Réalisée à la fin du XIIIe siècle dans les décennies qui suivent la mort de Saint Louis (12-1270), la châsse « de saint Romain » est un reliquaire ayant la forme d’une chapelle gothique à vaisseau unique flanquée à ses angles de quatre hauts pinacles.

Dans le cadre d’une opération de révision/réparation, la conservation régionale des monuments historiques de la DRAC Normandie, a fait refixer certains des contreforts d’angle et des pinacles qui se désolidarisaient de la structure de l’objet. Cette restauration a été confiée à Madame Anne-Marie Geffroy, restauratrice spécialisée dans l’orfèvrerie médiévale.

Typique de l’art gothique et de l’orfèvrerie du XIIIe siècle, son décor présente une délicate ornementation empruntée à l’architecture (ogives, contreforts, rosaces…). Réalisé en cuivre fondu, repoussé et doré sur une structure en bois, l’objet est enrichi d’émaux. Ses dimensions sont : 77,5 x 89,5 x 47 cm. Il est classé Monument historique depuis le 4 juillet 1903.

La châsse est à l’origine une châsse « de tous les saints ». C’est en 1776 qu’y sont transférées les reliques de saint Romain, jusqu’alors contenues dans une autre châsse. La châsse « de tous les saints » devient alors la châsse « de saint Romain ».

La vénération de l’objet tire son origine d’un miracle de saint Romain, évêque de Rouen au VIIe siècle : accompagné d’un condamné à mort, le saint enchaîna de son étole le dragon (gargouille) qui terrorisait la cité. En souvenir de ce miracle, pour l’Ascension, le chapitre de la cathédrale avait l’habitude de gracier l’un des condamnés à mort de l’année. Le condamné gracié devait soulever trois fois la fierté (la châsse) pour recouvrer la liberté. Ce privilège des chanoines fut supprimé en 1791. Pour commémorer cette tradition, la châsse, jusqu’au XXe siècle, a été portée en procession dans la ville pour cette fête. Elle n’est plus portée en procession à l’Ascension mais exposée pour la fête du saint, le dernier dimanche d’octobre, dans le chœur de la cathédrale.

La châsse est aujourd’hui ornée de quatorze statuettes d’époques diverses : les douze apôtres, le Christ et la Vierge à l’Enfant. Le nombre et l’identité des statuettes ont beaucoup varié. Sur chacun des deux grands côtés, quatre apôtres encadrent le Christ bénissant et la Vierge à l’Enfant alors que deux statuettes ornent les petits côtés.   

L’objet a été restauré en 1776, 1833, 1869 et 1956. En 1776, certaines statuettes manquantes sont remplacées par des statuettes en cuivre fondu, sur le modèle de celles d’origine en cuivre repoussé. Deux nouvelles statuettes de saint Romain et du condamné à mort sont ajoutées sur le sommet de la châsse. En 1869, sur les côtés les plus étroits, on décide d’installer deux statuettes au lieu d’une. Ces quatre statuettes – saint André, saint Barthélémy, saint Jean, saint Pierre - sont obtenues par la technique de la galvanoplastie. La dernière restauration importante a lieu en 1956, à la réouverture de la cathédrale après la Seconde Guerre mondiale. Les statuettes de saint Romain et du condamné à mort sont retirées en raison de leur manque d’authenticité.

L’objet présente aujourd’hui une diversité de matériaux et de techniques éloignée de son état d’origine. Ainsi les quatorze figures sont-elles soit en cuivre repoussé et ciselé (XIIIe siècle), soit en fonte de cuivre (XVIIIe siècle), soit en galvanoplastie (XIXe siècle).

Une statuette d’apôtre tenant dans sa main droite un bâton (saint Jacques le Majeur ou saint Philippe) provenant de la châsse est conservée au musée du Louvre. (On ignore quand elle fut retirée de la châsse mais elle n’a pas subi les restaurations des XVIIIe et XIXe siècles.) Un saint Jean, encore en place en 1869, est conservé à la Wallace Collection (Londres).