Très rapidement, pour faire face à la crise, l’Etat a mis en place des mesures d’urgence. A présent, il renforce son action et met en œuvre son plan de relance. En Normandie, il avoisine les 18 millions d’€. Cela doit permettre de soutenir la culture de manière durable. Des points presse réguliers dans les lieux visés par ce plan vont être organisés par le ministère de la culture en présence de représentant de l’Etat. L’objectif sera, à l’évidence de mettre en avant l’effort de l’Etat mais aussi de valoriser le patrimoine remarquable qui caractérise la Normandie.

Le plan de relance doit permettre de soutenir l’ensemble du secteur culturel.

5 priorités ont été identifiées pour orienter l’effort :

  • La restauration du patrimoine,
  • L’aide aux spectacles vivant et aux établissements publics de création,
  • Le soutien aux artistes et aux jeunes créateurs (aides spécifiques à l’emploi, programme, exceptionnel de commande publique, renforcement de l’enseignement culturel),
  • La consolidation des filières culturelles stratégiques (presse, cinéma, audiovisuel, livre…),
  • Des investissements d’avenir pour les industries culturelles et créatives.

Patrimoine

La restauration du patrimoine de Normandie occupe une part importante du plan. Il innerve les territoires. Il doit être entretenu et restauré (c’est l’une des principales missions de la DRAC Normandie) alors que la crise sanitaire pèse sur les financements.

 

Plan de relance patrimoine Normandie
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Deux axes majeures donc, les cathédrales et les monuments historiques non Etat :

Le plan cathédrale (4 595 000 €) :

  • 835 000 € (CP 2021 / 2022) pour Notre Dame de Bayeux (restauration des verrières et du transept)
  • 2 000 000€ (CP 2021 / 2022) pour Notre Dame de Coutances (restauration des bas-côtés)
  • 1 760 000€ (CP 2021 / 2022) pour Notre Dame de Rouen (recoupement des combles et restauration de la flèche)

 

Notre-Dame de Bayeux

 

La cathédrale romane

L’édifice, qui domine de sa masse ouvragée toute la ville, mêle les styles des architectures romane et gothique normandes. Il reste peu de chose de la cathédrale dédicacée le 14 juillet 1077, en présence de Guillaume le Conquérant. Seules demeurent la structure des tours occidentales et de la crypte, sous le chœur. La décoration des arcatures et les écoinçons des cinq premières travées de la nef, également de style roman, sont du début du XIe siècle.

La cathédrale gothique

Le premier gothique (fin XIIe s. – milieu XIIIe s.) est très lisible dans la structure à trois étages de la cathédrale (devenue la règle pour les grandes églises normandes) : les parties basses renforcées, les bas-côtés repris et les parties hautes de la nef remodelées. En 1230, de grandes fenêtres éclairant la nef ont été ajoutées.

Le style anglo-normand spécifique à l’édifice est particulièrement sensible dans le chœur (3 étages successifs d’arcatures, structure complexe (notamment du triforium).

La Tour centrale dite du Patriarche : le premier étage octogonal fut élevé entre 1477 et 1479 et le second étage, au XIXe s. Il est coiffé d’un dôme de cuivre et d’un lanternon.

La décoration des extérieurs de l’édifice dut réalisée au XIIe s. et XIIIe s. : sur le parvis, un triple portail plaqué sur les tours occidentales à la fin du XIIIe s. Le portail central, profondément remanié avant la Révolution, est consacré à la Vierge ; celui de gauche représente la Passion et celui de droite, le Jugement dernier.

Dans le cadre du plan de relance, 835 000 € sont consacrés à la restauration des verrières et du transept (CP 2021 / 2022) :

Notre-Dame de Bayeux

 

Notre-Dame de Coutances

Histoire :

Le diocèse de Coutances est fondé à la fin du Ve siècle. Suite aux invasions normandes, la cathédrale est détruite. Une nouvelle cathédrale est construite au XI e siècle par Robert de Lisieux puis Geoffroy de Montbray. L’évêque Hugues de Morville entreprend au début du XIIIe siècle des travaux de modernisation en rhabillant et en rehaussant les tours romanes, et en remaniant la nef. La tour de croisée, le transept et le chœur sont entièrement reconstruits.

