"Villes invisibles", l’œuvre d’Italo Calvino inspire et métamorphose en "Palais des villes imaginaires" le Centre d'art contemporain d'intérêt national de la Ferme du Buisson, soutenu par la Drac Île-de-France. Pour cette exposition collective, présentée du 26 mars au 24 juillet, les artistes proposent ici, à la manière de "Fedora" la note décrite par le romancier fabuliste italien, leur vision d’une ville inaperçue.

 

Les artistes invités dans le Palais des villes imaginaires investissent chaque espace et proposent leur vision d’une ville imaginaire, imprégnée de leurs représentations sensibles et intellectuelles de la civilisation.  Des sociétés fictives dans lesquelles la ville peut être utopie urbaine, reflet d’une véritable citée rêvée ou a contrario dystopie, sont imaginées. C’est aussi une manière d’introduire de la fiction dans la réalité de la ville pour inventer de nouveaux possibles, renouveler le narratif et la réflexion que l’on porte sur l’écosystème ville. Inventer les villes de demain…

L’exposition se déploie dans le centre d’art, s'étend à l’extérieur, avec des productions spécifiques à l’image de nos villes organiques, éternels chantiers. Elle se nourrit de l’histoire des utopies de la cité dont un florilège subjectif est présenté dans le cabinet des utopies : histoire ancienne – de Claude-Nicolas Ledoux au Plan Voisin de Le Corbusier –, récente – avec la création des villes nouvelles, les dérives des situationnistes Guy Debord et Constant avec la New Babylon, les visions d’Archigram ou Yona Friedman –, contemporaine – avec des récits d’auteurs liés au territoire du Grand Paris, les visions oniriques de François Schuiten ou la ville végétale de Bert Theis. Commissaire associée de l'exposition : Julie Sicault Maillé.

Voyage fictionnel en quatre chapitres

Chapitre 1 – Imaginaires de la ville, utopies et dystopies – Archigram*, Alain Bublex, Le Corbusier*, Constant*, Nicolas Daubanes, Guy Debord*, Yona Friedman*

Alain Bublex nous engage à nous balader à travers un paysage tout aussi réel que fantastique, mix labyrinthique "en chantier" de projets ayant trait au paysage urbain (Glooscap, Plan voisin et Plug-in City), composé de divers médias (audio, son, diasec, affiches).

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Alain Bublex, Five days in town, 2005, courtesy Galerie GP & N Vallois – Paris, Ferme du Buisson, 2022 © photo Émile Ouroumov

Nicolas Daubanes détruit-il la ville qui nous enferme ou pose-t-il les prémisses d’une nouvelle ville dans laquelle vivre librement ? En réduisant en poussière une porte de prison, il détruit symboliquement la porte de la ville qui nous emprisonne et crée à partir de la sciure les possibles d’une nouvelle cité.

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Nicolas Daubanes, Mauvais œil : porte de l'ancienne Maison d'Arrêt de Colmar, 2022, production Ferme du Buisson © photo Émile Ouroumov

Chapitre 2 – Ville intelligente, ville connectée – Filipe Vilas-Boas

Filipe Vilas-Boas interroge et renverse les travers de la ville connectée en en poétisant les outils. La reconnaissance faciale se transforme en partition musicale pour piano, l’intelligence artificielle nous prémunit de glisser sur une peau de banane et le véhicule automatique dessine une cartographie fictionnelle.

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Filipe Vilas-Boas, Mixed feelings, 2020, développement en collaboration avec Grégoire Jauvion, Ferme du Buisson 2022 © photo Émile Ouroumov

Chapitre 3 – Habiter la ville ensemble : la ville de tous les vivants – Louisa Raddatz, Bert Theis*

Louisa Raddatz nous immerge dans la ville de tous les vivants, celle dans laquelle nous devrions tous vivre ensemble, animaux, végétaux, humains. Elle tisse une ruche pénétrable générée par des éléments végétaux, organiques, humains, animaux…

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Louisa Raddatz, La Maison des vivants, 2022, production Ferme du Buisson © photo Émile Ouroumov

Chapitre 4 – Rêver la ville – Fabrication Maison**, François Schuiten* , Capucine Vever

Capucine Vever redessine ce qui a déjà été totalement dessiné récemment par l’homme, une ville nouvelle (Évry-Courcouronnes) et nous la donne à rêver en un paysage montagneux suspendu, les sommets se substituant aux cimes des immeubles.

