L'exposition collective "Des champs de fraises pour l'éternité", présentée jusqu'au 2 avril à La Galerie de Noisy-le-Sec, soutenue par la DRAC Île-de-France, propose un espace de repli face aux crises économique, écologique, politique et sociale. Le titre exposition fait bien évidemment référence à la chanson des Beatles, Strawberry Fields Forever.

 

Avec des œuvres de Linus Bill + Adrien Horni, Ann Craven, Alex Frost, Sebastian Jefford, Bernard Jeufroy, Sister Corita Kent, Pentti Monkkonen, Travess Smalley, Sue Tompkins, Sarah Tritz.

Initialement programmée en 2021, "Des champs de fraises pour l'éternité", projet initié en 2020, est présentée depuis le 22 janvier dernier à la Galerie centre d'art contemporain de Noisy-le-Sec.

Pour Marc Bembekoff, et It's Our Playground (Camille Le Houezec & Jocelyn Villement) commissaires de l'exposition "Ce report fait donc de "Des champs de fraises pour l'éternité" une exposition en retard sur son temps, un retard qui lui permet en revanche d'intégrer visuellement et conceptuellement les conséquences d'une période que beaucoup auront vécu entre parenthèse."

 

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Vue de l'exposition "Des champs de fraises pour l'éternité" La Galerie, centre d'art contemporain de Noisy-le-Sec Photo © Aurélien Mole

Le directeur de la Galerie estime que ce délai pouvait assurément impliquer un "risque" mais également devenir une "chance". "En se penchant de nouveau sur le projet en janvier 2021, nous avons pris conscience que cette exposition se retrouverait incluse dans une longue lignée des expositions "post-Covid" et qu'il s'agissait à la fois d'un risque et d'une chance. Un risque de tomber dans une forme de répétition d'expositions procédant de cette même mécanique du second souffle de la respiration, du calme après la tempête. Une chance, celle de proposer un regard particulier sur une création artistique en quête de vivacité et de magie face à une réalité ayant agi comme un fort révélateur émotionnel."

Un espace de repli

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"Cette exposition propose un espace de repli face aux crises économique, écologique, politique et sociale que nous traversons. Ici, ce retrait prend la forme d'une évasion mentale qui, une fois effectué, permet d'appréhender le réel sous de nouveaux angles. Si la fin du XIXe siècle est historiquement et structurellement marquée par le progrès croissant des industries, une certaine partie des courants artistiques de cette époque est quant à elle imprégnée d'un obscurantisme et d'un ésotérisme marqués (le mouvement nabi, le symbolisme). Les crises dont il était question initialement étaient plus structurelles que pandémiques mais étaient déjà bien installées. Infiltrées partout dans la société, notre économie, les institutions, le spectacle, les écoles, les milieux politiques, écologiques et économiques. Au sortir de cette épidémie, les abris de fortune n'ont pas disparu, les situations critiques ne le sont pas moins et la précarité ambiante a profité de ces nombreux mois pour rénover sa chambre au creux de nos sociétés."

 

Travess Smalley, LandscapeScript (working title) 2021 image numérique 5100 x 6600, Courtesy de l'artiste  

Référence à la chanson des Beatles, Strawberry Fields Forever

Le titre de cette exposition fait bien évidemment référence à la chanson des Beatles, Strawberry Fields Forever, enregistrée en 1967. "Parti du thème de la nostalgie et de l'enfance - Strawberry Fields était un orphelinat aux environs duquel il jouait étant enfant – John Lennon en fait une chanson introspective et abstraite sur sa vision personnelle du monde.

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Vue de l'exposition "Des champs de fraises pour l'éternité" La Galerie, centre d'art contemporain de Noisy-le-Sec Photo © Aurélien Mole

Traduit en français, le titre de cette chanson semble davantage gagner en poésie, nous renvoyant à un univers totalement subjectif et halluciné" rappellent les commissaires de l'exposition, qui observent "La nostalgie de l'enfance dont il est question dans la chanson s'est retrouvée ce dernier temps chamboulé par des périodes sédentaires, domestiques, claustrophobiques, où l'autre et le monde n'étaient vus qu'à travers un écran. Ces situations ont profondément modifié notre rapport au confort, à la technologie, à l'éducation, à notre perception de la réalité. Les représentations de la nature nous ont réconfortés durant ces semaines d'enfermement. En ce sens, elles ont eu un effet psychotrope sur chacun d'entre-nous."

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Vue de l'exposition "Des champs de fraises pour l'éternité" La Galerie, centre d'art contemporain de Noisy-le-Sec Photo © Aurélien Mole