Contexte historique national
La cité Beisson est construite à Aix-en-Provence entre 1959 et 1961, pendant la période des Trente Glorieuses (1945-1975).
Une période importante de l’histoire de l’architecture française qui a vu naître la forme spécifique de l’habitat collectif social de ces années, celle des Grands Ensembles.
Au milieu des années 1950, la France accuse une crise du logement sans précédent, dont la gravité demeure dans la mémoire collective à travers le souvenir de l’appel de l’Abbé Pierre, son célèbre "Mes amis, au secours" lancé en 1954 sur les ondes de Radio Luxembourg suite aux décès à Paris de plusieurs personnes, adultes et enfants, mal logés ou expulsés.
Les causes sont diverses, entres autres :
- Un parc immobilier vétuste et insalubre résultant d’un quasi-blocage de la construction pendant une trentaine d’années. En 1954, plus de 40 % des logements n’ont pas d’eau courante et 90 % pas de salle d’eau.
- Une croissance démographique soutenue résultant du baby-boom d’après-guerre.
- Le retour des rapatriés d’Afrique du Nord.
Les pouvoirs publics, au travers d’un puissant ministère, le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme (MRU), vont mettre en place toute une série d’actions centrées autour de la question du logement social : chantiers expérimentaux, concours nationaux, plans et programmes visant à construire le plus vite, le moins cher et pour le plus grand nombre.
L’un de ces programmes est autorisé en 1951, par Eugène Claudius-Petit, ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme. 10 000 logements en "constructions normalisées" doivent être construits dans le cadre de ce que l’on appelle alors le "Secteur Industrialisé[5]" qui a trois objectifs principaux :
- un premier, économique qui vise à réduire les coûts de la construction,
- un deuxième, technique qui prône l’industrialisation et la rationalisation par l’utilisation de la préfabrication lourde.
- un troisième, social par l’hygiénisme de la Charte d’Athènes – Espace – Soleil – Verdure – avec une attention particulière portée à la cellule de logement qui devra dorénavant intégrer un confort moderne égal pour tous.
Même si l’on reconnait à l’époque la performance accomplie par l’Etat pour résoudre la crise du logement en matière de rentabilité de la production, d’hygiène et de confort, son application est fortement décriée.
On dénonce, d’une part un urbanisme de zoning, et d’autre part la préfabrication lourde qui a donné naissance à une architecture sans caractère, conçue pour des familles-types destinées à vivre dans des cellules-types assemblées au moyen de grues se déplaçant linéairement sur des rails qui produisent des formes standardisées, répétitives et monotones.
Toutefois dans ce contexte, un certain nombre d’architectes parvinrent à infléchir voire à échapper à cette architecture sérielle du "chemin de grue" en proposant des alternatives architecturales plus humanistes au problème du logement de masse qui s’éloignent des excès rationalistes et fonctionnalistes du Mouvement Moderne. C’est le cas à Aix-en Provence, avec Louis Olmeta l’architecte de la Cité Beisson[6].
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[5] Le 24 mai 1951, l’article 19 de la loi de finances autorise le ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme à lancer le plan dit du "Secteur industrialisé".
[6] Biographie de Louis Olmeta.
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