L'État (Drac Midi-Pyrénées), en relations étroites avec le clergé affectataire, a lancé une commande publique pour la création de vitraux destinés à la nef de la cathédrale de Cahors (Lot). Cet édifice, dont les verrières, en mauvais état de conservation, sont actuellement constituées de verre clair losangé est inscrit sur la liste du patrimoine mondial au titre des Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle.

La Drac Midi-Pyrénées a souhaité présenter au grand public les étapes de ce projet en éditant les Chroniques d'une création, dont vous trouverez le n° 1, Genèse, ci-dessous ou en téléchargement au format PDF ci-contre. D'autres suivront avec l'avancement du chantier.

│Une création contemporaine

Située au cœur de la ville médiévale, la cathédrale Saint-Étienne de Cahors résulte de plusieurs campagnes de construction, de rénovation et d'adaptation s'échelonnant du XIe siècle à nos jours. Monument historique classé en 1862, elle est inscrite sur la liste du patrimoine mondial depuis 1998 au titre des Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Actuellement, les verrières de la nef, en mauvais état de conservation, sont constituées de verre clair losangé. Réalisées avec une grande économie de moyens, dans la 1re moitié du XXe siècle, elles laissent pénétrer une lumière crue, en brutal contraste avec le chœur, provoquant une perception fragmentée des volumes, une mauvaise lecture de l'architecture et des décors ainsi qu'une sensation de « pauvreté » malgré le caractère exceptionnel de ce bâtiment.

Pour toutes ces raisons, l'État (Drac Midi-Pyrénées), en relation avec le clergé affectataire, a lancé une consultation auprès d'artistes et maîtres-verriers pour la création de nouveaux vitraux destinés à la nef. Parmi les 31 candidats ayant répondu, Gérard Collin-Thiébaut, artiste français vivant en Franche-Comté, associé à l'Atelier Parot, atelier verrier installé en Bourgogne, a été choisi.

La consultation portait sur la création d'un ensemble figuratif devant répondre à un programme élaboré en concertation avec le clergé. Le thème retenu, fondé sur les quatre évangiles, est celui de la parole créatrice et s'inscrit dans le programme iconographique général de la cathédrale et dans la tradition du vitrail historié.

 

Le projet concerne 90 m2 de vitraux, répartis dans les deux travées de la nef, soit onze baies organisées en quatre groupes ; trois sont composés de trois baies, le quatrième est composé d’une rosace et d’une baie simple.

Estimé à 580 000 €, ce projet est financé par l'État avec le généreux concours de la Fondation d'entreprise GDF SUEZ pour un mécénat de 80 000 €.

Les travaux ont débuté à l'automne 2012 et s'achèveront au printemps 2013.

La maîtrise d'œuvre est assurée par Jean-Louis Rebière, architecte en chef des monuments historiques et Yves Le Douarin, économiste de la construction. La maîtrise d'ouvrage est assurée par la Drac.

│Les étapes du chantier

Plusieurs étapes jalonnent l'exécution de ces travaux, permettant in fine d'accueillir les nouveaux vitraux.

Les anciennes verrières ont tout d'abord été déposées et, à cette occasion, les gabarits ont été pris par le maître-verrier. Celui-ci réalise ensuite les nouveaux vitraux dans ses ateliers près de Dijon, en étroite collaboration avec l'artiste Gérard Collin-Thiébaut.

 

Dépose de la rose

 

L'entreprise Rodrigues-Bizeul, domiciliée à Fontanes, près de Cahors, est chargée de rénover les maçonneries des baies. Elle effectue ainsi un nettoyage de l'ensemble des pièces, le rejointoiement de certains éléments, le remplacement des pierres les plus endommagées, la consolidation de la plupart des colonnettes et met en place des bavettes de cuivre sur les appuis des fenêtres, renforçant ainsi l'étanchéité.

La rénovation des voussures du pourtour de la rose et du réseau complexe de remplages qui se trouve au cœur de celle-ci s'avère particulièrement sensible.

Cette restauration a, par ailleurs, permis de mettre au jour des traces de polychromie (rouge et jaune) sur les voussures intérieures de la rose, qui rappellent les couleurs ornant la coupole.

 

Traces de polychromies

 

Les nouveaux vitraux seront replacés tour à tour dans la cathédrale.

En janvier 2013, les travaux de réinstallation débuteront par la rose et les quatre baies de la face sud du bâtiment.

 

SARL au capital de 30 000 €, l'entreprise Rodrigues-Bizeul est spécialisée dans la restauration de bâtiments anciens et de monuments historiques. Elle compte en moyenne 40 employés parmi lesquels : maçons, tailleurs de pierre, charpentiers et couvreurs.

Cette équipe de professionnels confirmés a non seulement rénové la place Nationale à Montauban et la tour Pelegrin à Cahors mais a aussi travaillé sur le Rempart de La Grave à Toulouse à l'occasion de la rénovation des anciens abattoirs qui accueillent aujourd'hui le musée d'art moderne et contemporain ainsi que le Frac Midi-Pyrénées.

│Un projet d'éducation artistique

 

Parallèlement au chantier, un projet d'éducation culturelle et artistique a été mis en place, associé à la création d'une mallette pédagogique, en partenariat avec l'académie de Toulouse et la Direction des services départementaux de l'Éducation nationale du Lot. Celle-ci liera approche historique, artistique et culturelle, et aura pour thème Patrimoine et art contemporain : les vitraux de la cathédrale de Cahors.

Quatre classes de Cahors sont concernées par cette action (CM2, 5e, 2nde générale et technologique et 1re L), soit une centaine d'élèves encadrée par des professeurs des premier et second degrés, qui ont travaillé sur ces sujets en interdisciplinarité (technologie, histoire, arts plastiques, lettres, arts appliqués).

 

Il a été proposé qu'une première initiation aux techniques du vitrail soit organisée autour d'une série de questions-réponses posées à l'architecte suivie de la présentation de son travail par le tailleur de pierre. Ces interventions ont eu lieu dans la salle du cloître de la cathédrale et ont été précédées d'une découverte de la ville médiévale et de la cathédrale sous l'angle de l'histoire et de l'architecture, grâce à l'intervention du service du patrimoine de Cahors, ville d'art et d'histoire.

 

Rose en cours de création à l'atelier Parot