Du 11 avril au 23 juillet 2018, le musée national Eugène-Delacroix accueille l'exposition "Une Lutte moderne, de Delacroix à nos jours" qui met en lumière le travail artistique de Delacroix autour des peintures de la Chapelle des Saints-Anges à Saint-Sulpice et la postérité de son œuvre auprès d’artistes des 19e et 20e siècles.

Rencontre avec Marie Monfort, commissaire de l’exposition, historienne de l’art et conservatrice en chef à la DRAC Île-de-France.

A l’origine du projet scientifique : les restaurations des peintures de Delacroix à Saint-Sulpice

Dans le cadre des restaurations des peintures de Delacroix à Saint-Sulpice - de 2014 à 2016 - Marie Monfort, alors directrice de la Conservation des œuvres d'art religieuses et civiles pour la Ville de Paris de 2013 à 2017, est à l’origine d’une recherche scientifique sur le génie artistique d’Eugène Delacroix.

Réalisé avec Dominique de Font-Réaulx, directrice du musée national Eugène-Delacroix - établissement public du musée du Louvre, ce travail s’est notamment appuyé sur l’étude des commandes de pigments de Delacroix, ainsi qu’un grand nombre d’esquisses remarquables présentes au sein des collections du musée.

Un projet de commissariat commun autour d’une exposition sur les peintures de Delacroix à Saint-Sulpice a ensuite été proposé à Marie Monfort par Dominique de Font-Réaulx. Ce programme coïncide avec la rétrospective du musée du Louvre également consacrée à Delacroix.

Des inspirations à la postérité : la lutte vue par Delacroix

delacroix

Historienne de l’art, Marie Monfort est passionnée par la thématique de la lutte, comme tradition médiévale et motif artistique récurrent. Delacroix, peintre classique athée qui puise son inspiration parmi les grands maîtres, exprime à travers l’idée de la lutte comme combat physique et spirituel, une projection universelle de l’homme.

Delacroix commence la restauration de la Chapelle des Saints-Anges en 1849 et installe son atelier dès 1857 rue de Fürstenberg, afin d’être au plus proche de Saint-Sulpice. Cet atelier, à l’emplacement de l’actuel musée Delacroix, offre au visiteur la possibilité de découvrir un lieu exceptionnel, à la fois espace d’exposition des esquisses de l’artiste et site historique.

Achevées en 1861, ses peintures révèlent la virtuosité technique de l’artiste, alors portée à son paroxysme. Elles incarnent une œuvre riche, entrée dans la postérité car source d’inspiration d’artistes du 20e comme Chagall ou d’écrivains comme Kaufmann. Jean-Paul Kaufmann, en effet, a su tirer d’une "Lutte avec L’Ange" de Saint-Sulpice une expérience mystique. Pour l'homme de théâtre et cinéaste Patrice Chéreau, la redécouverte des œuvres de Delacroix le conduisait à un pèlerinage annuel à Saint-Sulpice. C’est ce caractère universel de l’œuvre que l’exposition tend à révéler. L’exposition propose ainsi une véritable traversée dans le temps, de Raphaël à Chagall.

Affiche de l'exposition © dr/musée national Eugène-Delacroix

Retour sur le montage de l’exposition

Cette exposition a pu bénéficier de prêts exceptionnels de la Bibliothèque nationale de France, que ce soit des œuvres de Solimena, de Jean Duvet ainsi que d’un Géricault du musée de Bâle. La richesse du commissariat d’exposition de Marie Monfort et Dominique de Font-Réaulx s’est appuyée sur une équipe de régisseurs, d’installateurs et d’éclairagistes remarquable. 

Jérémy Goldbaum

Publication de l’article Drac Île-de-France : 12 avril 2018