Nous empruntons le texte de cette biographie à Mme Emmanuelle Reimbold, 
responsable des archives d’architectes aux Archives Départementales des Bouches-du-Rhône, centre de Marseille.

 

Louis Olmeta est né à Marseille en 1906. Élève de Paul Tournon à Paris, il ouvre une agence à Marseille, 27, rue Paradis en 1937, date à laquelle son nom est pour la première fois cité comme architecte en exercice. L’année suivante il s’associe à Jean Crozet et s’installe 7, rue de la Prison, puis 2, rue Adolphe-Thiers en 1939, 56, boulevard de la Corderie en 1950, et enfin 8, rue Euthymène en 1958 où il reste jusqu’à la fin de sa carrière. De nouveaux associés le rejoignent, Robert Nougué en 1962, puis Alain Figarella en 1972.

Ses réalisations se concentrent dans les années 1950 et 1960, au moment où la population augmente très fortement (à Marseille, elle passe de 661 500 habitants en 1954, 918 000 en 1964, notamment avec l’arrivée des pieds-noirs d’Algérie).

Il réalise en 1950 les opérations expérimentales du Canet et de La Pomme et participe au programme de logement provisoire dit de l’abbé Pierre.

Mais c’est avec l’arrivée de Gaston Defferre à Marseille que vont se développer ses projets. En effet, le maire de Marseille lance un grand programme dit "plan de cinq ans pour l’équipement urbain de la ville de Marseille", associant de gros travaux d’aménagement urbain (alimentation en eau et construction de réseaux d’égouts, aménagement de la voirie, amélioration de l’éclairage public) et la construction de grands ensembles immobiliers menés conjointement par des constructeurs privés et des organismes HLM.

Louis Olmeta intervient alors dans tous les champs de la construction publique : logements d’urgence (avec le Vallon des Tuves et Campagne Larousse, 390 logements, label Patrimoine du XXe siècle en 2006), logements économiques normalisés dit "Million" (avec l’ensemble Saint-Théodore, 260 logements collectifs), logements populaires et familiaux (Montredon, boulevard de la Verrerie), logements industrialisés (résidence Consolat,Campagne LévêqueBois Lemaître, label Patrimoine du XXe siècle en 2006), lotissements municipaux (Saint-Théodore, 117 logements individuels).

Il participe aussi aux grands chantiers soutenu par le ministère de la Reconstruction (La Viste, avec Georges Candilis, label Patrimoine du XXe siècle en 2006). La même politique menée à Aix-en-Provence permet également à Olmeta de réaliser de grosses opérations et notamment la cité Beisson composée de 570 logements entre 1959 et 1961 (label patrimoine du XXe siècle en 2006).

Pendant les années 1950 et 1960, Louis Olmeta participe également à de nombreuses réalisations privées, souvent en association avec d’autres architectes, par exemple avec Pierre Averous notamment pour la construction de La Pauline, avec Guillaume Gillet (Grand prix de Rome) pour la réalisation de l’ensemble de Mazargues Bonneveine et avec Guillaume Gillet, Charles Lestrade et Antoine Figarella pour celle du parc du Roy d’Espagne (1 525 logements livrés entre 1968 et 1974, label Patrimoine du XXe siècle en 2006).

À Marseille comme à Aix-en-Provence, l’objectif de ces ensembles était de loger les nouvelles populations s’installant dans la région mais aussi de reloger les populations vivant dans des îlots insalubres. Ce dernier objectif transparaît notamment à travers un projet isolé, le réaménagement du camp du Grand Arénas, illustré par deux plans : un état des lieux et un projet d’agrandissement et d’amélioration. Construit par René Egger et Fernand Pouillon après la 2e guerre mondiale pour faire face à l’afflux de milliers de personnes en transit (Russes, Polonais, travailleurs nord-africains et Vietnamiens voulant regagner leur terre, auxquels s’ajoutent ensuite les juifs désireux de rejoindre le jeune État d’Israël), ce camp est rapidement occupé par des familles qui attendent d’être relogées, soit à cause de la guerre, soit en raison de l’insalubrité de leur logement. En 1964, le camp est classé comme îlot insalubre alors qu’il doit encore faire face à un nouvel afflux de migrants avec la dernière grosse vague d’immigration juive venue d’Afrique du Nord. Olmeta dresse un état des lieux du camp et de la répartition des populations, distinguant la cité de passage et la parcelle louée à l’agence juive pour la Palestine. Il propose de le remplacer par un ensemble de 520 logements, agrémenté d’aires de stationnement, d’espaces de jeux, de terrains de sport, créant ainsi un véritable espace de vie. Ces deux plans ne permettent pas de savoir s’il s’agit d’une démarche individuelle ou d’une réponse à une sollicitation.

Louis Olmeta a également réalisé quelques grands ensembles hors du département, notamment à Montpellier où il a construit la résidence "les Princes" et surtout la Paillade.

À la manière de Fernand Pouillon, Louis Olmeta associe dans ses réalisations les critères du confort moderne et de l’esthétique traditionnelle par le choix des matériaux de façade (pierre) et de leur dessin (horizontales affirmées, corniches, grands aplats en pierre apparente). Cette filiation est aussi perceptible dans le soin apporté à la liaison avec la rue (gros murs, plans inclinés ou escaliers en pierre, avec éléments en saillie) pour associer la cité à son environnement.