Architecture :

La tour de croisée est typique de l’architecture normande. La lumière pénètre largement par les baies hautes d’où le nom de tour lanterne qui culmine à 41m sous clef. Les niveaux s’élèvent en légère saillie les uns sur les autres par quatre pendentifs dans les angles du carré de la tour. Les arcs brisés des galeries respectent la tradition normande. Le chœur offre une belle unité spatiale caractéristique de l’architecture gothique par les chapelles rayonnantes peu profondes, par le double déambulatoire avec ses 12 colonnes jumelles et par le mur épais dans les parties hautes des galeries. Dans les chapelles des bas-côtés, les arcatures trilobées aux écoinçons ajourés permettent la diffusion de lumière. Le monument atteint sa forme et son aspect définitif dans le dernier quart du XIV e siècle avec la modification des chapelles latérales sud et la construction de la chapelle de la Circata. Cette chapelle d’axe est peinte dès l’origine et restaurée au XIX e siècle lors de la redécouverte du décor.

La cathédrale a été très peu touchée par les bombardements de 1944, contrairement au centre-ville de Coutances.

Plan de relance :

Dans le cadre du plan de relance 2 000 000 € (CP 2021 / 2022) sont dédiés à la restauration des bas-côtés de la Notre Dame de Coutances.

Plan de relance - Cathédrale de Coutances

 

La restauration de monuments historiques n’appartenant pas à l’Etat (3 920 000 €) :

  • L’aile sud du Château de Beaumesnil à Mesnil en Ouche : 500 000 € (2021 2022)
  • Restauration générale des couvertures du Manoir de Courboyer : 420 000 € (2021 2022 2023)
  • Restauration générale de l’église Saint Ouen de Rouen : 3 000 000 €

Manoir de Courboyer

La restauration de la toiture avec mise en place d’un système de collecte des eaux pluviales et restitution et maçonneries des parties hautes

Manoir de Courboyer @pnrp

Les premières mentions écrites de cet édifice figurent dans une charte de l’évêque de Sées en 1233. Il détaille un ensemble de terres et de revenus dépendants de l’abbaye de Saint Denis de Nogent le Rotrou.

Le manoir relevait de la châtellenie de Bellême. D’abord, site défensif primitif, délaissé à la fin du XVe siècle au profit d’un manoir plus adapté au mode de vie des seigneurs de Nocé et à la gestion de leur domaine agricole, il fut probablement construit, ainsi que la chapelle, par Jehan de Courboyer à la fin du XVe siècle (cf. l’analyse dendrochronologique pratiquée sur la charpente qui situe la date d’abattage des bois en 1495 ou 1496). La lignée des Courboyer s’éteint en 1594 avec la mort de Maris de Courboyer. Ses filles vendent le domaine à Pierre de Fontenay, seigneur de la Reynière. Avec lui commence une longue période de délaissement partiel, puis à partir de 1680, d’inoccupation du manoir. Le domaine est alors exploité par des fermiers et le logis seigneurial se dégrade. A partir de 1733, il bénéficie toutefois de travaux importants après son achat par Pierre de Barville. A la fin du XVIIIe siècle, la Révolution chasse les derniers seigneurs de Courboyer et au début du siècle suivant le domaine est converti en ferme. Au fil des années, Courboyer passe aux mains de plusieurs propriétaires. Il bénéficie de plusieurs campagnes de travaux à partir des années 1980, mais c’est surtout l’acquisition et l’installation du Parc régional du Perche au début des années 2000 qui lui ouvre de nouvelles perspectives et lui permet de devenir l’emblème du Perche.

Après une inscription à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1926, le manoir a été classé en 1981 pour ses façades, couvertures et quatre de ses cheminées.

Malgré son éclat, l’édifice souffre d’une importante vétusté.

Aussi, en étroite concertation avec les services de la conservation régionale des Monuments Historiques (DRAC de Normandie), un diagnostic a été commandé en 2017 à M. Benoît Maffre, architecte du patrimoine, pour établir un bilan sanitaire complet de l’édifice et des propositions de travaux. L’urgence sanitaire concerne bien évidemment les toitures, mais l’intérieur, resté dans la configuration donnée par les propriétaires privés, nécessite également à moyen terme d’importants travaux pour accueillir le public selon les normes exigées et dans de bonnes conditions, notamment en matière de sécurité et d’accessibilité.

