Le jazz à l'honneur
La 26e édition du Festival Sons d'hiver, qui célèbre les cent ans de l'arrivée du jazz en France et en Europe, offre une programmation très riche. Le Festival a souhaité rendre un hommage particulier à Sydney Bechet et propose de découvrir deux portraits du célèbre clarinettiste, saxophoniste et compositeur américain de jazz le vendredi 3 février avec Archie Shepp plays Sydney Bechet + Matt Wilson Quartet / Catherine Delaunay à la Maison des arts de Créteil . Le samedi 4 février, la scène de Sons d'hiver s'ouvrira à Chocolate Genius, Martha High & The Royal Italian Family et James "Blood" Ulmer, à 20h00 toujours à la MAC. La soirée de clôture du Festival, comme il est de tradition, se déroulera à La Java (Paris 10e) avec "Le bal à Momo" à partir de 17h.
1ère partie : Matt Wilson Quartet / Catherine Delaunay "Vol pour Sidney", Matt Wilson, batterie / Jeff Lederer, saxophone ténor, clarinette / Kirk Knuffke, trompette, cornet, Chris Lightcap, contrebasse. Invitée : Catherine Delaunay, clarinette.
C’est en 1992 que les disques nato et le producteur Jean Rochard ont célébré à leur manière la musique de Sidney Bechet.
Dans un esprit digne du musicien créole natif de la Nouvelle Orléans, c’est à dire une musique pleine de prouesses, d’engagements lyriques, de surprises ludiques, swinguantes, adorant les mélodies populaires. Lol Coxhill, Steve Beresford, Han Bennink, Charlie Watts, Evan Parker, Pat Thomas, Lee Konitz et bien d’autres furent convoqués au service de morceaux légendaires "Petite Fleu", "La Nuit est une sorcière" (musique de ballet), "Si tu vois ma mère", "Laughing in Rhythm"… dont le désopilant "Lastic". Cet album fut appelé "Vol Pour Sidney" aller. Nous découvrirons à Sons d’hiver les premières envolées d’un "Vol pour Sidney" retour avec d’autres titres importants de l’œuvre de Bechet. Jean Rochard nous présente les nouveaux acteurs de ce nouveau projet musical. "Vol pour Sidney" (aller) publié par nato en 1992 trouve enfin son ticket de retour et Matt Wilson et Catherine Delaunay en sont deux des voyageurs.
Élu batteur de l'année par le magazine Down Beat en 2009 et nominé aux Grammy Awards, Matt Wilson est loin de se cantonner à ce qui ferait de lui un musicien facilement établi grâce à une technique hors pair alliée à une fine musicalité et à une grande culture de l'histoire du jazz. Batteur new-yorkais natif de l'Illinois, il fait valser les étiquettes, faisant fi de tout académisme. Il joue avec plaisir une musique sans âge. Dewey Redman fut son véritable père spirituel. On l'a vu et écouté avec Charlie Haden (il a remplacé Paul Motian dans le Liberation Music Orchestra), Herbie Hancock, Joe Lovano, John Scofield, Lee Konitz, Bob Stewart, Denny Zeitlin, Helen Merrill, Ron Miles, Marty Ehrlich, Ted Nash, Jane Ira Bloom, Andrew Hill, Bobby Hutcherson, Elvis Costello, Cedar Walton, Kenny Barron, John Zorn, Marshall Allen, Wynton Marsalis, Michael Brecker, Pat Metheny, Bill Frisell, Hank Jones et Steve Beresford. Parmi ces groupes qui brossent et décoiffent, du hard bop à l'improvisation libre, le Matt Wilson Quartet aime être à la croisée de la recherche vive et d’une certaine idée de la musique populaire. La visite de Bechet tombe sous le sens. Jeff Lederer aux saxophones a été entendu avec Gunther Schuller, l’orchestre de Salsa de Jimmy Bosch ou Buster Williams ; Kirk Knuffke au cornet, avec Butch Morris, Eddie Henderson, Jim Black, John Zorn ; Chris Lightcap à la contrebasse avec Craig Taborn, Archie Shepp, Marc Ribot, Cecil Taylor.
Catherine Delaunay a grandi en Bretagne et étudié avec Jacques Di Donato, Gilbert Amy et Jean-Claude Veilhan. Parallèlement à une formation classique assurée, elle participe aux projets de Marc Perrone, Laurent Dehors, Alain Blesing, Claude Tchamitchian, Bruno Tocanne, Régis Huby, Serge Lazarevitch. Compositrice, elle crée une suite basée sur les poèmes de Malcolm Lowry interprétés par John Greaves, Isabelle Olivier, Thierry Lhiver et Guillaume Séguron. Elle est membre du trio SDS avec Guillaume Séguron et Davu Seru, orchestre également passager du "Vol pour Sidney" (retour).
