Crestet - Fondation Stahly
- département : Vaucluse
- commune : Crestet
- appellation : Fondation Stahly
- adresse : chemin de la Verrière, le Haut du Crestet
- auteur : Bruno STAHLY (architecte)
- date : 1966-1970
- protection : Inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 8 juin 1988
- label patrimoine XXe : Circulaire du 1er mars 2001
C'est en 1966 que Claude et François Stahly décident d'établir un grand atelier et leur habitation en Provence, au cœur de la nature. Le lieu est un site forestier de chênes et de pins à l'écart du village de Crestet, près de Vaison-la-Romaine.
L'originalité du projet tient dans l'idée des "ateliers collectifs" que le sculpteur François Stahly n'a cessé d'expérimenter depuis 1952, d'abord à Meudon durant plusieurs années, puis aux Etats-Unis, notamment à Aspen (Colorado). Le principe est celui du partage d'un atelier de création avec d'autres artistes, plus jeunes, venant librement collaborer aux œuvres entreprises par les maîtres, mais pouvant aussi développer leur propre recherche dans un climat d'apprentissage et d'échange permanent. À Crestet, les Stahly veulent parfaire les avantages d'un tel espace en l'installant, tel un monastère, au cœur d'un "désert" au sens cistercien du terme.
Le maître d'œuvre de ce lieu est Bruno Stahly (né en 1937), fils de Claude et François Stahly.
Le programme lui est soumis avant la fin de ses études d'architecte, et son projet sera longuement mûri, constituant même le sujet de son diplôme. Après une expérience d'apprentissage, de voyages, de stages fructueux (notamment Mies Van Der Rohe à Chicago et aussi Marcel Lods), et une dizaine d'années de pratique libérale, Bruno Stahly entreprend une carrière de service public, d'abord comme architecte des Bâtiments de France et membre du Conseil général des ponts et chaussées puis inspecteur général des Monuments historiques.
"Lorsque j'ai découvert la pente de cette colline, dit Bruno Stahly, lorsque j'ai descendu le chemin qui pénètre le terrain, à un certain moment je me suis arrêté, sûr que la maison devait être là pour s'inscrire avec justesse dans le profil de la pente. Je sentais qu'il faudrait composer le plan en partant du haut et déduire les étages inférieurs du tracé des terrasses."
Composer en partant du haut est bien le principe qui permet d'appréhender ce bâtiment auquel on accède par sa partie supérieure et qui se donne à voir d'abord comme un ensemble de terrasses et de volumes articulés, dialoguant avec la ligne septentrionale de l'horizon. Optant pour une architecture moderne franche, délibérément pensée comme un ensemble sculptural — non sans rapport avec l'œuvre de François Stahly —, le projet repose sur un principe d'introversion par rapport à la nature environnante jugée par trop "immense, impressionnante, oppressante".
Les murs extérieurs sont conçus comme des murailles aveugles — ne laissant pénétrer le paysage proche que par d'étroites fentes — et c'est vers deux larges patios intérieurs que sont tournés d'un côté les ateliers, de l'autre l'habitation. C'est aussi contre le mistral, particulièrement violent dans cette contrée de Provence, que ces murs font efficacement rempart. Progressivement, les espaces extérieurs et une partie de la forêt sont devenus des lieux de création et d'exposition de sculptures contemporaines (Parc forestier du Haut Crestet).
L'ensemble a été acquis en 1983 par le Centre national des arts plastiques.
- Rédacteur : Jean-Lucien Bonillo, ensa Marseille, 2002
- Source : 20 monuments du XXème siècle, exposition patrimoine moderne en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, eaml, 2002