Le programme prioritaire de restauration, établi en concertation avec l’administration du Parc porte sur la restauration des couvertures. Il vise à rétablir les souches de cheminées et les lucarnes.

Cette figure symbolique du Perche, le Manoir de Courboyer, recueille toute l’attention du ministère de la culture et de la DRAC de Normandie.

Manoir de Courboyer

 

Un réinvestissement dans les monuments nationaux (2 000 000 €) :

  • La restauration des façades et toitures de la Merveille de l’Abbaye du Mont Saint-Michel* : 1 000 000 €,
  • La restauration de la chambre de l’évêque du Château de Carrouges* : 1 000 000 €.

*C’est le Centre des monuments nationaux (CMN) qui gère l’abbaye du Mont-Saint-Michel et le Château de Carrouges.

 

France Relance - château de Carrouges
Accéder à la transcription textuelle

Le réinvestissement dans les autres équipements patrimoniaux (musées, archéologie, archives) (200 000 €) :

  • La rénovation d’ensemble du Muséum du Havre pour un montant de 200 000 €.

 

Fonds de transition écologique

Les institutions de la création en région sont également soutenues à travers le déploiement de dispositifs éco-responsables. Une identification des besoins a été réalisée par la DRAC de Normandie afin de déterminer les mesures du plan permettant de répondre aux attentes des structures concernées. Dans le détail, ces opérations vont concerner :

  • Plateforme 2 Pôles Cirque en Normandie PNC La Brèche : l’installation de gradin télescopique pour le pôle cirque en Normandie PNC La Brêche. (80 000 €)
  • Le SCIN Théâtre de Caen : le remplacement du monte-charge du Théâtre de Caen permettant de renforcer l'accessibilité PMR (100 000 €)
  • L’Opéra de Rouen : la rénovation de la salle Cabourg de l'Opéra de Rouen Normandie (150 000 €)
  • La Scène Nationale de Dieppe (DSN) : l’acquisition, par la Scène Nationale de Dieppe, d'une structure mobile  sous forme de dôme permettant d'organiser chaque saison une itinérance culturelle pluridisciplinaire sur le territoire (50 000 €)
  • La SCIN L'Archipel de Granville : le remplacement des assises de la scène conventionnée d'intérêt national de l'Archipel (119 800 €)

En outre, un effort spécifique est également mis en œuvre pour soutenir l’emploi artistique, redynamiser la jeune création et moderniser le réseau des établissements d’enseignement supérieur de la culture.

La rénovation et la modernisation du réseau des écoles d’architecture et de création

  • C’est ainsi que 4 400 000 € sont consacrés à la réhabilitation des ateliers du parc de l’école nationale de l’architecture de Normandie à Rouen.

 

Création

Ce plan de relance porte également la volonté de contribuer au renouveau et à la reconquête de notre modèle de création et de diffusion artistique.

La relance de la programmation du spectacle vivant hors musique :

  • Soutien à la production et à la diffusion de spectacles des labels et des réseaux en Normandie (619 400 €)
  • L’accompagnement financier des équipes indépendantes les plus fragilisées par la crise (815 000 €)
  • La mise en place de projets en coopération liés aux lieux intermédiaires et AFA non éligibles à d’autres dispositifs (195 600 €)

La relance de la programmation du spectacle vivant musical :

  • Assurer une permanence artistique sur les territoires et conforter l’emploi des artistes interprètes, en soutenant notamment les résidences (200 000 €)
  • Soutenir les équipes d’artistes et les producteurs par des aides conjoncturelles en transformant ou en revisitant les formes de représentation habituelle par l’itinérance ou l’adaptation des spectacles à des lieux nouveaux (200 000 €)
  • Soutenir les compositeurs et la création musicale en accompagnant les structures de création et de diffusion, les orchestres, les opéras, les salles de musiques actuelles, les conservatoires (400 000 €)
  • Soutien aux projets liés aux tiers lieux et aux AFA portant des projets musicaux significatifs et fortement impactés par la crise (150 000 €)

La Culture reste une priorité pour l’Etat.

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