Samedi 20 septembre 2014 a été dévoilée la plaque label "Patrimoine du XXe siècle" aujourd'hui "Architecture contemporaine remarquable" à la cité-jardin du Chemin vert. Un label qui désigne les édifices les plus significatifs de ce siècle en matière d'architecture et d'urbanisme.
Ce label est une reconnaissance pour cet ensemble, encore aujourd'hui considéré comme l'une des références de la cité-jardin. Réalisée dans les années 1920, elle offrait, aux habitants, des services et des équipements, inexistants jusqu'alors, et ce avec une trentaine d'années d’avance.

Connaissance, conservation et mise en valeur du patrimoine architectural et urbain du XXe siècle

Le label permet d’identifier et de signaler à chacun les édifices et ensembles urbains qui, parmi les réalisations architecturales du XXe siècle, sont autant de témoins matériels de l’évolution technique, économique, sociale, politique et culturelle de notre société.

En Champagne-Ardenne, une liste de 47 édifices a été établie par la Commission régionale du patrimoine et des sites (CRPS). La labellisation, qui intervient avec l'accord du propriétaire et la pose d'une plaque distinctive, concerne à ce jour, une vingtaine d'édifices qui a été labellisé ou est en cours de labellisation. Sans incidence juridique ni financière, il est attribué, après examen de la Commission régionale du patrimoine et des sites, et matérialisé par une plaque signalétique. 

Une plaque a également été posée sur deux autres édifices de Reims labellisés : un hôtel particulier (rue Brûlée) sur lequel plusieurs artistes sont intervenus et une autre sur la première maison du mouvement moderne construite à Reims (rue Tourelles).
 

Reims, fin de la Première Guerre mondiale : une situation sanitaire catastrophique

En Europe, le XIXe siècle est marqué par l’essor industriel. Les usines ont besoin d’une main-d’œuvre importante qui provient majoritairement des campagnes. Les conditions de vie des ouvriers se révèlent déplorables. Face à cette situation, des théoriciens et industriels progressistes mesurent que cette question nécessite une réponse adaptée.
À la fin du XIXe siècle, l’État met en place un socle législatif qui permet le développement d’une politique du logement social. 1912, Georges Charbonneaux, avec un groupe d’industriels et de financiers, fonde la société anonyme d’HBM, le Foyer Rémois. Son objectif est d’acquérir, de bâtir ou d’améliorer des logements sains et hygiéniques pour loger les familles ouvrières. Sa singularité réside dans le fait que les logements sont réservés en priorité aux familles nombreuses.

À la sortie de la Grande Guerre, la situation sanitaire de Reims est catastrophique. Située sur la ligne de front, la majorité des immeubles et des outils de production sont à terre. Pour faire redémarrer la machine économique, il faut reconstruire rapidement notamment pour reloger la main-d’œuvre. Le plan d’aménagement, de l’architecte américain Georges B. Ford, prévoit l’édification de cités-jardins à la périphérie du centre. Cela offre de nouvelles perspectives pour le Foyer Rémois.

Des équipements nombreux

G. Charbonneaux fait appel à l’architecte Jean-Marcel Auburtin pour l’aménagement de la cité-jardin du Chemin Vert qui prévoit 617 logements sur une superficie de 30 hectares. L’ensemble est conçu comme un grand jardin à l’anglaise. Cette architecture régionaliste, assez trapue, est d’influence alsacienne. L’habitat prend la forme de maisons jumelles ou de bandes de maisons.

Ce qui donne à la cité-jardin du Chemin Vert son caractère abouti c’est la présence d’une multiplicité d’équipements qui jouèrent pleinement leur rôle.

La Maison de l’enfance : premier équipement ouvert au public en 1923, il répond aux préoccupations de G. Charbonneaux de lutter contre la mortalité infantile et la dénatalité.

La Maison Commune : Maison de la culture avant l’heure, c’est un équipement structurant qui propose des activités consacrées à la culture, à l’éducation et à la formation (bibliothèque, cercle, bains-douches, salle des fêtes gymnase).

Les centres commerciaux : le quartier du Chemin Vert ne sera jamais relié au centre-ville par le tramway ce qui le met dans un relatif isolement. Afin de ne pas pénaliser les habitants, deux centres commerciaux sont implantés.

École Pommery : oeuvre de Max Sainsaulieu, architecte de la bibliothèque Carnegie, le groupe scolaire est prévu pour accueillir 5 classes de garçons, 5 classes de filles et 3 classes de maternelles.

Église Saint-Nicaise : elle parachève l’œuvre de G. Charbonneaux au Chemin Vert et incarne ses valeurs de catholique chrétien. Il s’entoure d’artistes de renom de l’entre-deux guerres qui contribuent au décor de l’édifice et à en faire un joyau de l’Art déco. Toujours propriété du Foyer Rémois, une grande campagne de réhabilitation a été entreprise à la fin du XXe siècle, ce qui a permis de conserver la cohérence et l’unité de l’ensemble.

Cécile Verdoni, 2014

La mise en valeur des verrières de René Lalique de l'église Saint-Nicaise du Chemin Vert

Les dalles de verre fabriquées dans la technique du coulage-pressage-moulage et créées par René Lalique en 1928, souffraient depuis plusieurs années de désordres (éclats, fissures) provoqués par leur positionnement l’une sur l’autre, sans joint, créant ainsi des contraintes mécaniques fortes.
La décision de les déposer fut prise en 2013 afin, d’une part, d’en assurer la conservation sans dégradation supplémentaire, d’autre part d’envisager leur restauration dans les règles de l’art.

La dépose des dalles de verre, réalisée par la société "Sculpteur de lumière" a eu lieu au printemps 2014. Cette opération délicate du fait de la lourdeur des dalles, mais aussi de leur fixation à l’aide de mastic au cadre métallique fixé au mur, était supervisée par , la DRAC Champagne-Ardenne - Conservation régionale des monuments historiques, maître-d’oeuvre, avec la collaboration technique et scientifique du Laboratoire de recherche sur les monuments historiques.

Les dalles, aujourd’hui entreposées dans des caisses permettant d'assurer leur conservation dans les meilleures conditions, seront à la disposition des futurs maître-verriers qui répondront à l’appel d’offre pour leur restauration, qui pourront les étudier.
En effet, la technique utilisée par Lalique est unique et Saint-Nicaise constitue son premier essai. Il s’agit donc de définir le protocole de restauration à partir d’une recherche historique et technique approfondie et de trouver le restaurateur qualifié pour ce type de travaux. La beauté de ces dalles, représentant des anges, vient du fait que l’artiste a joué sur la profondeur du motif, la lumière jouant ainsi différemment selon les creux et les pleins, sur du verre de couleur jaune.

Isabelle Loutrel, 2014

En savoir plus sur la cité-jardin du Chemin Vert :
Le site internet dédié réalisé par la DRAC Champagne-Ardenne

En savoir plus sur le label "Patrimoine XXe siècle" en Champagne-Ardenne :
le site de la DRAC Champagne-Ardenne