Les fouilles archéologiques en cours à l’entrée du quartier de Koenigshoffen à Strasbourg, menées dans le cadre des travaux d’extension du tramway, ont mis au jour des sépultures à crémation, essentiellement matérialisées par des dépôts de récipients en céramique, et quelques tombes-bûchers. La datation provisoire les situe entre fin Ier- début IIIème siècles ap. JC.

Cette fouille préventive s’inscrit dans la continuité de plusieurs autres opérations de diagnostic et de fouille, prescrites par l’État / service régional de l'Archéologie de la DRAC Grand Est dans le cadre des travaux d’extension du tramway. Ces opérations ont mobilisé, depuis 2017, l’ensemble des opérateurs d’archéologie publics (INRAP et Archéologie Alsace) et privés (Antéa Archéologie) habituellement impliqués en Alsace, sous le contrôle scientifique et technique du Service régional de l'archéologie (SRA). Les fouilles récentes menées plus à l’ouest, en bordure de la route des Romains, ont notamment livré des résultats importants pour la connaissance de ce secteur à l’époque antique.

Koenigshoffen dans l’Antiquité

Koenigshoffen est l’ancien vicus canabarum, agglomération civile antique qui s’est développée, dès le début du Ier siècle ap. JC, à l’ouest du camp légionnaire de Strasbourg-Argentorate, le long de l’actuelle route des Romains. Celle-ci reprend peu ou prou le tracé de l’ancienne voie romaine reliant l’agglomération civile au camp militaire situé dans l’ellipse insulaire. Cette zone est extrêmement dense en vestiges antiques (habitat et vestiges funéraires), datés du Ier au IVe siècle, bien attestés par des découvertes anciennes réalisées notamment depuis la fin du XIXe siècle, puis par les opérations d’archéologie préventive menées depuis les dernières décennies du XXe siècle.

Nombre de ces découvertes alimentent les collections du musée archéologique de Strasbourg, qui a présenté, du 30 juin 2017 jusqu’au 31 août 2018, l’exposition "Vivre à Koenigshoffen à l’époque romaine (Ier au IVe siècle)", réalisée en partenariat scientifique avec le Service régional de l'archéologie de la DRAC Grand Est et les opérateurs d’archéologie préventive (Archéologie Alsace et l’INRAP).

Trois fouilles ont d’ores et déjà été réalisées, en 2018, à Koenigshoffen, dans le cadre des travaux d’extension du tramway de Strasbourg. Elles ont notamment permis de mettre au jour et d’étudier des vestiges d’habitats (caves, bâtiments, foyers, latrines, etc.) et d’artisanat (fours de potiers), ainsi que des vestiges funéraires antiques, dont des éléments de sculpture et deux exceptionnelles stèles funéraires de soldats de la VIIIe Légion Auguste, datées de la fin du Ier ou du début du IIe siècle. Pour en savoir plus

La nature du site archéologique

Le terrain concerné par le projet de parking-relais (P + R), d’une emprise de 2 400 m², a été décapé jusqu’au niveau d’apparition des vestiges archéologiques. Plus d’une cinquantaine de structures archéologiques ont été mises au jour, principalement de la période romaine (vestiges funéraires et d’habitat), mais également des périodes médiévale, moderne et contemporaine (fossé parcellaire, pots de bornages, etc.).

Une découverte exceptionnelle de tombes-bûchers

La fouille se concentre actuellement sur une nécropole de la seconde moitié du 1er - 2e siècle (à préciser) composée d’une trentaine de sépultures à crémation. Parmi elles, six exceptionnelles tombes-bûchers où les restes des défunts ont été directement enfouis après la crémation. Cette pratique particulièrement rare en Alsace témoigne de la présence de populations venant de la péninsule italique.

De nombreuses offrandes accompagnent les défunts : cruches, assiettes, lampes à huile, brûle-parfums, fioles en verre, miroir… Ces recherches complètent la documentation des rites funéraires et permettront de préciser la topographie et la chronologie de cette occupation en bordure de l’agglomération gallo-romaine.