier du Canet 13014
Lambert 3 : latitude 3.03849 ; longitude 43.3303
Accès : métro ligne 2 : Sainte-Marguerite - Bougainville
bus 38 : Bougainville - Malpassé
propriétaire : OPAC Sud, 80 rue Albe, Marseille 13004, 04 91 12 71 00
programme : Groupe d'habitations de 20 logements.
Maître d'ouvrage : Office Public d'HLM départemental des Bouches-du-Rhône.
Immeuble barrette avec 2 cages.
dates, auteurs : Travaux réalisés en 160 jours débutés en novembre 1950.
Louis Olmeta, architecte.
Entreprise Chauvet.
site : Au sud du Groupe HBM Ambrosini. Altitude NGF 23,40 m. Zone d'habitation, Secteur A du Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
plan de masse : La barrette s'inscrit dans le plan de composition du groupe HBM, au sud-est de l'allée centrale. Épannelage : R+4.
bâti : Ossature poteaux-poutres en béton armé. Planchers poutres métalliques et hourdis. Façades réglées par la structure apparente et divisions. Très bon état général.
cf. notice : 1133 - La Pomme Expérimental
sources : AD : 2071 W 11 (37.628), 165 W 163, 12 O 334, 399, 1754, 1761, 2180, 148 W 475
Journal Le Monde du 17 Juillet 1957
Contexte :
Le Canet est un village créé au début du XXe siècle et qui se développe avec la croissance industrielle : raffineries de soufre, brasseries, les huileries Valabrègues et Régis sur le chemin de Gibbes ; après la guerre, l'Huilerie Nouvelle s'y installe. Ces activités le transforment en quartier ouvrier, et entre Le Canet et Saint-Barthélémy, les campagnes deviennent un lieu de regroupement d'habitat précaire qui fera l'objet de multiples programmes de résorption.
Malgré la présence de logements sociaux avec les HBM du Groupe Ambrosini, (F. Clermont arch. 1935, 201 logements), l'Office Départemental est dans l'urgence de réaliser des logements après-guerre. De cette nécessité émerge une opération expérimentale, hors des cadres ordinaires de production (par exemple, on ne trouve pas de permis de construire). La qualité de cette expérience demeure la rapidité de mise en œuvre du projet, achevé en 160 jours. Le programme a un certain retentissement au niveau national, alors que la Cité Radieuse n'est pas encore terminée et que F. Pouillon annonce pouvoir réaliser en 200 jours ses 200 logements (qui ne seront en réalité que 154 !) à Aix-en-Provence.
Description :
Le petit immeuble expérimental s'insère parfaitement dans le plan composé quinze ans plus tôt par l'architecte François Clermont : une allée centrale qui délimite des îlots ouverts puis de simples bâtiments linéaires. Si le dimensionnement concorde, l'allure de ce nouveau bâtiment est pourtant en rupture avec l'écriture des HBM.
Si, architecturalement, on peut affilier cette œuvre au travail d'Auguste Perret (expression structurale, module) et à celui de Denis Honnegger, auteur des logements de Pantin, il est utile de remarquer que leurs oeuvres ne seront réalisées qu'à partir de 1955 !
Les dessins du projet, antérieurs à 1950, date de la mise au concours auprès des entreprises, semblent proches de celui lancé en 1947 par le ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme. Ce sont les premiers pas de la normalisation dans le bâtiment, suivant quelques règles simples telles que : une structure en béton armé apparaissant en façade, des cadres de baies préfabriqués donnant aux menuisiers des feuillures précises, des parements modulaires en béton lavé ou coloré et des toitures terrasses.
Tous ces éléments représentent les signes de l'industrialisation des composants du bâtiment mais se conçoivent généralement avec une série de logements supérieure à 200 unités. Louis Olmeta n'en aura que 20 ce qui ôte toute possibilité de préfabrication. Cette situation se traduit par la suppression des parements préfabriqués en béton dont les joints dessinaient une grille modulaire. La structure de béton est exécutée coulée en place constituant une ossature tridimensionnelle et les planchers sont composés de poutres métalliques complétés par des hourdis.
Les cadres de baies préfabriqués sont bien présents dans le projet. Ils sont calés par une ossature secondaire qui subdivise et laisse apparaître un système complet de division dont les reliefs dessinent sur la façade une véritable modénature. Ce principe, proche des techniques d'ossatures bois et des divisions classiques, a marqué le style dit Perret et l'architecture française de la Reconstruction.
La seule différence notable vient donc du parement, ici un parpaing creux enduit plutôt qu'habillé de panneaux de béton. Le chantier, grâce à la performance de l'entreprise Chauvet, s'est terminé en moins de six mois ; on peut dire que l'opération sonne comme une réussite. L'intérieur des logements s'organise sur de nouveaux standards. Le séjour est doté d'une cheminée de brique et comporte une cuisine équipée d'un évier avec un coin repas. Tout cet espace s'ouvre sur un balcon.
La salle de bain, distincte des WC, et dont les murs sont revêtus de faïence, comporte un lavabo, une douche, un bidet. Chacune des pièces est pourvue de placards. Tous ces éléments marquent leur différence avec les "trois fenêtres" dont les toilettes sont sur le balcon.
En dernière innovation, le financement direct par le Conseil Général des 20 millions du prix de revient de l'immeuble permet d'obtenir des loyers d'environ 30% inférieurs aux loyers HLM équivalents.
Une brochure du Conseil Général montre tout le bien qu'on peut penser de l'opération Ambrosini B, et conclut :
"L'intérêt de l'expérience a été de démontrer que dans ce pays de France on pouvait :
Construire bien,
Construire vite,
Construire bon marché" .
Auteur :
Louis Olmeta
est né en 1906 à Marseille, il collabore avec P. Tournon.
Il réalise en 1950 les opérations expérimentales du Canet et de La Pomme et participe activement au programme de Logements Économiques Provisoires Normalisés dit de l'Abbé Pierre à Saint-Théodore, Campagne Larousse, la Madrague-Ville et au Vallon des Tuves.
Il construit dans d'autres villes du département : Salon, Carry-le-Rouet (en 1962 avec Robert Nougue), et Istres (en 1964). En 1955, il termine L'Espéroun. En 1957, il est associé sur La Pauline. En 1959, il réalise les logements de Bois-Lemaître. Parmi ses réalisations, on note son association avec G. Candilis, S. Woods et A. Josic pour le programme de La Viste, puis avec G. Gillet pour le Roy d'Espagne dont les petits blocs d'immeubles utilisent certains des schémas présents ici : la liaison des bâtiments par des loggias par exemple.
Fichiers associés :
- Carte du 14e arrondissement de Marseille
- Notice monographique imprimable
© Thierry Durousseau, 2004-2005
Partager la page