La Direction régionale des affaires culturelles et plus particulièrement le service régional de l’archéologie ont la tristesse de faire part du décès de leur collègue, Gilbert Fages.

 

Gilbert Fages

Gilbert Fages, né le 18 novembre 1941, lozérien, féru d’archéologie et passionné par son territoire, nous a quittés le 3 janvier 2022.

La Lozère, terre de passion

Gilbert, le caussenard, le lozérien était passionné par son territoire ; ces plateaux, ces vallées, ces montagnes, il les aimait, il les parcourait et il savait les faire partager. Gilbert avait un attachement particulier pour l’Histoire de son pays. Grâce à ses connaissances et soucieux de la préservation des vestiges du passé, c’est d'abord au sein du Parc National des Cévennes qu’il commença sa carrière professionnelle d'archéologue avant d'intégrer la Direction régionale des affaires culturelles, durant près de 25 ans, principalement au dépôt archéologique de Banassac en Lozère.

Des compétences archéologiques au service de la Drac.

Ses compétences et son savoir-faire vont être déterminants dans sa carrière d’archéologue. C’est ainsi, que d’évidence, il a su saisir l’opportunité qui lui était offerte de rejoindre, au début des années 80, la Direction régionale des affaires culturelles. Affecté comme ingénieur au service régional de l’archéologie, c’est tout naturellement que lui fut attribuée la gestion patrimoniale, scientifique et administrative du département de la Lozère. Pendant un quart de siècle, il a documenté avec rigueur la Carte archéologique nationale, inventoriant chaque année plusieurs centaines de sites archéologiques. Gilbert, sur le terrain, c’était un regard pointu, aucun détail ne lui échappait ; une analyse fine et pertinente, qui permettait rapidement de tout comprendre. Au bureau, Gilbert était appliqué à restituer systématiquement tout ce qu’il faisait pour laisser la trace de ce colossal travail.

Le dossier phare - les menhirs des Bondons en Lozère

Les Bondons, ces alignements préhistoriques de plus de 200 pierres dressées, ce Carnac lozérien, ensemble exceptionnel à l’échelle du phénomène mégalithique européen, n'avait plus de secrets ou presque pour lui. Certes, cette richesse a été révélée par Charles Morel dans les années 1930, mais sans l’œuvre de Gilbert qui s’est étalée sur plus de 50 années, aujourd’hui, ce bien serait méconnu, voire pire, il aurait disparu à la vue de tous. Gilbert y a multiplié par 5 les découvertes de menhirs, il en a redressé presque la moitié, ce qui a sauvé le site. Il y a étudié les carrières d’extraction, a travaillé sur l’analyse de leur répartition, il a associé ces pierres à leurs paysages. Tout dernièrement, il avait accepté de contribuer à leur valorisation, un projet à grande échelle initié par le Conseil Départemental de la Lozère et consenti dans un souci de transmission, d’évoquer ce sujet à la télévision dans un reportage.

Envie d'évasion - Le mystère des menhirs de Lozère

L'homme, le collègue, l'ami

Malgré cette envergure de grand chercheur, il attachait une attention particulière à tous ses collaborateurs, un très grand respect à celles et ceux qui lui signalaient des sites ; ses nombreuses publications cosignées en témoignent. Gilbert était surtout sincère, homme de cœur et d’amitié. Tous se souviennent de ce chercheur si compétent et tellement humain. Quel spéléologue du département n’a pas croisé Gilbert ? Pour la plupart, Gilbert l’archéologue était devenu Gilbert le copain et le moindre fragment d’os, le plus petit tesson de poterie, lui était tout de suite signalé. Certes pour l’intérêt, mais surtout pour croiser l’Homme, prendre du plaisir à partager un moment avec lui. Il a su tout au long de sa carrière construire et transmettre son savoir avec un seul objectif, diffuser l'histoire de ce territoire façonné par ses habitants. Gilbert a toujours partagé son travail que ce soit avec les plus grands scientifiques comme avec le berger du Causse, pour lui, tous avaient la même valeur humaine et il leur accordait le même respect. Gilbert était avant tout un humain certes, mais surtout un humaniste. Sa douceur permanente incitait au contact, à l’échange, mais gare, en cas de problème, il était déterminé, ferme, mais toujours bienveillant.

Gilbert a fait valoir ses droits à une retraite bien méritée en 2003, mais ce n’est pas pour autant qu’il a cessé son action, bien au contraire. Libéré des lourdes charges administratives qui contraignaient son temps d’archéologue, il a pu se concentrer sur ce qui l’a toujours captivé, le passé, ses origines, sa famille.

Merci à Philippe Galant, collègue et ami de Gilbert Fages, pour l'hommage rendu à ses obsèques le 6 janvier 2022 et dont la teneur des propos élogieux et admiratifs a permis cet article.