Archie Shepp plays Sidney Bechet
© Martin Sarraz Sarrazac |
Archie Shepp, saxophones, voix / Olivier Miconi, trompette / Sébastien Llado, trombone, Wayne Dockery ou Darryl Hall ou Reggie Washington, contrebasse / Tom McClung, piano, Steve Mc Craven, batterie. My Man. C’est sous cet intitulé, établissant un lien direct, familier, fraternel, qu’Archie Shepp a d’abord rendu hommage à Sidney Bechet. Tant de choses rapprochent effectivement les deux hommes, ces deux baladins du monde occidental. Avant de s’établir en France, Sidney Bechet, homme du peuple de La Nouvelle-Orléans, a traversé toute l’Europe, jusqu’en Russie ou URSS, jusqu’aux Balkans, jusqu’à la Turquie, l’Égypte. Du vibrato virevoltant de l’un à la raucité rageuse de l’autre, d’une souveraine exaltation à une imprévisible mélancolie… Bechet, Shepp, deux manières complémentaires d’animer (d’enflammer) le souffle lyrique dans toutes ses amplitudes, deux forts caractères et deux " hommes de la tradition ", puisque cette tradition est celle de l’expérimentation et de la pleine force de la vie : Our men in Jazz. |
Chocolate Genius
Marc Anthony Thompson, chant, piano, guitare / Sébastien Martel, guitare,machine, voix, Jean Thévenin, batterie, machine
De son vrai nom Marc Anthony Thomson, Chocolate Genius a choisi de le changer au tournant des années 2000 tant sa musique devenait de plus en plus multi-facette à l’image de cette Amérique plurielle qui est, plus que jamais, celle du futur. Du blues, bien sûr, mais aussi du folk, du rock, de l’électro et de la soul… Le tout joué dans un esprit de ballade et de suggestion intime. Jeune, Chocolate Génius adorait Sam Cooke ou Al Green avant d’être guitariste, entre autres, de Bruce Springsteen. Comparé à ses débuts à des musiciens comme Terence Trent Darby, le californien est en fait un "song writer" soucieux de transmettre une poésie de notre temps. Idéal pour commencer cette soirée consacrée aux musiques populaires afroaméricaines. De son vrai nom Marc Anthony Thomson, Chocolate Genius a choisi de le changer au tournant des années 2000 tant sa musique devenait de plus en plus multi-facette à l’image de cette Amérique plurielle qui est, plus que jamais, celle du futur. Du blues, bien sûr, mais aussi du folk, du rock, de l’électro et de la soul… Le tout joué dans un esprit de ballade et de suggestion intime. Jeune, Chocolate Génius adorait Sam Cooke ou Al Green avant d’être guitariste, entre autres, de Bruce Springsteen. Comparé à ses débuts à des musiciens comme Terence Trent Darby, le Californien est en fait un "song writer" soucieux de transmettre une poésie de notre temps. Idéal pour commencer cette soirée consacrée aux musiques populaires afro-américaines.
Martha High & The Riyal Italian Family
Martha High, voix / Luca Sapio, direction d'orchestre, voix / Emiliano Pari, orgue, piano / Larry Guaraldi, guitares / Matteo Pezzolet, basse / Claudio Giusti, saxophone ténor, flûte / Daniele Manciocchi, baryton / Antonio Padovano, trompette / Frances Ascione, voix / Matteo Bultrini, batterie Martha High, une révélation récente ? Certainement pas, car nous connaissons tous cette voix soprano qui, après s’être formée dans les chorales gospel de sa communauté baptiste, a marqué la soul contemporaine. Pendant près de 35 ans, elle a accompagné le Godfather de la musique funk, James Brown (remplissant, accessoirement mais non sans importance, la fonction de coiffeuse personnelle et donc de confidente du Maître). Présente auprès de Mr. Dynamite et ses JBs lors de l’assassinat de Martin Luther King ou du combat mémorable entre Mohamed Ali et George Foreman, Martha High a accompagné les grands moments de cette fantastique aventure musicale. Voilà quinze ans qu’elle ose se faire connaître sous son seul nom, qu’elle laisse filer sa voix soul rayonnante, bouleversante. C’est désormais notre Godmother of Funk.
James "Blood" Ulmer
photo © Robert Feichtenschlager
Memphis Blood Blues Band feat Vernon Reid
James "Blood" Ulmer, guitare, chants / Vernon Reid, guitare / Charles Burnham, violon/ Leon Gruenbaum, claviers / David Barnes, harmonica / Mark Peterson, basse / Aubrey Dayle, batterie
Depuis le début des années 2000, grâce à l’aide décisive de Vernon Reid, le guitariste de Living Colour, que l’on pourrait considérer comme son producteur, son fils spirituel et son alter ego, "Blood" se consacre à la défense et l’illustration de la musique qu’il porte depuis toujours comme un mojo dans son cœur. Car "Captain Black" détient le secret de fabrication, d’élaboration, de l’essence du blues. Sa guitare cinglante et flamboyante, saccade après saccade, délie toutes les langues de l’histoire. Et sa sévère décoction se souvient que le blues est lui-même au carrefour, à la croisée, une musique magnifiquement impure matinée de gospel, de boogie woogie, de rock… et jusqu’au jazz dit d’avant-garde que "Blood", l’historique promulgateur d’un sulfureux "free funk", aussi enraciné que déracinant, a largement contribué à distiller. Aucune limitation, toutes les complémentarités: une musique d’élans vitaux.
Informations pratiques
Maison des arts de Créteil 1 Place Salvador Allende, 94000 Créteil, réservation : 01 45 13 19 19
La Java 105 Rue du Faubourg du Temple, 75010 Paris, Tél : 01 42 02 20 52