L’annonce de la découverte faite par les archéologues de l’Inrap, lors d’une fouille d’une sépulture à Lavau, près de Troyes, dans l’Aube, sur prescription de l’Etat – DRAC Champagne-Ardenne, renouvelle aujourd’hui la recherche et les connaissances sur le phénomène princier du premier âge du Fer en Europe occidentale.

Au cœur d’une vaste chambre funéraire tombe princière exceptionnelle 

Au centre d’un tumulus de 40 m de diamètre, le défunt et son char reposent au coeur d’une vaste chambre funéraire de 14 m², une des plus vastes recensée par les archéologues pour cette période de la fin du premier âge du Fer (le Hallstatt).
Sous les niveaux d’effondrement du tumulus, la tombe contient des dépôts funéraires d’une richesse témoignant de l'appartenance du défunt aux plus hautes élites hallstattiennes. Disposés dans un angle, les objets les plus fastueux se composent de bassins, d’une ciste (seau) en bronze, d’une céramique fine au décor cannelé, d’un coutelas dans son fourreau.
Depuis octobre 2014, une équipe d’archéologues fouille, dans le cadre d'un chantier d'archéologie préventive, une tombe princière datée du début du Ve siècle avant notre ère, dans un complexe funéraire monumental exceptionnel.

Vue aérienne d'un grand fossé ceinturant un tumulus princier Une  daté du début du Ve siècle avant notre ère, à Lavau (Aube), 2015 © Denis Gliksman, Inrap

La pièce maîtresse : un chaudron en bronze étrusque ou grecque

La pièce principale du dépôt funéraire est un chaudron en bronze, d’environ 1 m de diamètre. Ses quatre anses circulaires sont ornées de têtes d’Acheloos, dieu-fleuve grec ici représenté cornu, barbu, avec des oreilles de taureau et une triple moustache. Le bord du chaudron est également décoré de huit têtes de lionnes. L’oeuvre est étrusque ou grecque. À l’intérieur du chaudron repose une oenochoé en céramique attique à figures noires : Dionysos allongé sous une vigne fait face à un personnage féminin. Il s’agirait d’une scène de banquet, un thème récurrent de l’iconographie grecque. La lèvre et le pied de cette cruche sont sertis d’une tôle d’or, soulignée d’un décor de méandres en filigrane. Elle est la plus septentrionale à ce jour. Ce service à boisson d’origine gréco-italique reflète les pratiques de banquet des élites aristocratiques celtiques.

Principautés celtiques et cités-états étrusques ou grecques

La fin du VIe siècle et le début du Ve siècle avant notre ère sont marqués par le développement de l'activité économique des cités-états étrusques et grecques d’Occident, Marseille en particulier. À la recherche d'esclaves, de métaux et de biens précieux (dont l’ambre), les commerçants méditerranéens entrent en contact avec les communautés celtiques continentales. Celles maitrisant les voies naturelles de communication, en particulier dans la zone des interfluves Loire-Seine-Saône-Rhin-Danube, profitent de ce trafic et voient leurs élites acquérir de nombreux biens de prestiges dont les plus remarquables sont retrouvés enfouis dans de monumentales tombes tumulaires – à La Heuneburg et Hochdorf en Allemagne par exemple, à Bourges, Vix et maintenant Lavau.

Détail d'une cruche grecque peinte provenant d'une tombe princière datée du début du Ve siècle avant notre ère, découverte dans un complexe funéraire monumental exceptionnel, mis au jour à Lavau (Aube), 2015 © Denis Gliksman, Inrap

Un espace funéraire, lieu mémoriel

La vocation funéraire de ce site est remarquable, notamment par sa pérennité. Des tombes à incinération et des tertres circulaires délimités par des fossés sont mis en place dès la fin de l’âge du Bronze (vers 1300 à 800 avant notre ère). Leur succède, au cours du premier âge du Fer, un guerrier et son épée en fer ainsi qu’une femme parée de bracelets en bronze massif. Vers 500 avant notre ère, des fossés de près de trois mètres de profondeur unissent au sein d’un même ensemble monumental ces anciens monuments funéraires et le récent tumulus princier. Cet espace mémoriel est encore en usage à la période gallo-romaine : les fossés du tertre sont curés, des sépultures antiques occupent désormais l’espace.
 
Communiqué : Source Inrap
Responsable scientifique Bastien Dubuis, Inrap

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