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Capucine Vever, À la fin, on sera tout juste au début, 2019-21, production Grand Paris Sud, Ferme du Buisson, 2022 © photo Émile Ouroumov

Le Palais des villes imaginaires se prolonge avec Rêver la ville, une forme expérimentale pensée et coconstruite par des habitants du territoire et le collectif Fabrication Maison au fil des mois de l’exposition. À partir d’ateliers collaboratifs de co-création, les habitants repensent leur quartier et en construisent la carte sensible et une nouvelle signalétique urbaine, qui seront présentées à l’occasion d’un temps événementiel le 18 juin à La Ferme du Buisson.

Cette exposition s’inscrit dans la lignée de l’exposition précédente, Aterrir (du 2 octobre 2021 au 30 janvier 2022 au Centre d’art contemporain de la Ferme du Buisson). Une autre mise en lumière des questions de territoire, de commun, de communauté, de vivant et d’habiter, y est esquissée.

(*travaux présentés dans le cabinet des utopies- **Événement Rêver la ville le samedi 18 juin)

Œuvres des artistes

Le cabinet des utopies

Archigram, Guy Debord, Charles Fourier, Le Corbusier, Yona Friedman, Claude-Nicolas Ledoux, Constant Anton Nieuwenhuys, François Schuiten, Bert Theis et Le Grand Paris des écrivains.

Yona Friedman (1923 – 2019) - Slide-Show Architecture. , 2016.

Direction artistique : Sylvie Boulanger Design graphique : Léna Arraguas Montage, animation et conformation : Aida Rebull Son : Max-Louis Raugel. Production cneai =, d’après la publication Yona Friedman –L’humain expliqué aux extra-terrestres, édition cneai = / L’éclat, 2016. Remerciements Fonds de dotation Denise et Yona Friedman. Avec le soutien de la Drac Île-de-France et du Conseil régional d’Île-de-France

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Architecte hongrois, Yona Friedman publie en 1958 L’Architecture mobile, dans laquelle il est question de la mobilité de l’usageret non du bâtiment. L’architecture mobile est l’ "habitat décidépar l’habitant" à travers des "infrastructures non déterminéeset non déterminantes". Projet manifeste et iconique, la Ville spatiale est un principe imaginé dès 1959 par Yona Friedman.Structure spatiale surélevée sur pilotis, elle peut enjamber deszones non constructibles ou même des villes existantes. C’estune "ville tridimensionnelle". Les différentes fonctions de la villepeuvent s’y superposer. Elle dessine une cartographie nouvelledu territoire "et la ville redevient ce qu’elle a toujours été : unthéâtre de la vie quotidienne."

Le Centre d’art contemporain de la Ferme du Buisson

LABEL Centre d’art contemporain d’intérêt national (CACIN). Depuis le 8 janvier 2020, le Centre d’art est labelisé Centre d’art contemporain d’intérêt national. Créé en 2017 pour les lieux exerçant une "activité d’exposition, de production d’œuvres et de diffusion des arts visuels et contemporains", le label CACIN témoigne du soutien et de la reconnaissance de l’État envers un lieu pour son engagement dans le champ des arts visuels et son action envers le public. Il distingue la qualité de l’accompagnement des artistes ainsi que la logique d’expérimentation dans l’ensemble des actions menées faisant la part belle à la liberté de création et à sa transmission. Il compte vingt-sept bénéficiaires (février 2020).

Au sein du projet pluridisciplinaire de la Ferme du Buisson, le Centre d’art contemporain est engagé depuis 1991 dans un soutien actif à la création à travers un travail de production, de diffusion et d’édition. Tout en permettant de découvrir des artistes français émergents ou des artistes internationaux méconnus en France, le Centre d’art fait dialoguer les disciplines et propose des formats d’exposition et de médiation originaux.

Le Centre d’art contemporain de la Ferme du Buisson bénéficie du soutien de la Drac Île-de-France, de la Communauté d’Agglomération de Paris - Vallée de la Marne, du Conseil Général de Seine-et-Marne et du Conseil Régional d’Île-de-France. Il est membre des réseaux Relais (centres d’art en Seine-et-Marne), Tram (art contemporain en Île-de-France) et d.c.a. (association française de développement des centres d’art).