L'Hôtel des Chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem
Acquis par le ministère de la Culture et Communication en 1996, l’Hôtel des Chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem fait depuis cette date l'objet d’investigations scientifiques, réunissant chercheurs de toutes disciplines (archéologie, anthropologie, archives, histoire, histoire de l’art…) chargés d’en enrichir l’historique.
Antiquité et haut Moyen Âge
Les fouilles réalisées en 2003 - 2004, à l'emplacement du parking souterrain de l’Hôtel Saint-Jean, ont mis au jour un vaste bâtiment construit au cours du 1er siècle de notre ère, à l'angle de deux rues assez proches du forum, le centre de la ville. Ce bâtiment comportait des portiques le long des rues ainsi que deux grands bassins à l'intérieur ; il a été réaménagé à la fin de l'Antiquité, au cours du IVe siècle, puis détruit. Vers l'An Mil, on trouve à son emplacement plusieurs silos voués au stockage de denrées agricoles.
Moyen Âge
Grâce à plusieurs dons faits par la famille de Toulouse au début du XIIe siècle, les Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, dont une des vocations est d’accueillir les pèlerins et de prodiguer des soins aux malades, ont pu s'implanter à Toulouse dans un quartier occupé principalement par un hôpital et deux églises : Sainte-Marie-de-la-Dalbade et Saint-Rémi.
Érigé en grand prieuré en 1315, l’établissement hospitalier fait partie d’un quartier très actif d’artisans et, parmi eux, le cordonnier Pierre Nègre, dont le souvenir est perpétué par une plaque de marbre gravée apposée dans le cloître du prieuré.
Enclos de murs, le site comprend alors un hôpital, l’église Saint-Rémi (qui prendra par la suite le vocable de Saint-Jean), un cloître dont la fouille a permis de retrouver le tracé et de localiser une de ses chapelles dite de Saint-Léonard, le logis des hospitaliers bordé de sept boutiques ouvrant sur la rue de la Dalbade, une puissante tour contenant les archives et les reliques ainsi qu'un cimetière dont les premières sépultures remontent au Xe ou XIe siècle.
En 1160, l’évêque de Toulouse Raimond II accorde aux Hospitaliers la permission de posséder un cimetière près de leur église Saint-Rémi. En théorie strictement réservé aux Frères, il accueille très tôt des laïcs donateurs de l’Ordre. L’étude des 1 869 sépultures découvertes lors des fouilles a livré des informations sur les pratiques d’inhumation : caveaux collectifs, tombes individuelles maçonnées, cercueils ou simples linceuls. L’étude des sujets inhumés a confirmé la présence de nombreux pèlerins et a permis d'identifier une population en majorité masculine ainsi que près de 400 sépultures d’enfants et d'adolescents.
Un autre lieu a également révélé la présence de sépultures : il s’agit d’une galerie de l’ancien cloître, qui conserve les quatre enfeus découverts en 1997. Édifiés aux XIIIe et XIVe siècles, ils abritent des œuvres de toute première qualité, en particulier un sarcophage dont le couvercle sculpté, un « gisant », représente une descendante de Pierre de Toulouse, lieutenant du comte Raimond VII, lui-même inhumé dans l'enfeu voisin qui porte des peintures exceptionnelles par leur facture et leur état de conservation.
Les XVIIe et XVIIIe siècles
Dans le courant du XVe siècle de graves incendies frappent particulièrement ce secteur de la ville car la majorité des constructions étaient en pans de bois et torchis. Les campagnes de reconstruction se font en brique sur des parcelles plus grandes. Elles marquent un changement radical d’occupation de cet ancien quartier populaire. Le vieux prieuré, vétuste, n’échappe pas à la règle et il est entièrement reconstruit à partir de 1668, sous l’égide du grand prieur Paul-Antoine de Robin-Graveson. La conception du palais d’ordonnance classique est attribuée à Jean-Pierre Rivalz (1625-1706), architecte et peintre officiel de la ville de Toulouse. Lors de ces travaux, qui concernent le bâtiment donnant sur la rue de la Dalbade (porche, salle capitulaire, appartements, salon de réception), les lieux d’inhumation sont désaffectés et le cloître démoli.
En 1680, une seconde tranche de travaux ferme la cour à l’est avec la construction d’un bâtiment comportant une écurie voûtée et des chambres pour les collégiats. La majorité des décors peints fait partie de cette dernière campagne et a été réalisée pendant le priorat de François-Paul de Béon-Masses-Cazaux (1674-1687).
L’Hôtel, déserté pendant la Révolution, est vendu en 1812 au "négociant" Labourmène qui entreprend des travaux pour installer un entrepôt de draperies, et qui fait détruire la tour des archives. L’église sera détruite en 1839, pour construire le bâtiment dont la façade sur la rue de la Dalbade prolonge de cinq travées, à l'identique, celle de l’Hôtel du XVIIe siècle.
Période contemporaine
De 1903 à 1986, l’École supérieure de commerce investit l’ancien prieuré. En 1986 et 1990, une grande partie des bâtiments du XVIIe siècle est classée ou inscrite au titre des Monuments Historiques, et en 2015, la totalité est classée. Le ministère de la Culture en devient propriétaire en 1996 et confie la maîtrise d’ouvrage à la société Munvez-Castel-Morel pour la rénovation, avec Bernard Voinchet, architecte en chef des monuments historiques.
Dans le projet de restructuration ont été associés trois artistes contemporains, Cécile Bart, Stéphane Calais et Philippe Poupet qui ont, par leurs œuvres installées dans quatre lieux, enrichi le patrimoine architectural et historique de l’Hôtel Saint-Jean. Le 1 % artistique à l'Hôtel Saint-Jean
Installée depuis juillet 2005, la Direction régionale des affaires culturelles d’Occitanie (site de Toulouse), enfin réunie sous un toit qui lui est propre, rend de nouveau accessible un bâtiment majeur de l’histoire régionale.
Informations pratiques
Les agents de la Drac organisent, lors des Journées européennes du patrimoine (3e week-end de septembre), des visites guidées d'une partie des intérieurs de l'Hôtel Saint-Jean.
Pour des raisons de conservation, la galerie des enfeus n'est pas ouverte au public.
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